France 2 « arrache le micro » à Eva Joly

par scripta manent
lundi 23 avril 2012

22 avril 2012. Soirée électorale sur France 2.

Ballet habituel des premiers et seconds couteaux des candidats et partis en lice. On connaît la musique : c’est la foire du Trône, à tous les coups l’on gagne ! Les perdants sont contents : c’est mieux que si ça avait été pire et les lendemains s’annoncent glorieux. Les gagnants exultent : une vague de fond les porte, un nouveau monde s’annonce. On déroule les « éléments de langage », on s’invective, on se coupe la parole …

De temps en temps, une pause dans le pugilat : une personnalité politique va faire un discours ; on lui passe l’antenne. On l’écoute, jusqu’à la fin, puis le pugilat recommence, vaguement organisé par les animateurs.

Ah, c’est le tour d’Eva Joly ! Elle parle, posément, à sa manière. Et pas pour ne rien dire. Soudain, au milieu d’une phrase, couic ! Exit Eva Joly.

On se demande brièvement s’il n’y a pas eu une panne technique. Mais non, c’est manifestement France 2 qui a « arraché le fil » au milieu d’une phrase de la candidate. Retour sur le ring pour la suite du combat de coqs. Et pas un mot d'excuse ou d'explication.

Grossier, vulgaire, consternant … les mots se bousculent pour qualifier ce comportement « journalistique ».

Il faut croire qu’il y avait plus intéressant pour les mercenaires de l’audimat qui ont perpétré ce vilain coup. Par exemple, nous infliger de longues séquences de filature des cortèges de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy. Cela vous intéresse, vous, de contempler les feux rouges d’une berline sous la pluie pendant de longues minutes ? Un point d’orgue : la vitre arrière droite (fumée) de la voiture du candidat-président nous a été longuement offerte en contemplation, comme si le destin de la France en dépendait.

A ce stade, la sacro-sainte priorité au direct, dont se sont gargarisés les animateurs de la soirée tue l’information au lieu de la faire vivre.

Eva Joly nous parlait de modèle de société, d’environnement, elle allait probablement parler du second tour. Elle aura été la seule, pendant cette campagne du premier tour, à évoquer la question européenne avec autant d’insistance et de lucidité.

Nul doute que tous ces thèmes reviendront sur le devant de la scène, mais ce n’est pas un certain journalisme qui y aura contribué.


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