Comment sauver la presse ? Des patrons répondent

par JL ML
vendredi 1er septembre 2006

Le groupe de travail Media de l’Institut Montaigne* vient de publier un rapport intitulé : “Comment sauver la presse quotidienne d’information ?”. Formulant “onze propositions immédiatement applicables”, il pointe deux obstacles majeurs à surmonter : l’excès de droits des ouvriers du Livre et des journalistes, et la concurrence de la gratuité dans l’information.

Le document de l’Institut Montaigne se focalise sur les difficultés économiques de ce secteur. Pas un mot sur «  le travail des journalistes ni sur les insuffisances du traitement de l’information, sujets souvent traités par ailleurs ». Il critique surtout les contraintes spécifiques au système français, qui pénalisent, selon lui, la presse française : «  sureffectifs dans l’impression, dus au poids démesuré des ouvriers du Livre CGT, ou des droits des journalistes en matière de clause de cession ».

Autrement dit, si la presse va mal, c’est surtout à cause des droits octroyés aux ouvriers imprimeurs et aux journalistes !

Autre défi que doit affronter la presse, « le succès de l’information gratuite, que ce soit sur Internet ou avec la presse gratuite, menace l’équilibre économique des rédactions ».

Face à cela, que propose le think-tank de Claude Bébéar ? Il faut « mettre définitivement un terme aux aides directes de l’Etat à la presse et demander aux rédactions de prendre leurs responsabilités » (!) ; obtenir de l’Etat un «  plan Marshall pour la presse quotidienne : 1,3 milliard d’euros pour restructurer le secteur de l’impression, optimiser la distribution et lever définitivement les blocages liés au Syndicat du Livre et à la convention des journalistes ; remettre à plat le contrat pécuniaire qui lie les journalistes à leur employeur en revenant sur la clause de cession** tout en réunissant les conditions d’une sensible amélioration de leur rémunération ; assouplir le dispositif anticoncentration concernant la presse quotidienne ».

En fait, si l’on comprend bien l’Institut Montaigne, si les ouvriers du Livre et les journalistes avaient moins de droits, si la concentration des médias pouvait s’accélérer, et si l’Etat donnait des sous, la presse irait beaucoup mieux. Pas un instant il n’imagine que la presse attirerait plus si elle correspondait mieux aux attentes des lecteurs en termes de diversité, d’équité et de vérité...

Le rapport est publié sous la signature de Martine Esquirou, vice-présidente relations extérieures, Thomson (groupe Médias).

Pour télécharger le rapport :

http://www.institutmontaigne.org/site/page.php?page_id=2455


* L’Institut Montaigne est un laboratoire d’idées créé en 2000 par Claude Bébéar.

** La clause de cession : quand un journal cesse de paraître, qu’il est vendu à un autre ou quand son orientation éditoriale est profondément modifiée, le journaliste peut demander à partir tout en bénéficiant de droits identiques à ceux qu’il aurait s’il était licencié économique (article L.761-5 du Code du travail).


Lire l'article complet, et les commentaires