À la défense du journalisme citoyen

par Serge-André Guay
samedi 10 janvier 2009

Deux articles remettant en cause le journalisme citoyen furent publiés le 9 janvier 2009, le premier signé par Fleur sous le titre « Le "journaliste citoyen" est mort, vive le "témoin participatif" » dans le blogue (e)veille, et le second sous le titre « Pour en finir avec le journalisme citoyen » sous le plume d’Aurélien Viers dans le blogue « Après la télé... » Les auteurs de ces deux articles soutiennent que l’on doit abandonner l’expression « journaliste citoyen » au profit de « témoin participatif », soit disant pour clore le débat avec le milieu professionnel journalistique.

Je tiens à me porter à la défense de « l’amateur ». Je ne suis pas d’accord avec l’idée que tous les journalistes citoyens se reconnaissent comme des professionnels.

 
« Amateur » vient du latin « amator » qui signifie « celui qui aime », de amare (Aimer). Un amateur est donc une « personne qui aime, cultive, recherche (certaines choses, certaines activités) ». (Le grand Robert de la langue française).
 
Personnellement, je me considère comme un amateur. Je n’ai pas de diplôme en journalisme qui pourrait me conférer le titre de professionnel. Mais cela ne m’a pas empêché d’écrire des articles, des reportages, des dossiers, des chroniques et même des éditoriaux pour plusieurs médias reconnus depuis mon adolescence.
 
À mon avis, le journaliste citoyen demeure un amateur. Et je n’y vois rien de péjoratif, au contraire. L’amateur agit ici à titre de citoyen concerné. Il vient en quelque sorte contrebalancer le silence de tous les autres.
 
Le journaliste citoyen est aussi utile que l’est l’amateur de vin. Et je n’ai pas entendu ni l’un ni l’autre prétendre être des professionnels.
 
Dans notre société, les professionnels et leurs corporations occupent presque toute la place. Dès qu’un amateur se pointe, ils le dévalorisent. Plier sous la pression en acceptant de changer le titre de l’amateur, de journaliste citoyen à témoin participatif, c’est jouer le jeu de ceux et celles qui contrôlent l’information et qui cherchent à sauver leurs emplois par tous les moyens face à l’internet où l’amateur pratique son loisir.
 
Il y a dans le terme « journaliste citoyen » un exercice de démocratisation des sources d’information, résultante directe de l’accès à Internet. Le journaliste citoyen n’est pas un témoin participatif, il est un acteur. C’est le journaliste professionnel qui devrait être un témoin, c’est-à-dire impartial, sans partie pris. Malheureusement, le journaliste professionnel participe un peu trop aux événements à mon goût. Il s’est éloigné de la catharsis intellectuelle nécessaire à son impartialité.
 
Le journaliste professionnel nous offre une fausse représentation du monde parce qu’il affuble les vérités de faits de différentes opinions dont le choix l’éloigne d’emblée de l’objectivité.
 
Le journaliste citoyen ne prétend pas à cette objectivité déontologique professionnelle. Il prend tout simplement la parole. Et s’il témoigne, c’est uniquement pour illustrer son propos.
 
Enfin, qui a dit que tout le monde ou n’importe qui pouvait désormais être journaliste citoyen ? C’est une conclusion erronée tirée de l’invitation populaire des médias citoyens. Ces derniers invitent bel et bien tout un chacun à soumettre des textes. Comme je peux inviter tout le monde à écrire un livre, à devenir amateur de jardinage, amateur de gastronomie, etc. L’invitation générale est lancée pour souci de démocratie et c’est bien ainsi car elle encourage les uns et les autres à avoir confiance en eux si le journalisme les intéresse. Or, d’une part, tout le monde ne s’intéresse pas au journalisme et, d’autre part, ceux et celles qui s’y intéressent ne prétendre pas d’emblée être des professionnels. Ce sont les médias professionnels qui ont fait le rapprochement entre « journalisme citoyen » et « professionnel » venant une fois de plus fausser la perception de la population.
 
Au plaisir,
 
Serge-André Guay, président éditeur
Fondation littéraire Fleur de Lys

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