Dictature télévisuelle

par PROVOLA
mardi 28 février 2012

Philippe Poutou le candidat du NPA était l'invité samedi soir de l'émission "on n'est pas couché" de Ruquier interviewé par les animatrices Polony et Pulvar, pour une mise à mort annoncée, à l'allure d'une corrida, où le taureau n'a strictement aucune chance d'en réchapper. Voir ainsi le bonhomme du peuple au milieu d'une bande de protégés du PAF, de cette élite coupée du monde, enfarinée, maquillée comme les aguicheuses du bois de Boulogne voisin, imbue d'elle-même, sans autre expérience que de débiter depuis des lustres, les évidences de la pensée unique, voir l'honnête combattant se ramener avec son courage et ses convictions pour unique défense aura remué un énorme malaise.

Le petit trublion était là par la bonne volonté des seigneurs en place, qu'on se le dise. Ruquier commença par rappeler que la première invitation n'était pas une obligation pour lui car se situant hors campagne électorale, que Poutou devait lui en être reconnaissant au lieu de maugréer sur le peu de temps d'antenne habituellement réservé sur les antennes à son parti. 

Polony et Pulvar en bonnes chiennes de garde du système se sont offusquées des remontrances adressées à leur impartialité légendaire par le candidat frustré d'avoir été malmené lors du premier round. 

Ces figures du journalisme de salon, s'estimant au-dessus de tous soupçons de connivence avec les élites politico-médiatiques ont agressé l'invité par une arabesque emplie de morgue. Le pire dans cette façon qu'on ces détenteurs de la vérité révélée d'asséner leur diktat est que je les crois sincères. Je crois ces élites inconscientes, peut-être issues de milieux modestes mais justement par ce simple fait incapables de comprendre leur propre conversion à la défense des intérêts de leur nouveaux mentors. 

Combien d'anciens ouvriers, de bosseurs acharnés qui ont réussi, de chanceux du business ou du show-business, combien de nouveaux riches sont-ils convaincus d'avoir découvert le graal et se croient soudain devenus les élus de Dieu, tout simplement

Avoir été fils d'ouvrier, fils d'employé ou de paysan, et avoir eu la chance de bien gagner sa vie, avoir réussi là ou des millions d'autres doivent tirer la charrue toute leur vie , les dispensent d'avoir a garder les pieds sur terre, de conserver le devoir de participer pleinement à la solidarité nationale. 

Ruquier y est allé de son : "je suis fils de chaudronnier", Pulvar de son : "comment savez-vous que mes amis et mes proches sont des gens fortunés", Hélène Ségara l’artiste de service qui s'est vue certainement agressée par le souhait de voir les riches contribuer à hauteur de leurs moyens à la vie de la collectivité est venue soudain nous distiller sa petite tirade sur les vertus de la réussite : « Vous voulez que tous les gens qui réussissent fuient à l'étranger, j'ai commencé en faisant des ménages, je paye mes impôts et je fais travailler du personnel, je crée de la richesse". 

Cette "folle" ne s'apercevait même pas qu'elle était tout simplement là pour promouvoir son disque, avec son fils à ses coté venu également pour vendre sa camelote alors que s'il n'avait pas été le fils de, il n'aurait eu aucune chance de même apparaitre sur le petit écran. La Ségara se voyait donc grassement payée par la grâce du contribuable, alors qu'elle devrait au contraire payer pour faire apparaitre son minois comme toute autre publicité. Une petite recherche sur son parcours montre qu'elle sort son premier disque à 23 ans et que le succès arrive à 25 ans, le ménage n'a pas dû la fatiguer outre mesure. 

De toute façon le syndrome du nouveau riche, du petit qui a réussi à devenir grand a été étudié par Bourdieu qui a démontré que le couplet "petit-fils d'ouvrier, fils d'ouvrier, ouvrier moi-même" était le triste alibi mis en avant par ceux qui ont l'habitus du bourgeois honteux, l'habitus de celui qui, changeant de classe, a changé de camp mais ne veut pas le reconnaître. Ce n'est pas parce que l'on est né fils d'ouvrier qu'on est à l'abri d'un habitus bourgeois. 

Il n'est que d'assister à la dégringolade de la Morano, vers les bas-fonds du ridicule, de la groupie utile de l'UMP pour se rendre à l'évidence et comprendre la perte de repère, ou mieux, la déchéance morale de ces anciens intouchables devenus nouvelles élites.

 


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