Arte : de possibles menaces sous la déprogrammation de La Cité du mâle

par Catherine Segurane
jeudi 2 septembre 2010

Mardi soir, Arte avait prévu la diffusion d’une émission de Daniel Lecomte intitulée « Femmes : pourquoi tant de haine ? » ; elle incluait la diffusion d’un documentaire sans concession sur les violences machistes dans les cités, intitulé « La cité du mâle ». L’émission a été déprogrammée, sans explications dans un premier temps, 45 minutes avait l’heure prévue pour la diffusion. Puis, Rue 89 en a appris davantage : la déprogrammation serait temporaire. Elle ferait suite à de possibles menaces sur l’équipe de tournage, menaces sur lesquelles Daniel Lecomte n’a pas voulu être affirmatif étant donné le peu de temps qu’il avait eu pour vérifier l’information, mais qui l’ont cependant conduit à jouer la prudence.

Une partie du film a été tournée à l cité Balzac, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) où Sohane avait été brûlée vive en 2002. Peu avant minuit, après un échange avec Rue89, Arte.TV actualise la page dédiée au docu :

« Certains protagonistes du premier documentaire “La Cité du mâle” se sentant en danger, Arte a décidé d’une déprogrammation temporaire de ce film. »

 
L’affaire est assez énigmatique. Elle est suivie par Rue 89, qui, depuis deux jours, tente d’obtenir une explication sur cette déprogrammation. Elle n’obtient que des bribes, laborieusement, petit bout par petit bout. La réalisatrice refusait de répondre aux questions du journal en ligne, "par prudence". Hier, un article intitulé "Pourquoi Arte a déprogrammé le docu La Cité du mâle" a apporté quelques lueurs : 
 
La personne menacée serait le "fixeur", c’est à dire la personne qui défriche le terrain avant le tournage, en l’occurrence une femme ne travaillant pas directement pour Arte, mais pour Docs en Stocks, petite entreprise qui réalisait concrètement le tournage. Daniel Lecomte, le producteur, a pris la décision de déprogrammation la mort dans l’âme, et il la veut provisoire. Il explique :

« En milieu d’après-midi, Doc en Stock a été alerté par cette personne qui affirmait être directement menacée. Evidemment, nous avons d’abord cherché à faire le tri dans ce qu’elle nous disait, pour évaluer ce qu’il en était.

Sachant que toutes les personnes avaient formellement accepté d’apparaître dans le film et signé les autorisations nécessaires, j’avais du mal à comprendre. Fallait-il aller jusqu’au bout ?

La question se posait, difficile de trancher, d’autant que c’était au dernier moment, et que tout cela était impossible à vérifier si vite. »

La production a prévenu la police afin de faire protéger les protagonistes du film qui le désiraient..

Des extraits du film censuré peuvent être lus sur Rue 89, dans un autre article intitulé "Quand je vois une fille, je dis : elle s’appelle Truc, elle est vierge."

 

NDLR : Tous les extraits du documentaire et le débat qui l’a suivi sont sur AgoraVox TV


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