Comment on fabrique une fausse insolvabilité

par Catherine Segurane
samedi 27 novembre 2010

La France est-elle en train de suivre la Grèce, le Portugal et l’Irlande parmi les pays incapables de boucler leurs fins de mois ?
 
On aurait pu le croire à lire ce titre de 20 Minutes :
 
L’Etat n’arrive pas à boucler les fiches de paie de ses fonctionnaires.
 
Les nouvelles alarmistes circulant vite, ont peut lire le même article en particulier sur Yahoo :
 
http://fr.news.yahoo.com/82/20101125/tbs-l-etat-cherche-les-moyens-de-payer-s-2c03cd1.html
 
De quoi améliorer l’image de la France et renforcer son crédit ... A se demander qui lance de tels bobards et pourquoi.
 
Car il s’agit bien d’un pur bobard, comme on peut le voir en cliquant sur la source dont l’article est tiré.
 
Cette source est constituée par un communiqué de la Commission des Finances du Sénat que nous reproduisons in extenso. Le lecteur verra que cette source ne fait état d’aucune difficulté de trésorerie, mais seulement du mécontentement de ladite commission des Finances, qui a tardé à valider un décret d’avances. Un simple mouvement d’humeur politique, donc. Voici le texte du communiqué :
 
LA COMMISSION DES FINANCES S’INQUIETE
DU DERAPAGE DES DEPENSES DE PERSONNEL DE L’ETAT
 
Présidée par Jean Arthuis (UC, Mayenne), la commission des finances a décidé, sur la proposition de Philippe Marini (UMP, Oise), rapporteur général, d’émettre un avis favorable, assorti de fortes réserves, sur le projet de décret d’avance qui lui a été transmis en application de l’article 13 de la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF).
 
Ce projet procède à l’ouverture en urgence de 1,39 milliard d’euros d’autorisations d’engagement et de 1,14 milliard d’euros en crédits de paiement, dont 930 millions d’euros seront destinés à couvrir des dépenses de personnel. Ces ouvertures, qui sont compensées par des annulations à due concurrence et ne dégradent donc pas le solde budgétaire, sont indispensables à la liquidation des paies de décembre au bénéfice des agents de huit ministères différents, dont les ministères chargés de l’éducation nationale, de la défense, de l’intérieur et du budget.
 
La commission des finances observe que ces besoins urgents résultent de départs en retraite inférieurs aux anticipations, mais aussi de surcoûts associés à des mesures catégorielles dont la multiplicité conduit à douter de la consistance réelle des efforts de maîtrise de la masse salariale de l’État.
 
La commission relève enfin que ce projet de décret atteste, à l’instar des précédents, la persistance très préoccupante de sous-budgétisations en loi de finances initiale, malgré ses avertissements répétés.

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