Zaporijia, ce nom qui fait trembler l’Europe

par olivier cabanel
mardi 8 mars 2022

Au moment où la quasi totalité des candidats présidentiels misent sur le nucléaire, Poutine brandi la menace nucléaire, mettant le feu à la plus grosse centrale d’Europe.

C’est grâce à la Criirad que nous avons maintenant des informations plus précises sur ce qui s’est passé à Zaporijia, cette énorme centrale nucléaire…

On savait que des tirs russes avaient touché un bâtiment administratif de la centrale, faisant au moins 3 morts, et on savait aussi que les pompiers ukrainiens qui étaient intervenus en avaient été empêchés par l’armée russe (lien)...avant finalement réussi à éteindre l’incendie...cette centrale est aujourd’hui sous tutelle de Poutine.

Mais un communiqué de la Criirad nous en dit beaucoup plus :

extraits :

« D’après les informations publiées le 5 mars à 8h par le SNRIU (organisme de contrôle ukrainien) :

le réacteur n°4, dont la puissance avait été réduite de 980 MWe à 690 MWe (sans être arrêté), fonctionne de nouveau à pleine puissance,

le réacteur n°2, qui avait été mis à l’arrêt par mesure de sécurité (comme le n°3), est à nouveau en service, à 460 MWe,

Les réacteurs n° 1, 3, 5 et 6 sont toujours à l’arrêt. Les combustibles nucléaires doivent être refroidis en permanence, qu’ils soient dans les cuves des réacteurs ou dans les piscines de désactivation (...) Les bombardements ont commencé à 1 h 42 et ont cessé au petit matin, avec la prise de contrôle du site. Les premières informations faisaient état de 3 morts (à priori parmi le personnel de sécurité), et de 2 blessés, dont l’un était hier entre la vie et la mort.

D’après Energoatom, le bâtiment de formation n’est pas la seule structure affectée par les attaques russes (…) Malgré la résistance désespérée de la Garde nationale, de la défense de zone et des habitants d'Energodar, un convoi de véhicules d'occupation a tiré à bout portant sur le site de la centrale, les structures adjacentes et le centre de formation, qui a fini par prendre feu.

Un obus a touché l'unité 1 de la centrale électrique qui est actuellement en réparation, de plus, le bâtiment A du complexe de formation a été complètement détruit. (…) Une mise à jour du 4 mars 15h précise également que « 2 obus d'artillerie ont touché la zone de l'installation de stockage du combustible nucléaire usé de type sec. Le degré d'endommagement des structures et des systèmes de ces installations nucléaires et leur impact sur la sécurité nécessitent des évaluations supplémentaires fondées sur les résultats des inspections complètes menées par les services spéciaux de l'Organisation exploitante. À partir du 4 mars, 9h00, le personnel de la centrale a été autorisé à travailler, mais les professionnels de l'énergie nucléaire ont travaillé sur le site pendant près de 24 heures, ils sont donc physiquement et moralement épuisés. Il est nécessaire qu'une autre équipe vienne travailler. La direction de la centrale a été menacée par des armes, il y a des morts et des blessés. Le réseau d'alimentation en chaleur d'Energodar a été endommagé à plusieurs endroits, la ville reste sans chauffage.

La principale menace provient des matières nucléaires stockées dans les six réacteurs nucléaires de la centrale et dans les piscines de refroidissement du site » (sans oublier les assemblages de combustible irradié accumulés dans l'installation d’entreposage à sec du combustible usé sur le site de la centrale).

L’exploitant indique n’avoir « aucun contrôle sur la situation nucléaire et radiologique de la centrale » tout en indiquant que « selon les dernières données, le niveau de radiation sur le site de la centrale ZNPP se situe dans les limites normales (…) Cependant, la situation est extrêmement menaçante et dangereuse. Les exigences en matière de sécurité nucléaire et radiologique ont été violées. Les conséquences sont difficiles à prévoir. Dans l’interview qu’il a donné au quotidien Le Monde, le 4 mars, le président d'Energoatom indique également qu’un « tuyau spécial qui raccorde les réacteurs aux bâtiments de traitement, où l’eau radioactive est purifiée puis renvoyée aux réacteurs, a également été endommagé par ces bombardements. Il n’y a pas de fuite radioactive, mais le risque existe (...) le directeur de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) a mis en garde : « Nous ne pouvons pas compter que cette bonne fortune continuera. Il est grand temps d'empêcher qu'un conflit armé ne mette en grand danger les installations nucléaires et potentiellement la sécurité des personnes et de l'environnement en Ukraine et ailleurs. Il est temps de traduire nos paroles en actes (…) L’agence de régulation nucléaire Ukrainienne SNRIU a indiqué que des bombardements ont touché dimanche 6 mars l’installation nucléaire NSA à Kharkiv. Cette installation de recherche comporterait 37 éléments de combustible nucléaire récemment rechargés . On ne sait pas pour l'instant si la matière radioactive a pu être dispersée".

voilà qui remet les montres à l’heure, mettant en question les choix énergétiques de notre pays, lequel s’enfonce toujours plus profondément dans le jusqu’au-boutisme nucléaire, malgré les risques en cas de conflit...ou d’accident.

D’autre part, le choix du tout électrique pour l’automobile, outre qu’il pénalise les millions de français qui n’ont pas les moyens de s’acheter des véhicules électriques, provoquera à terme la construction de nouveaux réacteurs nucléaires (lien), sans résoudre pour autant la cruelle gestion des batteries, et sans permettre l’autonomie réelle de ces véhicules.

Il faudrait aussi évoquer la difficulté quant à l’approvisionnement en minerais rares nécessaires à cette technologie : lithium, cobalt, manganèse, graphite, néodyme...autant de terres rares qui, comme l’uranium, ne permettent pas notre indépendance énergétique.

Avec ses 18 700 tonnes, l’Australie est en tête des production de lithium...seuls des gisements découverts en Alsace permettent d’espérer un approvisionnement ne dépassant pas 10 % de nos besoins. Lien

...sans pour autant oublier la pollution que génère l’extraction de tous ces minerais rares...lien

Néanmoins la ministre de l’environnement appelle néanmoins notre pays a extraire le lithium présent en moindre quantité sur le territoire, faisant fi de la pollution qui sera générée. Lien

Mais revenons à Zaporijia…

Devant le risque évident, de nombreux pays voisin tentent de se procurer de l’iode, dévalisant de nombreuses pharmacies… lien

Quant à la centrale ukrainienne, si son uranium provient bien de Russie, par le biais de la société kazakhe KazatomProm, nous, en France, dépendons complètement de ce minerais, que nous allons chercher au Niger, mais aussi au Kazakhstan ! Lien

L’occasion de rappeler que l’armée française, qui vient d’être chassée du Mali, n’ira pas loin, puisqu’elle va au Niger, pour, parait-il lutter contre le terrorisme (lien)...mais aussi pour protéger la mine d’uranium d’Arlit, au Niger, ainsi qu’on peut le découvrir dans un article du « Point  ». lien

Comme dit mon vieil ami africain : « si tu vois une chèvre dans le repaire du lion, aie peur d’elle  ».

le dessin illustrant l’article est de Delize

merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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