Envoyé spécial en Somalie, au cœur du chaos
par Gérard Ponthieu
samedi 21 janvier 2006
Reportage de Grégoire Deniau et Alexandre Berne, sur France 2, jeudi 19. Remarquable carnet de route dans cette Corne de l’Afrique, où semble se concentrer toute la misère du monde.
C’est titré « Somalie, le chaos ». Brutal et sans fioritures, comme le reportage lui-même, diffusé jeudi soir [19/01/06] dans Envoyé spécial, France 2. C’est un carnet de route de Grégoire Deniau et Alexandre Berne, auxquels je tire mon chapeau. Il fallait oser, et le faire. A part l’Irak, peut-être, je n’imagine pas d’endroit plus dangereux au monde. On dira que la pétaudière est largement démultipliée sur la planète. À ce point de concentration, sûrement pas !
Les journalistes s’enfoncent peu à peu au centre de l’indicible. Avec eux, on passe par l’hôpital Melina, sans doute le seul bâtiment encore à peu près en état. « C’est relativement calme en ce moment, dit un médecin. On ne reçoit qu’une centaine de blessés par balle, chaque mois ». Celui-là, un taxi, a pris une balle dans la mâchoire. Cet autre vient d’être amputé de la jambe. En quinze ans, on estime à entre 300 000 et un million le nombre de personnes tuées dans les affrontements entre clans, et environ trois millions le nombre de déplacés vivant aujourd’hui dans des camps de fortune. Un gouvernement et un parlement somaliens existent... mais ils siègent au Kenya, députés et ministres vivent en exil, l’insécurité générale à Mogadiscio leur interdit tout retour. Pendant ce temps-là, les trois hommes qui règnent sur la capitale se partagent le butin.
D’ici que des gouvernements, des armées pacifistes, quelque organisation internationale, osent s’aventurer dans ce coupe-gorge effrayant ! Miracle que ces images de journalistes rapportées, dirait-on, d’une planète satellite oubliée au fin fond d’une chaotique galaxie nommée Misère.
Quiconque a fréquenté certains zones à risques - même de bien moins exposées que la Somalie, sait le courage dont il faut s’armer, a fortiori si c’est avec une caméra ou un appareil photo, pour rapporter de tels témoignages. Ce reportage honore la profession.
>> Images tirées du reportage. Les miliciens font la loi, les chefs de guerre se concertent... Le reportage est encore visible (jusqu’à quand ?) sur le site de France 2, Envoyé spécial.