Borloo : une grosse colère et un lapsus

par Olivier Bonnet
vendredi 14 avril 2006

Les membres du gouvernement semblent avoir du mal en ce moment à gérer leur inconscient, et multiplient les manifestations de retour du refoulé ! Après celui de Dominique de Villepin, parlant de démission au lieu de décision, un nouveau lapsus a fait se tordre de rire les bancs de l’opposition parlementaire lors de la séance des questions au gouvernement du mardi 11 avril. Durant celle-ci en effet, Jean-Louis Borloo a parlé du Premier ministre comme du premier minus ! Est-ce parce qu’il ne s’est pas repris, poursuivant son discours comme si de rien n’était, ou qu’on ne frappe pas un homme à terre ? Toujours est-il qu’à la différence du lapsus villepinien, celui de Boorlo n’a été repris par aucun média.

Gageons que le ministre de l’emploi était encore sous le coup de la grosse colère qu’il avait piquée le matin même, à l’issue de l’interview qu’il avait accordée à Jean-Michel Aphatie sur RTL. A croire ce que raconte en effet ce dernier sur son blog, la dernière question posée à Borloo, qui concernait la présentation du journal de France 2 par son épouse, "était écrite après avoir été mûrement pensée (...) Je ne voulais pas faire d’impair au micro, je tenais la feuille où elle était inscrite devant moi, suffisamment haut pour pouvoir la lire devant le micro. Réagissant au quart de tour, comprenant visiblement tout de suite où je voulais aller, Jean-Louis Borloo m’a pris la feuille, tout en me disant qu’il ne souhaitait pas de question personnelle. Je l’ai formulée quand même, de mémoire donc. Il a répondu que chacun avait sa conscience pour lui et qu’il refusait de faire le moindre commentaire. Sitôt les micros coupés, il m’a fait connaître son désaccord, me laissant libre de mes questions, il l’a dit ainsi, mais manifestant sa colère d’avoir posé celle-là qui, selon lui, ne présente aucune légitimité." Les auditeurs commentant ce billet sur le blog ajoutent avoir entendu le ministre s’emporter d’un sonore : "C’est la dernière fois !"... qu’il accorde une interview à Aphatie, sans doute.

Décidément, la position délicate de Béatrice Schönberg est une question qui fâche. Daniel Schneidermann l’a abordée dans son Arrêt sur Images hebdomadaire du 9 avril. La directrice de l’information de France 2, Arlette Chabot, a visionné la cassette de l’émission avant sa diffusion (Comment se l’est-elle procurée ? Mystère) et décroché son portable pour appeler Schneidermann, verte de rage, raconte-t-il sur son blog : "Quoi ? Normal que je... quand tu parles de... Dégueulasse ce que tu as fait... Déjà dans Libé... tissu de conneries..." Les points de suspension sont la transcription d’une mauvaise liaison du réseau. Mais on l’a compris : pour Arlette Chabot, il est "dégueulasse" d’oser aborder la question de la crédibilité d’une épouse de ministre en présentatrice du journal. Tant pis, on la pose quand même.


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