11 Septembre 2001, quand les médias créent la rumeur

par Manfred
mardi 6 octobre 2009

Le 11 Septembre 2001 est aujourd’hui très controversé, beaucoup de personnes remettent en doute la version officielle, tandis que d’autres crient au scandale et accusent de complot anti-américain ceux qui posent les questions auxquelles ils attendent des réponses. Un énorme problème avec l’analyse de faits et d’évènements de la société, est que le temps passe trop vite, de telle sorte que beaucoup d’informations qui auraient dû nous sauter aux yeux le moment présent nous passent totalement inaperçues. Une bonne solution est de remonter, ralentir et contrôler le temps afin d’avoir le plus de recul possible sur une analyse. Bien sûr, ce n’est pas exactement ce que nous allons faire au travers de cet article, mais grâce à la technologie moderne, nous pouvons quasiment nous affranchir de cette contrainte.

I - Analyse d’une édition spéciale de France 3

Nous allons revivre et analyser avec précision comment le 11 Septembre 2001 a été annoncé à la France entière alors même que les attentats étaient en train de se dérouler. Pour cela, il convient de regarder attentivement l’édition spéciale du 11/09/2001 de France 3. Tout le monde sait que la majorité des programmes télévisuels sont enregistrés et archivés au sein de divers instituts tel que l’Ina (Institut National Audiovisuel). Cependant, peu de personnes savent que certaines vidéos sont rendues publiques, et que l’Ina diffuse 100 000 contenus vidéos au travers de son site Internet. Ainsi, il est possible de revivre, si vous étiez trop jeune pour comprendre et analyser, ou si vous avez le sentiment que quelque chose vous a échappé, des évènements télévisuels particuliers.

a - Introduction de l’évènement : La certitude de l’attentat

L’édition est présentée par la journaliste et présentatrice Elise Lucet, assistée de deux autres journalistes Patrick Hesters et Christian Malar, et dure 14 minutes 30. L’édition débute alors que le WTC1 et WTC2 ont déjà étés percutés par des avions. Cependant, aucune des deux tours ne s’est encore effondrée. On apprendra également que G. Bush a déjà fait son communiqué. Au début de la deuxième minute, on apprend en direct que le pentagone a également été percuté par un avion. Nous suivons donc l’édition au plein coeur des attentats. De plus, on verra au cours de la onzième minute que la 2e tour du World Trade Center s’est effondrée. On peut donc situer le début de l’édition spéciale aux environs de 15h45 heure de Paris, à 5 minutes près. Le manque de plus de précision étant dû au décalage entre l’instant où les journalistes reçoivent les informations et les images, et le moment où ils nous les transmettent.

Jusqu’à la onzième minute, on n’apprend plus aucune information nouvelle depuis neuf minutes et le crash d’un possible avion sur le pentagone. L’édition se déroule donc avec une analyse successive des mêmes informations, sans nouvel apport, appuyé par différents échanges entre les journalistes. Ce qui semble être un fait marquant, est que plus les journalistes racontent une histoire qui pourrait expliquer tous ces évènements, plus ils y croient, au point de devenir une vérité. Si bien qu’à la fin, ils ont conclu l’affaire avec des spéculations qui leur paraissent avérées.

L’émission débute, et les journalistes s’appuient sur les propos de G. Bush pour dire qu’il pourrait s’agir d’actes terroristes, madame Lucet désignant l’évènement en employant les termes de "ce qui semble être un double attentat terroriste". Pendant une minute, le temps employé est celui du conditionnel. On pourra se poser la question de pourquoi l’emploi de conditionnel au regard des futures informations révélées par l’émission. Cependant, dès que monsieur Hesters prend la parole, il débute son discours avec les termes "très vraisemblablement". Puis il explique comment l’hypothèse d’avions détournés d’american airlines a pu être possible, et non aurait pu être possible. Bien sûr, il emploiera les termes de "très probablement", mais dès que madame Lucet introduit le discours de G. Bush, suite à l’intervention de monsieur Hesters, elle annonce qu’il "parle très clairement d’un attentat terroriste, et non pas d’un accident". Alors qu’elle avait débuté l’émission par un temps conditionnel, elle affirme désormais très clairement de manière définitive ce qu’elle avait supposé.

Voici ce que dit exactement G. Bush lors de son discours :
"Today we’ve had a national tragedy. Two airplanes have crashed into the World Trade Center in an apparent terrorist attack on our country."
Ce qui se traduit par :
"Aujourd’hui, il s’est passé une tragédie nationale. Deux avions se sont écrasés sur le WTC dans une attaque terroriste manifeste contre notre pays."


