Ces gens qui gouvernent nos médias

par Gérard Luçon
mardi 29 mars 2011

De Lévi-Strauss à Sarkozy sans oublier le footballeur intellectuel Lilian Thuram, l'homme qui nie l'existence des races, il est patent que l’espèce humaine évolue. Enfin, disons plutôt qu’elle s’adapte.

Les exemples des dernières semaines, de Eric Zemmour à John Galliano en passant par l’umpiste Chantal Brunel sont des éléments révélateurs de l’évolution de notre espèce. Mais je dérape déjà… Quelle espèce ? Leurs réflexions sont de l’ordre du racisme, de la bêtise humaine, de la logique pure, selon sous quel angle nous les décodons.

Prenons le premier, l’ineffable Eric Zemmour, grand pourfendeur de célébrités venues à leur insu sans le savoir, juste pour se faire voir et pourfendre. Il dit des choses simples, logiques, marquées du bon sens. Par contre son attitude, son physique et son ton rendent ses propos agressifs, parfois vulgaires, souvent excessifs. Mais où est l’excès ? Dans la fameuse histoire des immigrés reconnaissables physiquement qui se retrouvent en général et en grand nombre dans les prisons et les tribunaux, où se trompe-t-il ? J’ai travaillé au Ministère de la Justice (Education Surveillée puis PJJ) de 1973 à 1997, je ne peux que corroborer ses dires sur cette période de ma carrière professionnelle. C’est un constat, c’est une réalité, cela plait ou dérange, mais c’est ainsi !

Par contre si nous allons sur les causes de cette situation alors nous pouvons simplement dire que ce sont les échecs successifs (et volontaires ?) des gouvernements français qui en ont la responsabilité. Des banlieues dortoir, des cités pour immigrés (y compris pour ces amis les Harkis que nous avons lamentablement trahis) installées en dehors des villes, nos gouvernements successifs depuis plus de 40 ans ont tout essayé pour marginaliser ceux qui dérangent. Et qu’est-ce qui dérange le plus un tenancier de bistrot qu’un vieux « shibani » qui passe la matinée assis à la terrasse avec pour seule consommation un café. Et ces centres-villes provençaux insalubres et attribués à ces immigrés et qui, d’un coup, sont devenus des lieux d’investissement pour le tourisme et le commerce. On a exfiltré ces immigrés dans de beaux immeubles neufs en périphérie, le touriste hollandais ou anglais n’attend pas, il arrive (en masse), il achète (à tout va), il consomme parfois nos produits (mais bon, il est éducable, enfin espérons).

Sur la seconde partie de sa remarque qui consiste à valider le choix par un employeur d’avoir ses propres critères pour l’embauche, nous ne sommes plus sur l’échec de l’intégration, nous sommes sur l’hypocrisie pure et simple. Et si moi, je souhaite avoir comme chauffeur une femme jeune, blonde, et experte en karaté ? De quel droit peut-on m’interdire mon choix ? Et qui peut me l’interdire ? Par contre mes critères vont être automatiquement suspectés :

-pourquoi jeune ? Jeune = sans expérience, donc mon choix n’est pas normal, manifestement je veux une nana que je peux « sauter » !

-pourquoi blonde ? Blonde = de race blanche, donc manifestement je ne veux pas d’une négresse !

-pourquoi experte en karaté ? Jeune+blonde+experte en karaté, manifestement je fantasme sur une membre du gouvernement Sarkozy, je favorise.

Alors je dois modifier mon annonce et mentionner « chauffeuse expérimentée, sportive et d’origine indifférente », tout en sachant que si elle est trop petite elle aura du mal à voir au dessus du tableau de bord, que si elle est championne de billard elle saura manier la queue, et que si elle est d’origine indifférente … eh voilà, je me bloque … ai-je le droit de commenter sur ce sujet en France ?

Finalement j’ai pris un chauffeur de sexe masculin, enfin présumé, de taille moyenne, et avec une casquette. J’ai enfin pu choisir librement mon chauffeur !

