« 2 minutes pour la Syrie » le dernier baroud d’honneur des néo-conservateurs français

par roberto
mardi 5 mars 2013

Au moment où débute une campagne de propagande tous azimuts, en faveur d'un financement accru de l'aide au soutien armé de la rébellion syrienne, il serait intéressant de mettre en perpective certains aspects de la réalité syrienne et de la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui ce pays et sa population. Cette approche est en grande partie occultée par les médias.

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« L'opération 2 minutes pour la Syrie » à laquelle participe les chaînes les télévisions publiques (France Télévisions, France 24, TV5 Monde, LCP, Public Sénat) et certains sites partenaires (Libération, Rue 89, Mediapart, Dailymotion, Le Nouvel Observateur). Ces programmes courts, produits sous l'égide de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l'homme (LDH), ont pour but de (re)mobiliser l'opinion publique autour de ce conflit, qui a causé, selon l'ONU, la mort d'au moins 70 000 personnes.

Ce pathétique appel afin de tenter de mobiliser l'opinion publique française, laquelle se pose de plus plus de questions sur les dessous de ce conflit et les mensonges qui sont distillés quotidiement, comme le souligne avec justesse Fabrice Balanche dans son analyse « comment le Quai d’Orsay pourrait-il justifier une intervention militaire pour éradiquer les islamistes du Nord Mali, alors qu’il contribuerait à les installer au pouvoir en Syrie »

Ceci nous conduit à nous interroger au sujet de la politique étrangère qui est aujourd'hui menée par la France depuis son retour dans l'OTAN et du rôle joué par les néo-conservateurs français avec à leur tête François Heisbourg qui est l'instigateur du livre blanc de la défense avec son égérie de l'époque la défunte Thérèse Delpech et Bruno Tertrais tous connus pour leurs position va-t-en guerre et de l'influence de ce courant de pensée au Quai d'Orsay.

Hubert Védrine chargé par le président Hollande de tirer le bilan du retour de la France dans l'OTAN a conclu que revenir sur la décision prise par Nicolas Sarkozy en 2009 « ne donnerait à la France aucun levier d'influence » je vous invite à lire la réponse édifiante de Régis Debray dans le Monde Diplomatique du mois de mars. Le même Hubert Védrine qui dans un rapport pour le président Sarkozy « Sur la France et la Mondialisation » mettait en garde le président Sarkozy sur les conséquences d'un alignement de la France sur les Etats Unis et sur les thèses des néo-conservateurs américains et il déconseillait par ailleurs l'abandon de la politique arabe de la France, il écrivait à l'époque « Les néo-conservateurs gardent plus d'adeptes qu'on ne le croit en Europe, y compris dans les élites françaises, même après le fiasco irakien. Ce fait a été masqué par la virulente et durable réprobation de la politique étrangère de G.W Bush au Proche et Moyen Orient par l'opinion française, mais il est patent ».

Sur le terrain la situation semblerait prendre une tournure défavorable pour la rébellion, d'où de le désarroi de la France et du Royaume-Uni et de leurs alliés le Qatar et l'Arabie Saoudite qui ont appelé ouvertement à une intervention militaire et qui se trouve maintenant directement en porte-à-faux et quelque peu déboussolé par la nouvelle orientation de la politique étrangère des Etats Unis.

En effet avec les nominations de Chuck Hagel au poste de Secrétaire à la Défense et de John Kerry au poste de Secrétaire d'Etat et les mises à l'écart de Hilary Clinton et du général Petraeus compromis dans un scandale qui l'a obligé à démissionner, ainsi que le général Allen obligé de prendre sa retraite tout cela laisse présager un profond changement d'orientation de la politique étrangère des Etats Unis la nouvelle équipe de l'administration Obama semble avoir définitivement tournée la page des années Bush.

Il n'est pas exclu de voir dans un futur proche un changement radical de cap de la diplomatie américaine, un rapprochement avec la Russie sur le dossier syrien afin de trouver une issue diplomatique à la crise, une marginalisation de l'influence de l'ASL au sein de l'opposition syrienne, ainsi que la normalisation des relations avec l'Iran, Israël pour sa part étant prié de rengainer ses velléités belliqueuses à l'égard de l'Iran. En effet Washington étouffe de sa relation trop étroite avec Israël injustifiable au plan international, et qui dresse contre les Etats-Unis l'ensemble des populations musulmanes. On le voit la France et le Royaume Uni ayant clairement joué la carte des pétromonarchies du golfe, le Qatar et Arabie Saoudite en tête, et aussi Israël pourraient être les les perdants de cette nouvelle donne.