G. Bush conclut immédiatement lui-même à la thèse de l’attentat. Cela fait moins d’une heure que les crashs se sont déroulés, pourtant, G. Bush conclut déjà à la thèse de l’attentat terroriste. Pas étonnant alors qu’il n’ait pas ressenti le besoin d’ouvrir une commission d’enquête sur ces évènements, et qu’il ait fallu attendre 2004 pour cela. Mais alors, comment justifier l’emploi du conditionnel pour présenter les évènements comme étant un possible attentat ? Madame Lucet faisait-elle, pendant une minute, son travail de journaliste comme elle était censée le faire ? D’aucun aurait compris que les affirmations de G. Bush ne sont qu’une hypothèse, et que seule une commission d’enquête pourrait se laisser aller à une telle conclusion. Il peut paraitre vraisemblable de croire que madame Lucet se soit laissée entraîner dans la certitude par ses deux collègues, c’est d’ailleurs ce que nous allons voir.

b - La désinformation

On apprend, suite à la vidéo montrant le communiqué de G. Bush, qu’une organisation palestinienne a revendiqué les 3 crashs d’avions dont on a pour l’instant connaissance, qui est le FDLP (Front Démocratique pour la Libération de la Palestine). Pourtant, on va subtilement se diriger vers une implication d’Al Qaida, une information qui ne sort de nulle part, mais que monsieur Malar affirme avec certitude, dès lors qu’il prend la parole à partir des 3 minutes 30 de l’émission. Il va totalement mettre en doute et occulter les communiqués officiels, et informer les gens autour de sa propre théorie. En réalité, il détient son information d’un des proches de Ariel Sharon (1er ministre israëlien), dont les spéculations ont visiblement plus de poids que les véritables revendications du FDLP.

Voilà comment est décrit aujourd’hui monsieur Malar (étonnement écrit Malard, tout comme sur son site officiel) sur wikipédia :
"Lors des attentats du 11 septembre 2001 il commente en direct sur France 3 le déroulé des événements, mettant en exergue dans son analyse la responsabilité d’Oussama Ben Laden et d’Al-Qaida en relatant des informations reçues par l’un des proches du gouvernement israélien."

Il est évident qu’il est le seul père de la spéculation autour d’Al Qaida en France à propos des évènements du 11 Septembre, et dont les sources paraissent pour le moins obscures et invérifiables.

c - Analyse de l’évènement : Une multitude de spéculations

Nous avons vu que Oussama Ben Laden et Al Qaida étaient les cibles toutes désignées, sur une information de monsieur Malar, alors même que pour l’instant personne n’est encore sûr qu’il s’agisse d’un attentat faut-il le rappeler. D’ailleurs, rien ne saura permettre de passer l’état d’hypothèse la thèse des attentats à l’état de certitude tout au long de l’édition. Pourtant, il va enrichir sa théorie tout au long et à chacune de ses interventions. Imaginez-vous, monsieur Malar n’est pas sur TF1, et l’information ne venant que de lui en personne, ce scoop n’est certainement pas dans l’édition spéciale des autres chaînes qui paraissent au même instant. Tout le monde est censé s’en tenir à la seule revendication officielle jusqu’à présent qui est celle du FDLP si attentat il y a eu. Il n’y a alors que France 3 qui informe que Al Qaida pourrait être (ce conditionnel est trop faible si l’on s’en tient aux dires de monsieur Malar) les auteurs du 11 Septembre.

Notons comment a plusieurs reprises, pendant les minutes qui suivent, les temps conditionnels sont complètement abandonnés, et ne seront plus jamais employés, au profit du présent simple permettant d’exprimer toutes les certitudes. Elyse Lucet réitère que G. Bush a certifié qu’il s’agit d’un attentat, et ne semble plus réfléchir, prenant ce qu’on lui dit sans aucune pincette. Passons la deuxième intervention de monsieur Hesters, qui vient encore nous démontrer comment, à coup d’un pur roman de science-fiction qu’il s’imagine de toutes pièces, un détournement a été possible.

