Bertrand Chameroy : rupture peu conventionnelle

par Gwendal Plougastel
vendredi 11 mars 2016

Bertrand Chameroy a payé au prix fort ses épanchements anonymes dans la presse. Si le jeune niçois de 27 ans n’aura pas de mal à rebondir, il aura néanmoins échoué dans sa salvatrice tentative de faire sauter le système Hanouna de l’intérieur.

« Avec des amis comme ça… »  : le paranoïaque Cyril Hanouna, tant occupé à scruter les moindres critiques à son égard tant dans la presse que sur le Net, n’avait probablement pas imaginé que le coup (presque) fatal viendrait du bureau d’à côté. En l’occurence, de son équipe, voire de sa garde rapprochée. Car il n’a fallu que quelques jours aux internautes pour mettre un prénom et un nom sur le témoin, en principe anonyme, qui avait balancé à tout va sur TPMP dans le magazine Society. En l’occurence : Bertrand Chameroy.

 

Viré sur le Cham’

Le chroniqueur avait à peine 23 ans lorsqu’il rejoint le programme, à son arrivée sur D8 en 2012. Très pratique pour le Niçois, qui officiait déjà sur la chaine chez Jean-Marc Morandini, l’ennemi de l’époque d’Hanouna. Chronique après chronique, année après année, Chameroy avait réussi à se faire une place dans l’émission, en dépit de critiques émanant notamment de Yann Barthès, celui-ci estimant que le Petit Journal était souvent plagié par le journal de Betrand Chameroy.

Les exubérances et la quête d’audience à tout prix d’Hanouna ont progressivement eu raison du moral et de la motivation de Chameroy, celui ayant même publiquement exprimé sa réticence à exposer sa vie privée, comme le boss l’exigeait régulièrement.

Au détour de confidences sous le manteau à Society, le chroniqueur a donc créé un buzz retentissant, et s’est retrouvé en ligne de mire à une vitesse folle. Dès lors informé de l’identité de la taupe, Hanouna a organisé une petite scène théâtrale moyennement crédible : la « démission » en direct de Bertrand Chameroy en raison, censément, d’une trop grande saturation de ce dernier.

 

Pratique Bertrand

L’attitude de Cyril Hanouna durant l’annonce du chroniqueur ne laissait pourtant guère de doute quant à l'identité de l’homme qui était à la manoeuvre du manège : l’animateur-producteur semblait en effet plus que pressé de se débarrasser du traitre identifié. A défaut d’une démission, il fallait donc plutôt y voir la scénarisation d'une rémission.

Cette parodie de vérité contredit en tous points les dogmes édictés à la va-vite par Cyril Hanouna. Le caïd de la télévision, comme l’a symboliquement surnommé Society, aime à dire que chez lui, on se dit tout. Et que la vie n’est faite que d’amour et d’eau fraiche. En l’occurence, pour Chameroy, c’est surtout la douche qui a dû l’être. Entendons-nous, le Niçois a théoriquement mérité sa sanction. Pris en quasi flagrant délit les doigts dans le peau de confiture, il a de lui même signé le début de sa déconfiture.

 

Envol au dessus d’un nid de fou-fous

Pour autant, l’attitude de Bertrand Chameroy est en tout point admirable du début à la fin. Voilà un jeune premier, pris dans un engrenage ô combien impressionnant de strass et de paillettes à à peine un quart de siècle, qui n’a pourtant pas hésité à tout remettre en cause pour être libre, plutôt que de finir en roue libre.

Certes, les confidences en toute discrétion à la presse ont pour certaines âmes sensibles des relents des années 40. Comme quoi, chez Hanouna, on peut être un collaborateur accusé d’être un collabo à tort.

Car in fine, le chroniqueur au bout du rouleau avait simplement voulu dénoncer dans Society tous les habituels travers et risques de l’ivresse du pouvoir médiatique. Comme un acte manqué d’une démission qui allait finalement intervenir quelques jours plus tard.

Ainsi va la vie de Touche pas à mon poste en particulier, et de l’empire Hanouna en général : l’histoire d’une gentille colonie de vacances qui s’est progressivement muée en asile de fous. C’est là toute la grandeur de Bertrand Chameroy, et ça le restera. De TPMP, il n’est pas parti. Il s’est évadé.

 

Gwendal Plougastel


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