Vers un boycott des jeux Olympiques 2008

par Tibet Libre
jeudi 5 juillet 2007

En juin 2007, lors d’une visite en Australie, le Dalaï Lama a déclaré que la culture tibétaine pourrait voir sa fin d’ici quinze ans si la Chine n’accorde pas au Tibet une autonomie réelle. Il a rappelé : "Notre approche ne cherche pas l’indépendance. Nous recherchons une véritable autonomie pour préserver la culture tibétaine, la langue tibétaine et l’environnement tibétain." Le Dalaï Lama a affirmé que de nombreux Tibétains développaient une frustration du fait de l’absence de progrès dans les discussions avec la Chine.

De façon concomitante, à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, une résolution historique reconnaissant le Tibet comme un Etat indépendant et condamnant son occupation illégale par la Chine a été votée lors de la réunion de l’Union internationale de la jeunesse socialiste (IUSY) avec la participation de Dhondup Dorjee, du Tibetan Youth Congress (TYC). La résolution d’Oulan-Bator a aussi appelé - à arrêter la politique de transfert de population chinoise au Tibet, surtout depuis la mise en service de la ligne ferroviaire Pékin-Lhassa, - à interpeller les Nations unis pour ouvrir des discussions sur le Tibet, - à faire pression pour le boycott des jeux Olympiques de Pékin en 2008, - à rétablir le respect des droits de l’homme au Tibet et la libération de tous les prisonniers politiques tibétains y compris le jeune Panchen Lama en résidence surveillée depuis douze ans et Tenzin Delek Rinpoché condamné à la prison à vie, pour ne citer que quelques exemples.

Rappelons qu’il y près de vingt ans, le Dalaï Lama proposa son « Plan de paix en cinq points pour le Tibet » le 21 septembre 1987 à Washington. Il le reformula le 15 juin 1988 au Parlement européen de Strasbourg. Le Dalaï Lama déclara : « Ma proposition, qui a été ensuite connue sous le nom "d’approche de la voie médiane" ou de "proposition de Strasbourg" consiste à envisager pour le Tibet une véritable autonomie dans le cadre de la République populaire de Chine. Il ne doit pas s’agir, cependant, de l’autonomie sur papier qui nous avait été imposée il y a cinquante ans dans l’accord en 17 points, mais d’une autonomie réelle, d’un Tibet qui s’autogouverne véritablement, avec des Tibétains pleinement responsables de leurs propres affaires intérieures, y compris l’éducation de leurs enfants, les questions religieuses, les questions culturelles, la protection de leur environnement délicat et précieux et l’économie locale. Pékin continuerait à assumer la responsabilité de la conduite des affaires étrangères et de la défense ».

Le 29 juin 2007, deux émissaires du Dalaï Lama, Lodi Gyari et Kelsang Gyaltsen, se sont rendus en Chine pour leur 6e visite de discussions sur le Tibet dont la première eu lieu en 2002.

Après la 5e visite, dans sa déclaration du 10 mars 2006, le Dalaï Lama a réitéré son engagement de longue date en faveur de l’approche de la voie médiane afin de résoudre la question tibétaine. Il a déclaré qu’il ne revendiquait qu’une autonomie authentique pour le peuple tibétain, comme la constitution chinoise le garantit. Le Dalaï Lama a affirmé que cette 5e visite "a permis aux deux parties de déterminer avec précision les principales différences de vue qui demeurent entre nous" et que les parties "ont aussi pris la mesure des conditions nécessaires à la résolution de ces différences." Les envoyés ont également fait part aux autorités chinoises du souhait du Dalaï Lama de visiter la Chine lors d’un pèlerinage et de prendre connaissance des changements et du développement en Chine. Le Dalaï Lama a pressé les autorités chinoises de manifester leur intérêt pour le dialogue actuel par des "gestes significatifs".

Du côté de la Chine, le gouverneur de la Région autonome du Tibet, Champa Phuntsok, a reconnu que les discussions entre les envoyés du Dalaï Lama et le gouvernement chinois n’avaient pas encore produit de négociations substantielles.

Alors que la 6e visite en Chine des envoyés du Dalaï Lama est en cours, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a tenu des propos peu encourageant. M. Qin Gang a déclaré : « Tout d’abord, je voudrais clarifier que Lodi Gyari et compagnie ne sont pas de prétendus délégués du Dalaï. Chaque année, de nombreux de compatriotes tibétains reviennent pour des visites et voir des parents. Depuis 2002, Lodi Gyari et d’autres sont revenus de nombreuses fois et sont allés au Tibet et d’autres provinces sur le continent pour voir des amis et des parents et pour des excursions ».

Les deux émissaires ont été rencontrés par les fonctionnaires supérieurs du Parti communiste que le porte-parole n’a pas identifiés.

M. Qin Gang a indiqué que les visiteurs étaient « relativement proche du Dalaï. Nous espérons qu’ils utiliseront toutes les occasions de revenir, regarder sérieusement autour d’eux et faire un exposé au Dalaï après leur retour (en l’Inde) pour aider le Dalaï à comprendre correctement la situation, la politiques du pays et faire ainsi les choix corrects ».

Si l’on ajoute à ces propos le fait que les attaques verbales de la Chine envers le Dalaï Lama, y compris les accusations de séparatisme, sont toujours d’actualité, on doit conclure que les visites n’ont pas encore permis d’avancée dans l’initiation des négociations tant attendues par les Tibétains et ceux qui sont solidaires de leur juste lutte pour leurs droits.

Dans un an, la Chine accueillera les jeux Olympiques. Les gouvernants chinois n’ont pas mis à l’ordre du jour la moindre rencontre avec le Dalaï Lama. Dans ces conditions, et sachant ce qui se passe au Tibet, il nous semble indispensable d’envisager un boycott des jeux Olympiques 2008.


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