Farce et vaudeville sont au rendez-vous sur le service public !

par Cercle des Volontaires
mercredi 10 avril 2013

France Télévision vous réserve parfois des surprises que vous ne croyiez plus jamais connaitre.

Après quelques années de lectures déconcertantes, du genre à vous faire relativiser toutes vos certitudes et à remettre en question ce que vous perceviez quotidiennement du flux informationnel, je m'étais rodé à une certaine distance vis-à-vis de la fabrique à consentement médiatique. Une distance très vite compensée par la découverte d'un nouveau continent, ces œuvres de la haute antiquité grecque à l'analyse politique du XXe siècle, véritable mine de sagesse et d'expérience venue des penseurs, militants et théoriciens des années passées. Ma curiosité avait trouvé de quoi s'assouvir. Ainsi la télévision, mis à part pour regarder ce que donnait mes "montages" vidéos très artisanaux sur grand écran, ne se bornait qu'à une simple consultation des faits, sur BFM ou I-Télé de préférence où le flux rapide et saccadé de l'info suffit amplement à m'informer de l'actualité consensuelle.

Mais voilà, une petite envie de passivité naïve me conduit à presser le bouton de mon écran. France Télévision, tiens ! France 2 pour être plus précis. Mots-croisés. Yves Calvi. Une palanquée d'invités politiques pour combler tous les publics, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite. Cahuzac s'étant fait chopper par la volante à la frontière suisse, le sujet de l'émission était tout trouvé : la moralisation de la vie politique !

Voyant la trogne des invités et les batteries de cuisine que traînent derrière eux leurs partis, je me disait "chic, chic, chic, on va bien rigoler !".

Effectivement ce fut un festival.

Commençons par le représentant du Parti de Gauche, François Delapierre. Une belle percée pamphlétaire sur l'incongruité de la présence de tant d'ex-banquiers près des caisses de l'Etat. Jolie estocade. Calvi s'impatiente, n'oublions pas qu'en bon journaliste, tel un marin breton, Calvi se doit de suivre le sens du vent. Le brave homme Delapierre continue et cherche la métaphore pour appuyer son propos. Il la trouve. Dommage. Pour magnifier l'image du conflit d'intérêt, ce dernier ne trouve rien de mieux à dire que :

"C'est comme si Monsieur Spanghero se retrouvait président d'une autorité sanitaire !"

Pauvre type. Monsieur Spanghero, ayant cédé son nom commercial à une tierce personne responsable des mets chevalins de cet hiver, ce dernier était en larme de constater l'atteinte à son nom, son honneur et celui de sa famille. Et croyez que pour un "bon gars" du Sud-Ouest, il n'y a rien de plus important que l'honneur familial.

Première saillie humoristique qui m'arrache un sourire, auquel va rapidement s'ajouter un rictus nerveux lorsque Louis Alliot saute sur l'occasion pour pointer la confusion foireuse de François Delapierre. Voila que Monsieur "je-me-prosterne-devant-les-colonies-israéliennes" sort pour une fois quelque chose d’intelligent Il ne nous avait pas habitué à tant. Passons d'ailleurs sur sa performance, presque inexistante (ai-je dit presque ?).

Enchaînons sur Najat-Vallaud Belkacem, la nettoyeuse médiatique de l'Elysée. Belle prestance, petit sourire surmonté de ce regard ferme. Un début d'argumentation pré-mâché, renvoyant de façon nonchalante le triste sire Delapierre dans ses cordes en jouant sur la ficelle :

"Ne tombez pas dans le tous pourris, populiste que vous êtes !".