Prenons le second, John Galliano. Il a illuminé de sa folie créatrice les 15 dernières années de la mode. Et maintenant prenons cette dernière phrase que je viens d’écrire « illuminé de sa folie créatrice », probablement cette phrase a choqué peu d’entre ceux qui viennent de la lire, et ils l’ont validée. Mais ! Mais ! J’ai utilisé trois mots, successifs, qui définissent l’individu : mi-fou, mi-homme. Et maintenant la presse bien-pensante le crucifie car cet illuminé, ce fou créateur, l’est aussi dans la vie civile.

Pire il délire, il est antisémite, anti-boudin, alcoolique, bref il est devenu infréquentable dans notre bonne vieille France pétainiste ! Et même la nouvelle égérie de Dior, Nathalie Portman, l’exécute ! A mort Galliano. Madame Portman a probablement oublié comment elle a obtenu son rôle dans son premier vrai film, Léon, quels ont été les critères qui ont fait qu’elle a été choisie. Si elle avait été mon chauffeur, à savoir blonde, chauffeur et karatéka, aurait-elle eu ce rôle ? Et comment a-t-elle gagné ce rôle en face de Fatoumata Diarra et de Salima Ben Khelfallah ?

Il y a plus grave dans l’anti-Gallianisme : et si nous nous demandions ce que cache une telle haine contre ce bonhomme ? J’ai pu lire sur Agoravox que c’était une fiotte, une lopette ; bref des insultes qui pour moi ne sont ni plus graves ni moins graves que celles qu’il a proférées. Bien entendu ces insultes ont été supprimées du website, il reste seulement celles proférées par le coupable, John Galliano. Car ne nous y trompons pas, ne nous y trompons plus, John Galliano n’a pas été jugé, il est simplement suspect, en phase d’être mis en examen, éventuellement à terme présumé coupable (si il reconnait les faits) mais il est aussi et déjà coupable … Attendons que la justice se prononce et ne copions pas les méthodes de l’avocat qui nous sert de président et qui condamne les gens bien avant toute existence de poursuite judiciaire. Car pour le moment nous jugeons un individu (un être humain) en dehors de toute justice et sur la simple vue d’une vidéo prise à son insu, sans son consentement et manifestement quand il avait du mal à articuler. Aucun tribunal décent ne peut retenir une telle vidéo, d’autant plus que ce film a fait l’objet d’un marchandage financier. Attendons donc de savoir le nom de l’auteur de la vidéo et combien il en a tiré… cela peut être particulièrement instructif !

Prenons le troisième, la députée Chantal Brunel. Elle nous sort une belle « Lepennerie », une de ces choses qui, il y a 40 ans, ne choquaient personne. J’avais, dans les années 1973-1975 un collègue Educateur au Ministère de la Justice qui parlait du bateau à soupapes pour renvoyer les arabes. Et il ne manquait pas de préciser que la seule particularité de ce bateau était que les soupapes étaient sous la coque, qu’il suffisait donc de les ouvrir arrivé en pleine mer. A cette époque nous acceptions ce type de réflexion (de racisme ?). Nous parlions de « travail d’arabe » pour un travail mal fait, de « pingouins et de caraï » pour désigner les espagnols et les portugais, de bougnoules pour les arabes qui travaillaient sur les chantiers.

Madame Brunel est de cette génération, avec bien évidemment un Q.I. un peu plus juste (disons bien loin de celui de Sharon Stone) qui fait qu’après avoir sorti tout bonnement une phrase bien française (bien de chez nous aurait dit l’ex-pétainiste Jean Nohain) elle s’est crue obligée de rectifier « je ne parlais pas du même bateau » ! Curieusement la presse n’a pas remarqué ! Madame Brunel n’a pas compris que cela est aussi une énorme opportunité pour les chantiers navals de Marseille et de La Ciotat, ces hauts lieux du travail au ralenti entre deux grèves. Et si nous faisions de nouveau des galères avec des arabes aux commandes et des rames pour les noirs ? Il est vrai que Cecil B. de Mille est mort donc les péplums sont devenus un peu désuets, mais imaginons, laissons nous rêver, avec aux drums (Tam-Tam pour les francophones) l’actuel président du G-vain. Quand même … cela aurait de la gueule, voir de nouveau partir des galères du port de Toulon au lieu du porte-avions Charles de Gaulle en mission humanitaire lybienne, et surtout de voir notre excellent président aux commandes, juché sur son petit tabouret !


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