De Ruffin, de Chouard, et des média d’inquisition

par Laurent Herblay
samedi 29 décembre 2018

Le rappel par François Ruffin du fait qu’Etienne Chouard a été un des premiers avocats du Référendum d’Initiative Citoyenne a déclenché une mini-tornade de la presse pseudo bien-pensante, qui s’en est prise aux « références ambigües  » de l’éluLaurent Joffrin signant son énième point Godwin, en le peignant en « brun  »… Et si les plus nauséabonds étaient ces maccarthistes des temps modernes ?

 

L’intolérance crasse des pseudo-tolérants
 
Il faut remercier Régis de Castelnau pour sa brève et la publication du papier de Mathieu Morel, « Etienne Chouard mange-t-il les petits enfants ?  », qui remettent bien à sa place cette polémique, sans pour autant tomber dans un relativisme excessif. Il a raison de parler de « lynchage  » et de faire le parallèle avec les « accusations délirants lancées contre les ‘gilets jaunes’, traités de populistes, xénophobes, fascistes, nazis, et évidemment antisémites  » et de railler le prétexte qui consiste à attaquer « Pierre (qui) à parlé à Paul, qui a parlé à Jacques qui a croisé Marcel  ». Pour autant, il note également et utilement que Soral n’est pas une référence neutre et qu’il vaut mieux éviter de fricoter avec lui.
 
Comme Marianne, Mathieu Morel note que Chouard a pris ses distances avec Soral, point évidemment ignoré par le Monde et Libération, le premier se contentant d’extraire une déclaration positive à son sujet, sans prendre la peine de noter l’éloignement qui a eu lieu en 2014, Chouard ayant alors évoqué les « propos terribles et dangereux  » de Soral « qui n’est pas du tout un démocrate  ». Encore une fois, Marianne donne une sévère leçon de journalisme au Monde, qui se contente d’une présentation aussi partielle que partiale des choses. Le papier de Laurent Joffrin est encore plus superficiel, mais cela est-il vraiment étonnant de la part de cet ayatollah du politiquement correct à l’esprit si fermé ?
 
Ce qui est effarant ici, et qui est bien dénoncé par Régis de Castelnau, c’est le procédé médiatique qui consiste à mettre en cause Ruffin parce qu’il parle de Chouard, parce que ce dernier a tenu, dans le passé, des propos positifs à l’égard de Soral. D’abord, il faut remettre en perspective le fait que Ruffin parlait de Chouard au sujet du RIC, idée qu’il défend depuis longtemps et dont il est un des principaux avocats. Cet hommage est donc pleinement justifié et simplement factuel. Quel détournement du débat que d’en profiter pour renvoyer Chouard à Soral, dont il s’est éloigné il y a 4 ans et d’y associer Ruffin par la même occasion ! Un moyen commode de refermer le sujet gênant du RIC ?
 
Mais ce qui me frappe aussi, c’est la fermeture d’esprit de ces procureurs, qui se drappent souvent sous les oripeaux de l’ouverture. Après tout, pourquoi ne pourrait-on pas citer des personnes sur un sujet sur lequel on les trouve intéressant, même si on est loin d’être d’accord sur tout avec eux ? Je lis et cite bien The Economistpromoteur du commerce des reins humains, de la GPA et de toutes les politiques de régression sociale qui produisent les morts de désespoir dénoncés par le « prix Nobel d’économie » Angus Deaton, avec lequel je suis si souvent en désaccord. Faudrait-il qu’une personne comme moi se contente de lire et de citer uniquement des personnes avec lesquelles je suis d’accord ?
 
Cela me rappelle les polémiques effarantes suscitées par mon papier positif sur Nicolas Hulot à sa sortie du gouvernement. Je persiste à penser que ce qu’il a dit ce jour-là était bien, avec des prémices de remise en question de la globalisation, et faisait preuve d’une dimension d’homme d’Etat, peu courante aujourd’hui, même si je ne suis pas d’accord avec lui sur tout. Soudain, les trolls se sont réveillés, me déniant toute capacité d’accorder un quelconque satisfecit à l’ancien ministre du fait de telle ou telle position. Ici, il n’est pas inintéressant de constater à quel point les extrémistes alternatifs finissent par rejoindre les tenants de la pensée unique, en miroir inversé, probablement à la Zemmour.
 
 
Voilà pourquoi, même si je ne partage pas tout ce que disent Ruffin et Chouard, je tiens à leur exprimer mon soutien dans cette sordide polémique, qui noie le poisson du débat intéressant que représente le RIC et relaie le message d’Etienne Chouard appelant ses détracteurs au débat. Encore une fois, les tenants de la pensée unique font preuve d’une intolérance et de critiques aux relents bien totalitaires.

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