Violer et fouetter sa femme mène à Dieu ?

par barf84
samedi 4 avril 2009

Entre la nouvelle loi afghane qui légalise le viol marital, l’adoption de la charia dans certaines régions du Pakistan contre un cessez-le-feu avec les talibans, et un fait divers intégriste mené par la police religieuse en Arabie Saoudite contre les réformes libérales du roi, tout porte à penser que les femmes continuent à être des monnaies d’échanges politiques, asservies et déshumanisées.

Sale temps pour les femmes musulmanes...Sale temps pour les femmes tout court. Trois nouvelles, tombées à quelques semaines de distance, autorisent à penser qu’en dépit des efforts fournis un peu partout dans le monde, il n’y a rien à faire pour faire évoluer l’humanité dans le bon sens, celui du respect de la dignité humaine.

On a pu entendre aujourd’hui la secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, Rama Yade, s’insurger contre une nouvelle loi afghane, qui interdit aux femmes "de quitter la maison sans la permission du mari" et leur "dicte obéissance pour les rapports sexuels, sauf dans les cas où la femme est malade, ou si les rapports sexuels aggravent sa maladie". Autrement dit, cette loi légalise le viol marital. "La femme est tenue d’apporter une réponse positive aux désirs sexuels de son mari." Quels que soient les désirs, devrait-on ajouter.

Essayons de rire un peu, l’Afghanistan s’est engagé récemment à ne plus favoriser les discriminations envers les femmes.

Or, le président afghan, Hamid Karzaï, a donné son aval à cette loi dans un but uniquement électoral auprès de la minorité chiite hazara (qui représente 15% de la population). Selon certains parlementaires, la loi n’a jamais été débattue au Parlement, et permet uniquement à cette minorité de régenter sa vie familiale selon ses souhaits. De nombreux Etats occidentaux ont fait connaître leur vive inquiétude devant cette loi...Inquiétude qui retombera comme un soufflet et sera très vite oubliée.

Fouettée, filmée, politisée

Le même jour, l’Angleterre et le monde découvraient avec horreur la vidéo prise avec un téléphone portable d’une femme pakistanaise fouettée en public. Deux hommes la maintiennent au sol tandis qu’un troisième lui administre 37 coups de fouets pour être sortie de son domicile en compagnie d’un autre homme que son mari. "Elle est sortie de sa maison avec un homme qui n’était pas son mari, on doit la punir. Il y a des limites à ne pas dépasser", a tenu à expliquer un porte-parole des talibans, joint par téléphone par le quotidien britannique.

La malheureuse hurle dans sa langue : "Tuez-moi ou arrêtez", tandis que le supplice s’éternise. La vidéo est visible sur le site en ligne du Guardian, et est franchement difficile à regarder jusqu’au bout.

La vidéo a été publiée sur le site du Guardian, grâce à une anthropologue et documentariste pachtoune, Samar Minallah. Elle met l’accent sur une négociation aux conséquences très graves. Selon Samar Minallah, la scène a été tournée dans la vallée de Swat (nord-ouest du pays), il y a moins de dix jours, et serait donc postérieure à la signature de l’accord du 16 février entre les autorités et les talibans. En échange d’une trêve dans les combats qui font rage depuis deux ans, les fondamentalistes ont obtenu que des tribunaux islamiques travaillent dans cette région.

Pourquoi avoir filmé la scène ? Sans doute pour montrer au monde que les talibans font leur loi, et depuis longtemps.

Punie à 75 ans

Dernière nouvelle du même acabit, cette fois en Arabie Saoudite, parue dans l’édition du Monde du 18 mars. Une veuve syrienne de 75 ans, Kamisa Sawadi, résidente du pays, a été condamnée à recevoir 40 coups de fouet et à purger quatre mois de prison. Elle avait reçu chez elle deux hommes qui ne faisaient pas partie de sa famille directe. C’est en sortant de son domicile que les deux hommes ont été arrêtés par une charmante milice religieuse, les mutawa. Ils ont eu beau expliquer qu’ils faisaient les courses de la vieille dame, et que l’un d’entre eux était notamment le neveu de son défunt mari, c’était hors du "chemin de Dieu". Pour la peine, fouet et prison pour eux aussi.

Mine de rien, fouetter une femme de 75 ans, même dans un Etat islamique comme l’Arabie Saoudite, ça fait du bruit. Le roi Abdallah , très décidé à éliminer les éléments radicaux de son gouvernement, venait à peine d’instituer des réformes libérales, notamment en limogeant le redouté chef de la police religieuse citée, appelée "Commission pour la promotion de la vertu et la répression du vice". Le remplaçant s’est dit favorable au pardon plus qu’à la répression. A travers ce "fait divers intégriste", les mutawa auraient ainsi montré leur désaccord envers cette tendance à l’ouverture d’esprit...

C’est sans solution

Esclaves de l’ego et des désirs des hommes, sans possibilité de se rebeller, au nom "du chemin pour respecter la Loi de Dieu" (puisque telle est la signification de la "charia")... Faut-il que les hommes soient faibles, lâches et peu sûrs d’eux face à l’autre moitié de l’humanité, pour recourir depuis des siècles à des "principes de vie" aussi absurdes et injustes.

Il y aura toujours des faibles pour payer et être écrasés par les forts. Les ouvriers par les patrons, le peuple par le dictateur, le Sud par le Nord, les femmes par les hommes, la Nature par l’Homme. C’est sans solution.

Ceux qui lisent, s’informent et prennent connaissance de ces faits, se posent globalement la même question : pourquoi n’entend-on pas les réactions d’autres musulmans, qui ne soient pas intégristes ? Car ils se font étrangement silencieux. Qui ne dit mot consent ?


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