Besson pose pour Libération...

par actu
jeudi 3 septembre 2009

Avec cette publicité, Libé brouille encore davantage les pistes sur sa ligne éditoriale et sur la pertinence de ses choix

Cette semaine, pour annoncer l’arrivée de la nouvelle formule de son journal le 7 septembre, Libé a décidé de miser sa campagne de pub sur de nombreux journalistes, politiques et intellectuels. 

Les communicants de la rédaction de Libé ont même fait appel au maintenant célèbre traître, Eric Besson, pour débattre de l’Etat de la gauche face à Cohn-Bendit.

 On peut donc écouter l’ancien socialiste, aujourd’hui responsable de l’UMP, dire que « la gauche a déçu et continue de décevoir ».

Outre le fait qu’il est assez comique de la part d’un journal de gauche, d’axer une campagne de pub (ou une partie) sur les faiblesses de celle-ci, il est surprenant de voir un ministre de l’immigration et de l’identité nationale se faire l’égérie d’un organe de presse, tel que libération.

Bien qu’il ne soit pas inintéressant de découvrir différents points de vue, le choix du ministre en question peut prêter à confusion.

En effet, défendre l’idée que « l’info est un combat », en mettant en avant un homme qui ne cesse de mentir sur les chiffres ou les procédés d’expulsion des immigrés, est assez risible. Cela l’est encore plus lorsque l’on découvre les lois que fait voter Eric Besson (dénonciation contre rémunération…), ce qui nous fait oublier chaque jour un peu plus qu’il était socialiste.

Libération ne fait que rompre, encore et toujours, avec ses origines

Fondé en 1973 par Jean-Paul Sartre, ce journal avait pour devise de « donner la parole au peuple » et « de lutter contre le journalisme couché » ; l’idée étant de refuser la publicité, de miser sur l’égalité des salaires, et que le capital soit détenu par les salariés. 

Pourtant, comme le présente très bien « libération, de Sartre à Rothschild » de P.Rimbert, Libé s’est lancé dans la conquête d’annonceurs publicitaires en 1980, a ouvert son capital aux actionnaires, et vit depuis 2005 en partie grâce à Édouard de Rothschild.

Reniant ainsi, tous ses beaux principes.

Une fois que l’on admet cela, les 7 pages interview que Libé a consacré à l’épouse de N.Sarkozy, Carla Bruni, sont a fortiori acceptables. 

Malgré les 80% d’internautes (répondant à un sondage sur l’appréciation de l’article sur Carla) qui se disent « déçus par ce choix éditorial ». 

Ce n’est, en réalité, que le prolongement d’une vision politique et économique qui échappe de plus en plus aux lecteurs et au sens même de la création de ce journal.

Mais si vous pensiez que faire reposer la publicité de Libération sur un UMPiste refoulé, faire fonctionner l’entreprise libération comme une vulgaire société capitaliste, ou contribuer à l’omniprésence dans les médias du couple présidentiel était le pire… 

C’est que vous n’avez pas lu le sublime édito du 19 août, de Laurent Joffrin (directeur de publication) à propos de la guerre en Afghanistan.

Ce dernier, qui a surnommé son article « le dilemme », montre combien il est important que l’armée française reste en Afghanistan. 

 Au nom de quoi ? D’une liberté, à laquelle des milliers d’afghans seront privés, si on laisse les talibans se répandre.

Étrange comme cet argument rappelle celui utilisé lors de la guerre en Irak.

Le directeur de Libé ajoute même que terminer la guerre maintenant serait « une défaite désastreuse ». 

C’est fou ce que ses propos peuvent faire resurgir les démons du passé et rappeler ceux utilisés par les belliqueux de la guerre d’Algérie, du Vietnam et d’ailleurs. 

Que dirait Sartre, qui a passé une bonne partie de sa vie à dénoncer la guerre d’Algérie et d’Indochine, si on venait lui faire croire que l’on tue des familles afghanes entières (avec quelques talibans quand on a de la chance), pour le bien de… ces mêmes familles ?

Ainsi, l’on peut dire que le Libération de 1973 n’est plus celui que l’on connaît aujourd’hui. 

Mais pire encore ! Le lecteur ne sait parfois même plus à quoi se rattacher et ignore cette ligne éditoriale qui zigzague de droite à gauche et de gauche à droite, écrasant un peu plus le sens originel de ce journal.

Peut-être que devant leur slogan : « l’info est un combat », Libération devrait accoler : « La confusion, est notre vision ».

 
Cliquez-ici : Pour voir la pub du ministre Eric Besson qui parle de la gauche qu’il connaît si bien ; et tout cela pour le journal Libération.
 

D.Perrotin

 

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