Agoravox : pourquoi ça marche ?

par Voris : compte fermé
jeudi 23 août 2007

Une recherche sur le moteur Google nous montre que le média citoyen est fort peu critiqué. C’est toujours en interne que les critiques fusent, parfois de manière très violente. Toujours ? Non. Quelques remarques ont quand même émergé, mais à peine.


Wikipedia parle d’Agoravox

(larges extraits)

Wikipedia commence la présentation d’Agoravox par une comparaison avec son propre système : "AgoraVox est un site web d’actualités alimenté par des rédacteurs volontaires non professionnels et dont aucune compétence n’est exigée, se rapprochant en cela de Wikinews (projet Wikimedia tout comme Wikipédia)".

Puis le célèbre wiki note ce qui l’en différencie puis ébauche une première critique : "Le style est à la fois journalistique pour les articles et forum pour les commentaires, à la différence de celui encyclopédique de Wikipédia. La politique éditoriale, telle qu’elle est définie sur le site, prône la publication d’informations thématiques inédites, détectées par les citoyens . En réalité, on trouve également sur le site beaucoup d’articles de fond, des textes déjà édités ailleurs, des commentaires ou des éditoriaux souvent publiés dans une rubrique tribune libre".

Il poursuit : "Il semble que pour pouvoir être membre du Comité de rédaction, il soit nécessaire d’avoir déjà publié un certain nombre d’articles sur Agoravox et d’être reconnu comme étant un rédacteur ’de qualité’. Également, de manière générale (mais ce n’est pas une obligation), les membres de ce Comité sont des rédacteurs ’historiques’, présents sur la plate-forme depuis son lancement ou presque".

Enfin, il conclut par une remarque un peu tendancieuse : "D’où le succès de ce genre d’initiative : les rédacteurs, non payés, du moins pour la plupart, bénéficient d’une tribune". Or, aucun rédacteur n’est actuellement payé, comme l’a rappelé Carlo Revelli dans ses commentaires d’articles. Une réflexion est néanmoins en cours pour indemniser les reporters citoyens.

Les critiques émanant des blogs

Difficiles d’en trouver. Mais en voici une qui se limite à un aspect purement technique et de forme :

"Alors voilà Agoravox, le fameux site citoyen non censuré qui cherche encore le bon système de notation qui ne part pas en live, qui n’est pas foutu d’organiser les threads hiérarchiquement si bien que la moitié des gens ne répondent jamais au bon endroit, qui a des menus déroulants qui ne se referment pas une fois sur deux... a vraiment besoin de toi. Bon ça tourne pas sous Templeet mais y a quelques bonnes idées à refiler".

Source : http://linuxfr.org/ Bozo_le_clown/25035.html

Interview de Carlo Revelli sur www.leblogmedias.com

www.leblogmedias.com.

"Pourquoi mettre les photos des rédacteurs sur la une du site. Les gens sont-ils attirés par l’idée de participer à un journalisme citoyen, ou souhaitent-ils surtout se mettre en avant et avoir leur quart d’heure de célébrité ?

- Carlo Revelli : C’est juste une faiblesse de l’être humain, et du blogueur en particulier. Il y a évidement une volonté de se faire connaître de la part de nos rédacteurs, mais ce n’est pas la seule raison. Je trouve que le fait de publier la photo des intervenants rend moins froid l’univers de l’information. J’aime bien, lorsque que je lis un article ou un commentaire, voir le visage de son auteur."

Mais au fait pourquoi ça marche ?

1 - Pour les mêmes raisons que marche Wikipedia

- Le relativisme : il pose comme postulat que tous les points de vue se valent, ou plutôt que chacun a raison de son point de vue. Le site tolère les critiques sur l’équipe, les dirigeants, le comité des rédacteurs.

- Le rationalisme : cette pensée pondère le relativisme initial. Le lecteur de Wikipedia (et d’Agoravox), prenant connaissance des différentes opinions sur une question, se donne les moyens de décider ensuite en parfaite connaissance de cause ce qu’il doit penser.

- Le positivisme, lui, exige des sources et des références à ce qui existe déjà, tandis qu’il proscrit des inventions ou des prises de position originales. L’exigence positiviste est expliquée dans les deuxième et troisième principes éditoriaux de Wikipedia, la "vérifiabilité" et le "pas de recherche originale". Agoravox est plus ouvert à l’originalité que les wikis.

2 - Pour les mêmes raisons que marchent les autres médias

Le privilège de l’émotion : l’événement est le merveilleux de notre époque. Le but de l’information est de faire réagir.

La tyrannie de l’actualité : c’est une dictature douce qui nous désapprend à consacrer le temps qui est nécessaire au recul et à l’analyse. Otages du présent, nous nous accrochons à une actualité fugace : le journal n’a plus de valeur le lendemain. Le savoir durable n’est pas porteur de succès, de commentaires, de polémique. Seule compte l’information.

La société de l’information globale : renforcée par le développement des nouvelles technologies de l’information.

Les réseaux et la non verticalité : voir l’ouvrage en ligne de Joël de Rosnay.

3 - Pour des raisons spécifiques à Agoravox

La vigilance des commentateurs :

Les rédacteurs du comité de lecture et les commentateurs sont en état d’alerte permanent du fait de leur esprit critique très aiguisé, mais il est arrivé une fois qu’un petit malin trompe cette vigilance en truquant son CV et en postant un article qui se voulait provocateur Les bougnoules. Les commentateurs, d’abord surpris, se sont très rapidement mis à douter de l’authenticité des propos de l’auteur et à le prendre à parti. L’article a finalement été retiré après protestations nombreuses et révélation du pot-aux-roses. L’article est encore visible sur le blog de son auteur (http://mayku.skyrock.com/7.html) qui aime jouer avec le feu. Il relate sa version de l’événement ici : voir sur son blog. Le souci du plus grand respect possible de la liberté d’expression peut, on le voit, comporter des risques diffciles à maîtriser... Mais ce principe de liberté est à préserver néanmoins précieusement.

Agoravox se comporte à la fois comme un média (offre de programmes) et comme une agora. Mixité du système.

"Agoravotes" : le système de votes des articles et des commentaires favorise une certaine forme d’expression.

Feuilletons et personnages : toute une galerie d’avatars, parfois cocasses, anime le site et il n’est pas rare qu’une discussion soit reprise plusieurs jours après une interruption, comme un feuilleton à suivre. Les avatars peuvent être modifiés au gré des envies, d’où quelques blagues perpétrées de temps en temps par les rédacteurs, confirmés ou pas.

Une discussion en temps réel : les commentaires des intervenants sont mis en ligne sans délai ; ils ne sont pas passés au crible d’une pré-modération. Cela crée des discussions vivantes, voire vives, qui ajoutent aux intérêts déjà cités.

Conclusion

La politisation des Français et leur aspiration à une citoyenneté plus active, les conduisent à chercher des espaces d’expression et d’échanges. Récemment d’autres médias citoyens ont vu le jour, comme "Rue89", un blog conçu par d’anciens journalistes de Libération. Mais Agoravox reste encore un concept unique, séduisant malgré son lot de râleurs perpétuels, et de rouspéteurs !

J’ai volontairement écarté toute tentative d’exhaustivité afin de laisser la place aux libres commentaires qui viendront compléter ces propos, notamment sur la question de fond : Agoravox : pourquoi ça marche ?


Lire l'article complet, et les commentaires