Charles Enderlin lave son honneur de journaliste

par metamag
lundi 5 mars 2012

Accusé de trucage pour avoir montré la mort d'un adolescent palestinien.


Il y a, quand même, des journalistes honnêtes. Il serait scandaleux qu'ils soient insultés et salis pour ça. C'est pourtant ce qui est arrivé à Charles Enderlin, franco-isaraélien,vieux routier du Proche Orient et partisan, un temps, du sionisme le plus pur. Le correspondant de France Télévisions à Jérusalem arrive au bout d'une affaire judiciaire vieille de plus d'une décennie, dans laquelle son professionnalisme avait été mis en cause et sa judéité salie. 
 

Un enfant est mort
 
La Cour de cassation vient d'annuler un arrêt de la Cour d'appel de Paris, qui avait relaxé Philippe Karsenty, mettant en cause la réalité d'un reportage de Charles Enderlin à Gaza, en septembre 2000. Il y avait couvert, avec son photographe palestinien, Talal Abu Ramah (lui même traité de tous les noms), l'intifada des pierres et la mort d'un jeune Gazaoui de 12 ans, qui avait été tué par bal en se tenant dans ce qu'il croyait être un abri.


Charles Enderlin
 
Charles Enderlin avait rendu compte de cette tragédie dans le JT de France 2. Les images avaient fait le tour du monde et soulevé une vive émotion. Philippe Karsenty, directeur d'une agence de notation des médias, avait qualifié le reportage de mise en scène, allant même jusqu'à mettre en cause la mort du jeune garçon en s'appuyant sur les dires d'un média israélien francophone (Metula News Agency) , se présentant comme une agence de presse, mais surtout connue pour des propos anti-arabes peu nuancés.
 
La plainte de Charles Enderlin avait d'abord débouché sur une condamnation de l'accusateur qui pourtant, en appel ,avait été relaxé. Au motif que, bien qu'ayant porté "incontestablement atteinte à l'honneur et à la réputation des professionnels de l'information", il bénéficiait de la "bonne foi" et n'avait "pas dépassé les limites de la liberté d'expression". L'amalgame spécieux n'a pas emballé la Cour de cassation, qui a cassé l'arrêt, renvoyant l'affaire au fond devant une cour autrement composée. A noter que le parquet avait recommandé le rejet du pourvoi, considérant que la cour d'appel avait correctement motivé sa décision ; ce qui en dit long sur une certaine complaisance d'Etat envers "l'élasticité" de la justice. Etonnez-vous, après, que le justiciable ait autant de confiance en rentrant dans un tribunal que dans un hôpital !
 
L'affaire Enderlin fait penser à une autre cas, clos voici exactement un an et que nous avions relaté dans ces pages, celui de Robert Ménargues. Directeur général-adjoint de RFI, spécialiste du Proche-Orient depuis trente ans, Ménargues avait été attaqué pour deux de ses livres : « Les secrets de la guerre du Liban  » et « Le Mur de Sharon". Il avait été non seulement licencié mais, lui aussi, accusé d'antisémitisme, avec une violence inouïe et, selon un schéma devenu malheureusement classique. 
 
 
Lâché par ses confrères, ses syndicats et sa direction en 2004, il avait attaqué aux prudhommes, gagné pour procédure abusive, mais il dut aller en appel, puis en Cassation en 2010, pour faire condamner son employeur à lui verser 250.000€ d’indemnités, la Cour estimant que ses propos avaient été émis « dans le cadre de sa liberté d’expression d’auteur, insusceptible de tomber sous le coup du pouvoir disciplinaire de l’employeur. » 
 
Il est décidément difficile aux journalistes de travailler librement dans les territoires palestiniens occupés comme en Israël, qui se dit pourtant le "seul Etat démocratique du Moyen Orient". Ou, tout simplement, d'user de la liberté d'expression en Europe. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que tous les journalistes n'ayant pas de démêlés judiciaires en rapport avec le conflit israélo-palestinien sont malhonnêtes...
 
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