Un discours saccadé, ponctué de pauses entre chaque mot. Chaque syllabe presque, à croire que leurs professeurs de communication les entraînent à parler à des troupeaux bêlants. Pas crédible pour un sou la Vallaud-Belkacem, à finir par nous dire qu'elle ne portait pas la responsabilité des mésaventures fiscales de ses collègues. Certes Najat ce n'est pas vous qui avez signé l'ordre de virement. Mais entre les affaires Guérini, les affaires du PS Nord-pas-de-Calai, et les bombes à retardements qui n'ont pas finies de toutes "péter" suite à l'affaire Cahuzac (notamment le fait que l'Elysée était au courant depuis mi décembre, tout en continuant à afficher publiquement son soutien sans faille au soldat Cahuzac), ne pas voir que le parti auquel vous appartenez commence à sentir sérieusement la charogne fermentée, cela confine à la folie.

N'attendant bien évidemment rien de ces diplômés ès collaborationnisme, je commence à rire à gorge déployée de la véracité du théorème d'Albert Einstein selon lequel il y aurait deux choses infinies dans la vie : l'univers et la bêtise humaine.

Le tout, faut-il le rappeler, appuyé par les encouragements de Monsieur Calvi, en passe de se voir proposer à la prochaine session des légions d'honneur, ayant perdu les dernières traces de dignité qu'il lui restait.

Vous l'aurez compris, tous les éléments du vaudeville étaient réunis, ce bref instant de dérapage m'ayant conduit sur les ondes de France Télévision se transforma en véritable farce fort plaisante.

Finissons donc avec l'intervention de Monsieur Laurent Wauquiez, le gendre idéal de l'UMP, calme et précis en apparence, jouant à la vierge effarouchée adepte de la transparence son grand "truc" du moment. Il est vrai qu'il fait assez propre ce bougre là. Pas un mot plus haut que l'autre, une bonne bouille il faut l'avouer. Et un passé moins jonché de casserole, mis à part ces petits aller-retours à Londres deux années avant les présidentielles de 2012, afin de chercher des financements auprès de la City pour aider Don Sarkozy à accéder une nouvelle fois à la tête de la Démocratie de marché française.

Un UMP a forte odeur de rance également, où l'on ne compte plus les scandales, manœuvres douteuses et financements occultes de ces gogaulistes auto-proclamés. Quant on connait le parti, on sait que le doute n'est plus permis. Vous confieriez vos économies à Cahuzac vous ? Et votre petite fille de cinq ans à Cohn-Bendit ? Alors oubliez de confier votre foi en l'UMP. Ou le PS d'ailleurs. Mais je m'égare revenons pour en finir, les blagues les plus courtes étant les meilleures, à l'intervention de Wauquiez. Moralité politique donc. Le voilà asséner dans un silence de mort, telle l'annonce de la sentence vous envoyant sur l'échafaud :

"Non, la Gauche vous ne pouvez plus invoquer pour vous la moralité".

Sentence définitive, l'ambiance est grave. Solennelle. Quelle fin brillante, une argumentation percutante, des vérités écrasantes.

Moi, mort de rire, la blague de l'année !

Et pour définitivement m'achever je me perd à regarder au second plan, derrière le dos de Wauquiez, afin de voir qui peut bien perdre autant son temps pour se taper deux heures de sophismes, mensonges et hypocrisie. Et voilà que je tombe sur la perle de la soirée. La cerise sur le gâteau comme on dit. Un jeune, surement UMP, petit pull noir et lunette "fashion" noire comme on en voit par milliers, commençant à lever les yeux au ciel, perdu dans les confins de l'argumentation rachitique de Laurent Wauquiez. Et concluant la dernière assertion de ce dernier, énoncé entre guillemets quelques lignes plus haut, par un hochement de tête approbateur, du genre de celui qu'un prophète aurait fait en se sentant subitement frappé de la vérité révélée.

Fou rire intégral. Pour une fois, j'ai bien rien avec Yves Calvi. Quelle erreur d'avoir cru pendant tant d'années qu'il s'agissait d'une émission politique, j'en ai perdu son essence même. La farce est un genre qui connait ses heures de noblesse en ce moment.

Pour revoir l'émission : http://www.france2.fr/emissions/mots-croises

Le passage dont parle cet article commence à partir de la 58ème minute environ.

 

Maurice, pour le Cercle des Volontaires.

 

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