Quels sont les indices qui nous incitent à penser cela ? Tout d'abord la personnalité des nouveaux arrivants . La nomination de Chuck Hagel est un énorme camouflet pour le lobby pro-israélien, c'est un des piliers de l'OTAN, mais aussi un réaliste. Il a toujours dénoncé les néo-conservateurs et leur rêve d'impérialisme global. John Kerry au Département d'Etat est un partisan déclaré d'une collaboration avec Moscou sur les sujets d'intérêt commun et d'un dialogue avec l'Iran et il a entretenu des relations cordiales avec Bachar Al Assad. Enfin John Brennan à la CIA est convaincu que la première faiblesse des Etat Unis, c'est d'avoir créé et développé le Djihadisme international, son obsession étant d'éliminer le salafisme.

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La personnalité des sortants est encore plus édifiante. Au lendemain de son élection, Barack Obama a débuté la grande purge, la première victime fut le général David Petraeus, concepteur de la guerre secrète en Syrie,a été impliqué dans un scandale sexuel il a été contraint à la démission, puis une douzaine de hauts gradés furent mis sous enquête pour corruption . Parmi eux, le Commandant Suprême de l'Otan l'amiral James G. Stravidis et son successeur désigné le général John R. Allen ainsi que le commandant de la Missile Défense Agency c'est-à-dire du « Bouclier anti-missiles ». Patrick J. O'Reilly. Enfin Susan Rice et Hillary Clinton font l'objet de vive attaques pour avoir caché au Congrès des éléments sur la mort de l'ambassadeur Chris Stevens, assassiné à Benghazi le 11 septembre 2012.

En conclusion les différentes déclarations de John Kerry lors de son récent voyage en Europe donnant des gages à la rébellion et promettant 60 millions d'aide à l'ASL pour des armes non létales ne seraient en fait que des déclarations de façade, afin de permettre à Paris et Londres de ne pas perdre la face. Les stratèges du Quai d'Orsay doivent désormais s'interroger sur le bien fondé de la politique néo-conservatrice « de guerre contre le terrorisme » qui est menée par la France depuis son retour dans l'OTAN.

 

1) Fin août 2007, voulant préparer le retour de la France dans le commandement unifié de l’OTAN,Nicolas Sarkozy a créé une commission de 35 membres chargée de rédiger un Livre Blanc de la Défense devant définir la nouvelle politique française dans ce domaine pour les quinze ans à venir.

Comme le révèle Le Canard Enchainé du 2 janvier 2008, cette commission, « outre les grands chefs militaires » s’avère un véritable nid de néo-faucons.Prenons le cas de François Heisbourg, l’un des rares français à avoir dirigé le très néo-conservateur International Institute for Strategic Studies de Londres (IISS), qui n’avait pas hésité à déclarer, dès septembre 2002, que « les armes chimiques et biologiques existent bien (en Irak), et leur emploi est tout à fait possible en cas de guerre.  »

Comme le note avec ironie le Canard, « ce grand stratège prônait l’envoi de troupes françaises sur place. Et il vient de pondre un ouvrage intitulé ‘Le choix des armes’ qui brode sur un des thèmes chers à Sarko et aux Israéliens : pulvériser l’Iran, c’est dix-huit mois de soucis contre trente ans de cauchemar si on leur laisse faire la bombe. »

«  L’autre inconditionnelle de l’Amérique, poursuit le journal satirique, est Thérèse Delpech, directrice des études stratégiques au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Cette néo-conservatrice exaltée, hier favorable à la guerre US en Irak, est partie en croisade contre l’Iran, ‘le grand perturbateur’. Dès 2005, elle exhortait les ambassadeurs européens à ‘quitter Téhéran’. »

« Et un troisième larron, Bruno Tertrais, a récemment publié sa propre contribution : ‘Iran, la prochaine guerre’ »

http://www.marianne.net/En-Jordanie-l-Unicef-donne-la-parole-aux-femmes-syriennes_a225611.html

http://www.guardian.co.uk/world/2012/dec/27/syrian-rebels-scramble-spoils-war

http://www.guardian.co.uk/world/2012/dec/28/aleppo-revolution-abu-ali-sulaibi


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