Eric Naulleau versus l’artiste offusqué ou l’habituel duel du samedi soir

par Ezekiel
mardi 28 avril 2009

Samedi 26 avril 2009, Eric Naulleau a encore frappé. En effet, une fois de plus le critique littéraire Eric Naulleau, figure emblématique de l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier, véritable institution du samedi soir, a pour mission de discuter des dernières productions des différents artistes présents sur le plateau.

Pour cette émission précise, le chanteur Francis Lalanne est présent afin de promouvoir son dernier album, mais aussi et surtout pour défendre son dernier ouvrage « Mise en demeure à Monsieur le Président de la République Française », publié dans la collection « Coup de Gueule ». Cet essai est à la fois une critique de la Cinquième République, qui serait selon l’auteur une monarchie qui s’ignore, et un appel au Président Nicolas Sarkozy afin que celui-ci daigne écouter les citoyens de son pays.

Rappelons que Francis Lalanne n’est pas seulement chanteur. En effet, le personnage est bien plus complexe. Se targuant d’être un rebelle dans l’âme, l’artiste Lalanne est à la fois musicien, poète, écrivain mais également politicien. On notera d’ailleurs qu’il est actuellement candidat pour les élections européennes de 2009 en tant que tête de liste de l’Alliance écologiste indépendante dans la circonscription Sud-Est française.

Laurent Ruquier, dans son rôle de présentateur, commence par faire asseoir Lalanne dans la « place de l’interview », où chaque invité de l’émission se place face aux deux affreux et machiavéliques chroniqueurs pour subir leurs critiques acerbes et infondées. 

L’ouvrage en question est présenté au public : Laurent Ruquier fait une brève analyse, il dégage les grandes idées de l’essai, et pose quelques questions à l’auteur comme à son habitude. Lalanne répond agréablement, défend son point de vue, et tente d’expliquer le propos de son essai. C’est alors que le chroniqueur Eric Zemmour, bonapartiste convaincu, s’insurge et débute sa critique de l’essai. Il débute par un mot de Jacques Chirac, mais dès lors Lalanne commence a s’emporter, il hausse le ton, la veine du coup gonfle, et s’estime insulté.

La joute verbale débute. Chacun cherche à s’imposer. Les deux parties avancent des arguments. Zemmour reste imperturbable, Lalanne s’emporte, son propos devient confus. Le dialogue est passionné, mais reste courtois.


Zemmour et Lalanne sont interrompus par Laurent Ruquier, meneur du débat, qui cherche a avoir l’avis d’Eric Naulleau sur l’ouvrage. Naulleau, comme à son habitude, ne fait pas dans la dentelle, et descend d’emblée l’album et l’essai de Lalanne.

Le véritable combat commence. Lalanne s’empourpre, la veine du cou double de volume une fois de plus, ses mains tremblent, et ne parvient pas à rester en place dans son fauteuil. En face, Naulleau qui paraît ne plus s’étonner des réactions qu’il suscite reste imperturbable et poursuit tant bien que mal sa critique. L’ouvrage de Lalanne étant écrit en vers, Naulleau se permet une petite prose, suivi par Zemmour. Jean-Marie Bigard, le comique bien connu, lui aussi présent sur le plateau de l’émission, tente la carte de la dérision tant le débat semble devenir grotesque. On ne s’entend plus, on ne s’écoute plus, chacun parle plus fort pour couvrir l’autre, le comique tente de placer une blague ici et la, le présentateur cherche à reprendre le contrôle de son émission, le débat devient un dialogue de sourds assourdissant, insupportable, stérile (1). Finalement Lalanne s’estime profondément insulté par Naulleau, il en vient à se lever, blessé dans son orgueil il devient menaçant. Naulleau reste encore une fois imperturbable, Bigard et Ruquier s’interposent et conjurent Lalanne de se calmer. Ruquier clôt alors cette scène risible par une brève promotion de l’ouvrage et de l’album de Francis Lalanne, qui, interdit, retourne parmi les invités.

La description de la scène est ici assez sommaire, et c’est consciemment que je me permet d’occulter un certain nombre de détails car la véritable question ne repose pas sur les faits de l’espèce, mais bien sur le principe même de la critique.

En effet, ce qui choque profondément dans ce spectacle ridicule c’est le rejet en bloc de la critique par l’auteur dont l’ouvrage est examiné. En effet, Francis Lalanne s’est estimé insulté par la critique de Naulleau. On lui accordera que ce dernier n’est pas toujours fin dans ses propos, et que la critique est souvent acerbe. C’est une sorte de frappe chirurgicale, le mot qui blesse, qui peut toucher profondément.

Cependant dans son sentiment d’injustice, Francis Lalanne exprime un tel dédain envers la critique, un tel refus d’une possible critique de son travail que l’on vient à se demander si aujourd’hui il est encore possible de penser librement sans blesser un tiers.

La critique est-elle conciliable avec la promotion ou remet-elle en cause la liberté d’expression de celui qui l’exerce ?

Cette analyse est certes médiocre, peut-être même de très mauvaise qualité, toutefois j’espère qu’elle incitera le lecteur à se faire une idée par lui-même en trouvant la vidéo du débat sur un quelconque site communautaire.

 

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