Direct Soir, Bolloré, Sarkozy
par Marc Vasseur
mardi 13 janvier 2009
Depuis quelques jours, on entend sur toutes les radios, on lit dans tous les journaux, le fait que les Français jugent de manière assez circonspecte les liens entretenus entre médias, pouvoir et argent.
Fatalement, je me retrouve aussi dans cette vision et ce n’est pas l’édition d’hier de Direct Soir qui me fera changer d’avis. Il est vrai sur ce journal, je n’ai jamais eu beaucoup d’illusion sur son impartialité. Tant au niveau des relations entre son patron (Bolloré) et Nicolas Sarkozy que par sa ligne éditoriale où tous les deux jours on a droit à un panégyrique d’un ministre en activité.
Hier soir, j’ai malgré tout pris ce papier noirci, intéressé par ce petit encart qui m’invitait à retrouver les éditos de Maître Lombard. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est un des plus grands avocats du pays, il fut notamment le défenseur de Christian Ranucci (guillotiné le 28 juillet 1976).
D’emblée, j’ai été saisi par le titre du billet « Rendez-vous avec l’Histoire »… rien de moins et ce à propos de la suppression du juge d’instruction. Le reste du papier était du même tonneau avec des vrais morceaux de flagornerie sans limite dedans. Je vous en livre quelques extraits : « Il a, élargissant le périmètre de nos libertés… » (Il étant Nicolas Sarkozy), « … protéger les droits de l’homme et sa dignité », le mieux étant la conclusion de notre éditorialiste avec « La réforme est une chance pour la liberté. Tous les éléments sont désormais réunis pour qu’un habeas corpus à la française trouve sa place dans nos institutions ».
Sur le coup, j’ai cru que notre brillant avocat était tombé sur la tête ou revenant d’un long séjour en Corée du Nord mais non la réalité est beaucoup plus triviale que ça. Après quelques recherches sur le net, j’ai trouvé l’élément qui me permet de dire que ce texte est aussi objectif qu’un article de la Pravda au temps de sa splendeur.
En fait, Maitre Lombard n’est autre que l’avocat du groupe Bolloré… Bien entendu, vous ne trouvez aucune trace de ce lien entre l’avocat et le groupe… c’est ce qu’on appelle la transparence. Mais une fois qu’on a cet élément, la clef de lecture de cet « éditorial » est forcément différente.
Dans le même ordre, d’idée France Sarkozy 2 a réussi le tour de force de demander à l’avocat Thierry Herzog son avis sur cette réforme… bien entendu à aucun moment il n’a été fait mention que ce dernier est également l’avocat d’un certain Président de la République.
Nous sommes bel et bien dans une République bananière n’en déplaise à nos éditorialistes assermentés par l’Elysée.
Plus que jamais notre pays, notre démocratie est sur une très mauvaise pente et hélas, il y a fort à parier que la situation ne s’arrangera pas dans les prochaines années.
Triste pays, tristes politiques, lamentables médias… mais ils ne sont que le reflet du fonctionnement de la société française.
Edit : au sujet de Direct Soir, je vous recommande la lecture d’un papier très complet d’Eric Mainville (Crise dans les médias)