Ventes au « détail »près…

par SylvainD
lundi 15 novembre 2010

En politique étrangère bien plus qu’ailleurs, les élites politico-financières ne se sentent aucune contrainte, aucune honte. Et pas besoin de revenir sur les affaires louches dont notre pays, comme tant d’autres, s’honore. Comme celle par exemple des ventes d’armes à "Karachi"[1]. Malheureusement il est à craindre qu’elle ne soit étouffée. Ce ne serait pas une première. Cependant l’agacement de Nicolas Sarkozy à l’évocation de cette affaire[2], qui ne montre pas nécessairement sa culpabilité, ne nous fait pas oublier que le personnage est cynique. J’évoquerais quelques petits détails récents et caractéristiques de ses valeurs.
 
Lors de la visite en France du président chinois Hu Jintao au début du mois de novembre, Sarkozy avait mis les petits plats dans les grands, histoire de montrer son admiration et son respect immense pour l’empire du milieu. On ne saura jamais combien a coûté aux contribuables français toute cette débauche d’énergie[3], mais en tout cas et si l’on suit un peu les médias, on ne peut ignorer ce que cela devrait rapporter à la France, enfin aux entreprises françaises : Quelques 16 milliards d’euros. Chapeau bas, monsieur le président, bon boulot, vraiment. Un tel succès vous attire d’ailleurs des envieux qui, faute de mieux, font dans l’ironie. La presse[4] nous rappelle qu’une partie de cette somme rondelette avait déjà été vendue. De vrais jaloux ces journalistes. Sur les 10 milliards d’euros de commandes Airbus annoncées haut et fort par l’Elysée lors de cette rencontre, plus de la moitié avait déjà été signée en novembre 2007. Un détail que Nicolas Sarkozy avait sans doute oublié.
 
Pour un détail, c’est un détail inoffensif après tout, et ceux qui croient encore aux propos de ce président n’ont que ce qu’ils méritent. Ce qui est plus surprenant, c’est que, lors de ces conciliabules, ce même VRP en chef annonçait que la France acceptait un partenariat avec la Chine[5] dans l’exploitation de la mine d’uranium d’Imouraren[6]. Nicolas Sarkozy et Anne Lauvergeon, la patronne d’Areva, sont quand même des As de la négociation. Ils savent faire des concessions lorsque les circonstances le demandent. Quel professionnalisme. Quelle abnégation. Sauf que, sauf que, le site est situé au Niger. Et comme notre empire n’existe plus depuis quelques années, le Niger n’est plus français. Un détail bien sûr. Et même si Areva est actionnaire majoritaire de cette mine, il n’aurait pas été absurde que le Niger fasse partie de cette négociation franco-chinoise. Et pour une France qui ne se lasse pas de critiquer les contrats chinois en Afrique, la stratégie de Sarkozy apparait pour le moins originale.
 
Sans doute que ces demi-vérités et cette arrogance n’ont rien d’exceptionnelles en politique, et c’est évidemment l’accumulation en si peu de temps de tous ces éclats présidentiels qui lui donnent tant de maille à partir avec ses contradicteurs. Récemment les embardées sahéliennes[7] de militaires français étaient signées et revendiquées par notre président, mais elles n’avaient rien d’inédit. La France est coutumière de cette "ingérence" en Afrique. Il est vrai que le candidat Sarkozy avait promis qu’il y mettrait fin. Mais quel président français ne l’a pas dit ?
 
SylvainD.

[6] La mine d’Imourarendevrait être mise en service fin 2013 et sera sans doute la deuxième plus importante au monde.

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