A cet instant, sixième minute, les journalistes ont une foi totale dans leur vérité qu’ils viennent de monter sur pied. Aucune information nouvelle ne leur est parvenue, pourtant, ils tiennent déjà les tenants et les aboutissants de tout ce qu’il s’est passé. Ces journalistes vont alors se complaire dans leur propre version. Monsieur Malar, qui n’en est pas à sa première spéculation, va aller jusqu’à déduire, de lui-même, personne ne lui ayant rien demandé, qu’il s’agit "d’actes terroristes dont les auteurs sont des islamistes qui reprochent aux Etats-Unis de soutenir Israël" (souvenez-vous d’où monsieur Malar tient ses informations).

On pourra ensuite jauger le fameux trou dans le pentagone à la neuvième minute. Certains diront que c’est bien la première et la dernière fois que nous verrons l’attentat du pentagone d’aussi près et aussi longtemps dans les médias. On ne soulèvera pas la boutade de monsieur Malar qui nous aurait presque fait croire que B. Clinton était encore en exercice, mais on notera avec vigilance la façon dont les attentats sont encore certifiés, et dont il les rapproche encore avec le soutien des Etats-Unis envers Israël.

d - Des journalistes en perdition

Il se passe alors à ce moment là, quelque chose de très étonnant. Nous sommes à la onzième minute. Pour l’instant, aucun élément nouveau n’a été apporté depuis le début de l’émission. Pourtant, on a réussi à spéculer tellement fort qu’on a la certitude qu’il s’agit bien là d’attentats, et beaucoup de gens se sont sûrement laissés prendre au piège de monsieur Malar. Mais alors qu’apparaît une nouvelle vue du WTC, et que les journalistes voient en direct Manhattan envahie par de la fumée, ils concluent alors catégoriquement qu’il ne s’agit plus seulement d’attentats mais d’un acte de guerre. Ils ne savent pas d’où vient la fumée, ils ne s’apercevront qu’il s’agit de l’écroulement du WTC2 seulement à la treizième minute. Pourtant, ils sont passés d’attentats probables, à attentats certains, à actes de guerre, contre l’Occident, visant Israël, les Etats-Unis, et leurs alliés. Toute cette spéculation, cette rumeur, à la simple vue d’une fumée sur New-York, cautionnée par les trois journalistes présentant l’émission. L’information qu’ils diffusent ne tient qu’en la façon dont ils perçoivent le même acte, selon qu’ils le perçoivent avec plus de violence ou non.

On finira par noter comment monsieur Hesters déduit les futures mesures d’évacuations de Manhattan qui seront mises en place au regard des "explosions" qui y ont lieu... On assiste réellement à un balai de journalistes médiums qui connaissent l’avenir à l’avance, ou qui n’ont pas besoin d’enquêter pour désigner des coupables et les déroulements des faits.

II - Conclusion

Cette analyse n’est que le fruit d’un simple esprit critique, et d’un minimum de recherche sur Internet. L’information est disponible immédiatement, et l’analyse ne tient qu’à la faculté des personnes de se rendre compte par eux-mêmes de dysfonctionnements, dans une démarche qui se doit d’être objective.

Dans cette édition, les journalistes, et l’ensemble de France télévision, ont étés complices d’un dérapage incontrôlé d’une ampleur inouïe.

Je vous invite à décortiquer l’ensemble des archives de l’Ina et à revivre tous les moments majeurs qui ont suivi l’évènement du 11 Septembre 2001, tel qu’il nous l’a été présenté à la télévision. Certaines sont disponibles directement sur le net, d’autres sont dans l’institut même, et doivent être à la disposition du public. Les seules archives restrictives sont celles soumises aux droits d’auteur, donc seuls les films diffusés sur les chaines pourraient en faire partie. Faire ces analyses permet de comprendre le mécanisme qui a amené à notre situation actuelle, permet aussi peut-être de connaître les personnes qui sont plus complices que d’autres dans la façon dont est relayé ce crime qu’est le 11 Septembre 2001, et permet également de mieux vous familiariser avec les médias télévisés de notre époque, et de quelle manière ils nous diffusent l’information. Il permet également et finalement de sonner le réveil des gens, émission à l’appui, leur montrant comment ce qu’ils ont aussi cru vrai n’est en réalité qu’une manipulation dissimulée de la pensée des gens.

Encore une fois, les journalistes ont brillé par la façon scandaleuse dont ils ont présenté l’évènement, se laissant aller à des digressions hautement douteuses, et cautionnés par la suite dans l’ensemble des médias, jusqu’à en faire leur vérité.

Avec de l’espoir, il y aura un jour assez de gens courageux pour se dire que ce qui est annoncé comme impossible est en fait bien plus facile que cela, c’est-à-dire changer les choses.
 

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