Delarue : Panique dans l’oreillette
par Gwendal Plougastel
jeudi 16 septembre 2010
La mise en garde à vue durant 10 heures de Jean-Luc Delarue hier, dans le cadre d’une affaire de stupéfiants, met le monde médiatique en émoi. Télés, radios et internet s’embrasent, et l’animateur-producteur n’a pas tardé à réagir via un mea culpa solennel en public. Au-delà de la procédure judiciaire en cours, se pose désormais la question de l’avenir télévisuel de l’ex-gendre idéal du PAF au sein de France Télévisions.
« Rien ne va plus » aurait dit Chabrol. La carrière de Jean-Luc Delarue, figure emblématique du service public depuis une quinzaine d’années, a peut-être basculé en ce mardi 14 septembre 2010. Interpellé à 6 heures du matin à son domicile par les policiers de la sûreté des Hauts de Seine pour être mis en garde à vue, il n’en est ressorti libre que 10 heures plus tard.
L’objet de l’enquête : un important réseau de trafiquants de drogue en Ile-de-France, qui vient d’être démantelé. Soupçonné d’être un consommateur important de cocaïne, Delarue a donc été perquisitionné puis interrogé.
Reservoir Drogue
Des quantités conséquentes ont ainsi été trouvées à son domicile, et l’animateur dépenserait entre 10 000 et 12 000€ par mois pour s’approvisionner, selon certaines sources. Si cela ne concerne que sa consommation personnelle, c’est tout simplement astronomique.
Depuis 3 ans, souci après souci (incident au cours d’un vol Paris-Johannesburg au cours duquel il finit menotté, étrange comportement lors de certains passages en direct, report de tournages d’émission en dernière minute), Delarue semblait marcher sur un fil. Nul n’est funambule éternellement.
Anticipant le buzz médiatique, le patron de Réservoir Prod n’a pas tardé à réagir. Le soir même, à l’issue de sa garde à vue, il s’est exprimé sur le plateau de son émission quotidienne « Toute une histoire », en présence du public et d’invités. Avec une émotion palpable dans la voix, il n’a pas nié les faits reprochés, et les a au contraire appuyés en présentant ses excuses, et en expliquant suivre un « traitement » pour se sortir des affres de la drogue. Il a fini ses 44 secondes de mea culpa en demandant à tous une seconde chance. Bref, un modèle de communication de crise, en somme.
Vie privée, chaîne publique
France Télévisions n’avait dès lors pas d’autre choix que de s’exprimer à son tour. La décision est intervenue comme un couperet : l’émission « Toute une histoire » est retirée de l’antenne jusqu’à nouvel ordre. Avec Michel Drucker, Jean-Luc Delarue est sans doute l’autre animateur star de France Télévisions. Son nouveau PDG, Rémy Pflimlin, trouve, à peine arrivé, un dossier aussi épineux qu’inattendu sur son bureau. Le groupe public peut-il se permettre de maintenir sa confiance à un animateur dont l’image est entachée à ce point ? Si la réponse est non, une sortie en douceur est-elle possible ?
Si sa carrière d’animateur est compromise, celle de producteur l’est moins, sa société de production Réservoir Prod, lui appartenant. Il y a quelques avantages à être son propre patron, parfois.