Changer l’information
par NOUVEL HERMES
lundi 29 juin 2009
« On n’a toujours pas récupéré dans le bazar de Téhéran la boîte noire de Sarkozy après l’autopsie de Mickael Jackson à Versailles. »
Telle est la synthèse des news de la semaine écoulée. Les médias donnent du sens au réel : une fois encore, nous l’aurons remarqué !
Mais l’information, non pas seulement telle qu’elle nous parvient, mais dans son contenu brut, mérite quelque attention : De « j’ai mangé des frites à midi » au « Pape qui se serait converti à l’Islam », il y a hiérarchie des « faits », aussi bien pour l’effet psychologique induit au public que pour la prétention de l’appareil médiatique à écrire l’Histoire à partir d’un Présent absolu.
Je laisse à d’autres le soin de s’interroger sur la validité philosophique de ce reflet d’un réel qui serait ainsi conduit à produire du réel, l’essentiel étant que, dans ce jeu de miroirs où fiction et réalité ne cesseront de se croiser par le jeu de l’écriture, la Presse est toujours au cœur du pouvoir. Secondée par les « sondages », elle fabrique le Politique. Et l’on ne comprendra pas le Politique sans admettre que l’appareil médiatique trouve son fondement sur deux mots : Le Spectacle et la Marchandise.
Or cette « information brute » qui en est à la source, est en fait réduite à quelques dépêches d’agences - Associated Press, Reuter, AFP… - dont le fil des news s’écoule, informe, dans l’axe du temps. L’important viendra ensuite : la fabrication d’un produit, d’une « nouvelle ». Car c’est bien le mot : du nouveau et encore du nouveau, et donc de l’effacement jusqu’à cet oubli qui met constamment l’appareil médiatique en porte à faux avec sa prétention à refléter le réel et à écrire l’Histoire !
Pour être concret, on constatera que la mort soudaine d’un chanteur aura peut-être tué les prémisses d’un mouvement révolutionnaire en Iran, qu’elle a peut-être occulté l’émergence d’une « nouvelle » qui, par amplification, aurait pu monter aux premières marches du hit-parade… Car par essence, le nouveau n’est qu’une forme vide qui règne sur notre conscience.
Nous sommes gouvernés par un ectoplasme !
D’ailleurs, sauf imprévu, il ne se passe plus grand-chose le week-end. Place au sport !
La fabrication de l’information ne se produit donc qu’au terme d’un CONSENSUS. Remarquez combien la hiérarchie de l’information sera identique d’un média à l’autre, observez cette porosité dans les titres, la façon dont les journaux se pompent mutuellement comme les gamins sur internet qui n’ont d’autre mot d’ordre que de dire : Faites tourner l’info.
Au-delà de la caricature, le parallélisme du journal de TFI et de celui de France 2 signe l’aveu que l’information n’a plus de « fond » mais qu’elle se réduit désormais à une forme filtrée, prédigérée : un style.
Reste la pression du « spectateur -citoyen », seul recours possible pour reprendre possession du vécu face à la « déformation » du spectacle.
Les blogs collent à l’actualité dictée par le « consensus » mais ils ont ce pouvoir démocratique de lancer des débats, d’imposer une autre hiérarchie de l’actualité, d’inciter à d’autres investigations. La pression pour qu’un éventuel « Karachigate » ne soit pas étouffé par le « consensus » serait la preuve qu’il n’est pas vain de lutter pour faire émerger « le vrai ».