WikiLeaks piégé ?

par Paul Dalio
mardi 7 septembre 2010

Depuis la publication des 75.000 documents secrets sur la guerre en Iraq, le site WikiLeaks est devenu un des médias d’information qui fait le plus peur au gouvernement américain.
 
« Heureusement » pour eux ils ont trouvé le leaker, l’homme qui aurait passé les documents à Assange et à son équipe : le soldat Bradley Manning, 23 ans. Le jeune membre de l’armée, pendant six mois, aurait gravé 260.000 documents réservés sur un CD et après il les aurait chargés sur les serveurs de WikiLeaks. Un homme seul, avec des problèmes de discipline, gay, membre du club de hackers, qui parlait de documents réservés dans des vidéos que lui-même publiait sur YouTube, aurait mis en échec le plus grand système de sécurité du monde.
 
Let’s stop and rewind.
 
Le 18 mars 2010, WikiLeaks publie un document du contre-espionnage américain daté 28 Février 2008, dans lequel ils expliquent comment et pourquoi le site représente un danger pour les Etats-Unis. Dans ce document il y a la description de la filière de communication de Wiki, comment les infos arrivent et comment elles sont publiées. Mais il y a un passage qui est, apparemment, le passage le plus intéressant  : the possibility that a current employee or mole within DoD (Ministere de la Defense, nda) or elsewhere in the US government is providing sensitive information or classified information to Wikileaks.org cannot be ruled out. Cela dit, depuis 2008 le contre-espionnage américain sait que le danger vient de l’intérieur. Ils sont très bien préparés à cette possibilité, nous ne sommes plus dans dans l’époque de l’affaire Ellsberg.
 
Le 5 avril 2010, WikiLeaks publie la vidéo « Collateral Murder ».
 
 
Le 7 juin Bradley Manning est arrêté par l’armée américaine car il aurait été la source des documents.
 
Bradley Manning aurait été arrêté grâce à l’ex hacker Adrian Lamo, qui donne, le soir même, une interview à la BBC où il affirme que :
 
"I’m contacted on a daily basis by all kinds of people who confess to all kinds of federal crimes". "I have never once turned them in, even when the FBI offered me a deal". "But his time I felt the need to contact investigators". "At the moment he gave me the information, it was basically a suicide pact." "I was worried for my family - that if I were obstructing justice that they could be caught up in any investigation".
 
Wait. L’homme connu pour être le « hacker clochard », qui avait quitté sa famille et divorcé de sa femme (contre laquelle il utilisait même un stun gun) était « worried » pour sa famille ? Laquelle ?
 
Manning avait, aussi, expliqué à Lamo comme il aurait eu accès aux documents. Il était suffisant de rentrer dans une chambre qui n’avait qu’un code d’accès et d’utiliser son laptop. Pour exporter ces documents il emmenait avec lui un CD-RW dans une pochette Lady Gaga : il lui suffisait de le mettre dans le PC et graver tous les fichiers. La deuxième partie de l’opération consistait à charger les fichiers sur le serveur de WikiLeaks (cette version est loin des standards montrés dans le document du contre-espionnage qui nous parle d’une filière de transmission des données complètement off line, faite d’envois par courrier à différentes adresses, etc.). Donc soit le contre-espionnage américain s’est trompé, soit Bradley Manning aurait confessé tout à Lamo et menti sur la manière dont il avait donné les documents à WikiLeaks.
 
Selon cette reconstruction, un simple soldat de l’armée a pu accéder à tous ces documents, les graver et les emmener ailleurs sans que le système de contrôle central du Pentagone ne s’en aperçoive.
 
Le système de contrôle central du Pentagone ? De quoi on parle ?
 
Comme dans tous les journaux, les grandes boites, les administrations, chaque ordinateur est contrôlé. Dès qu’on ouvre Word ce système enregistre nos mouvements. Dès qu’on ouvre un fichier ou qu’on le copie il enregistre l’opération. Quel que soit le type d’opération que vous fassiez, tout est enregistré. Si le système détecte qu’il y a un mouvement inusuel, il fait partir un signal d’alerte et le membre concerné est convoqué pour donner des explications.
 
Wait, but who is Adrien Lamo ?
 
Adrien Lamo est un ex hacker, très connu aux Etats-Unis car il avait été capable de rentrer dans les serveurs du New York Times, de Microsoft et Yahoo ! Aujourd’hui il est consultant pour la sécurité et journaliste. Apparemment il travaille pour le Project Vigilant, une entreprise qui vise à fournir des services informatiques aux agences fédérales.
 
Donc l’homme auquel Manning a dit avoir volé les documents est, en effet, un consultant pour une entreprise qui vise à vendre ses compétences au Pentagone ?
 
Autres éléments
 
Dans l’ordre d’arrestation, Manning avait été accusé, au debout, d’avoir volé seulement un PowerPoint et le documentaire Collateral Murder. L’accuser d’avoir volé les 260 documents est apparu après.
 
Mannings dit d’avoir envoyé 260 mille documents, WikiLeaks ne confirme pas et en publie seulement 90 mille. Et les autres ? Où est-ce qu’ils sont ?
 
Toujours dans son chat avec Lamo, Manning dit que : “the investigating officers left the material unprotected, sitting in a directory on a centcom.smil.mil”. (Quand il parle du matériel il fait référence à la vidéo sur le massacre de Garani). Donc le bureau d’investigation du Pentagone aurait laissé sans protections une vidéo qui accuse l’armée américaine ?
 
Dernier élément. Le Général McChrystal a démissionné après son interview pour Rolling Stone tandis qu’encore aujourd’hui aucun dirigeant de la sécurité du Pentagone n’a été viré suite à cette affaire.
 
What if ?
 
What if c’était un leak contrôlé ? En effet même Manning dit que c’était trop facile de faire sortir ces documents. Qui avait intérêt à les faire sortir ? Et pourquoi ?
 
What if une agence telle que Blackwater (et similia) était intéressée à faire sortir ces documents pour démontrer que la sécurité du Pentagone est faible ?
 
Nous pouvons nous amuser à être complotiste et penser à toutes hypothèses… Comme celle-ci…
 
Aujourd’hui Blackwater (maintenant Xe Services LLC) fait 90% de son chiffre d’affaire avec la sécurité interne : des 45 milliards de dollars de contacts avec le gouvernement américain seulement 4/5 proviennent des opérations à l’étranger ; les 40 milliards restants proviennent de contrats nationaux, comme celui avec le Ministère de la Défense pour soutenir la DEA (le département américain contre les narcotrafiquants) : un contrat de 15 milliards de dollars  ; auxquels il faut ajouter les départements de Police entraînés par le personnel de Blackwater (la liste est datée 2007), ou le support qu’ils donnent à la NSA dans les écoutes téléphoniques.
 
La partie ne se joue pas à l’étranger mais sur le territoire national. 40 milliards de dollars sont une somme pour laquelle beaucoup de gens seraient prêt à tout… Même à un leak
 

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