Charlie, net ou pas ?
par Emile Red
samedi 18 avril 2009
Depuis quelques années, le grand cloporte à vapeur de la presse Française a vu sa direction quelque peu agitée.
Enfin avec l’arrivée du chantre de la qualité ès-papier, le maître de la pensée Kantienne, l’apotre de la novlangue formaliste, notre hebdo référant est devenu la daube que chacun saît.
Disparu les zizis et les panpans de la une Harakiresque, disparus les pets Renaldiens depuis que le gavroche du Marais a cessé toute vélléïté alcoolique, disparus les gros cacas prout de notre nationale piste à mouche tachue, paix à son âme.
Mais toujours présent le facheux, le malveillant, le haineux, la barre en main, le front en pointe, l’oeil torve, l’ exégète du dogme, le pourfendeur d’hérésie gère la barque, ne lit pas, purge, excommunie en fanfare Sine qua non et mirlitontaine.
Le Val, de gràce, nous la raconte l’histoire vraie d’hier et d’aujourd’hui, l’histoire réelle du clavier et de la souris, verte à préfet, rance comme le beurre. Et de l’écran il tire ses hargnes, hardi l’ami, l’internet est une galère, de rien et de tout, et il vocifère, il harangue, il tonitrue, Il crucifie les nautes, tel Karl, de sa rapière, signe zéro, rougit la feuille, plante les clous et suce une Valda.
Le Val, heureux, dégomme, trucide, liquide, bute, flingue, il anicroche, apostrophe, virgule et pointe à la ligne. Cette ligne qu’il défend, son sacerdoce, tresse les méandres du filet qui piègera l’aigrefin, l’escroc, le filou du binaire de jeu. Il en a vu passer des cirques qu’on se paie, des avatars au tendon d’Achille, des Pindar qu’on amarre aux beats de son rythme endiablé. Policé à outrance, post témoin à Outreau, il voue à ses pairs gémonies et ragots, à Font, haine, à Siné, tics, à Lefred-Thouron, bière.
Ce zélateur de la libre expression, pagaie, saute, et caricature, prophètes et comparses son moulinés au mixer, dard titanesque. Il renvoie Acrimed en Crimée et Voltaire chez Rousseau, nous joue Figaro-ci, quand Claire streame par là, chatie son langage et déniche on ne sait quel saint pour accabler Robert.
Il exècre le net, inter, cor ou son, lui conviennent hors suffixe, prétextes à parader, plastronner ou poser. Il abhorre le désordre, l’anarchie, le chaos limpide ou glauque, la toile est à anathèmatiser, atomiser, vaporiser, diable à maudire, espace de tous les excés et l’excés n’est pas en sa nature, il se dit de gauche, celle dont on fait les confitures, soutien le centre et fréquente la droite, argue pour la liberté au MEDEF et ne jure que par Toutatis, Belenos et BHL.
Voilà donc qu’en ce mois, honni des poissons de Dunkerque à Calais, du premier au dernier, voilà donc qu’à pas feutrés comme un Borsalino de contrebande, notre Val de loir dort, on n’entend plus ses éructations abdominales, le ventre mou du printemps nous en fait une guimauve.
Et au détour d’un chemin vicissitudinal, serpentant entre les fourrés entrelacés de liens et de buées, de blog en bogue, de bloc en bock, nous retrouvons trace de notre ménestrel, dans un trou vert, bardé d’insouciance et de mépris, il est là, tout neuf comme as de pique, broutant le trefle de tout son coeur, son précis d’anagogie s’étale au carreau, la page s’exibe, nue désemparée, l’Hebdo s’affiche véritable radeau médusé roulant sur la houle du ouaib.
O ! Charlie, Charlie, t’iras pas au paradis.... ni Val au Valhalla...
Ce jour contre toute attente, Charlie Hebdo vient d’ouvrir un SITE.