France Inter et Médiapart indignés et insoumis à propos d’une perquisition surprise

par Octave Lebel
mercredi 6 février 2019

Hier 4 février 2018, Mediapart a refusé l’accès de ses bureaux aux deux procureurs venus pour perquisitionner les locaux dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet pour atteinte à la vie privée. Le média en ligne a en effet diffusé un enregistrement dans lequel on entend Alexandre Benalla se prévaloir de la confiance d’Emmanuel Macron après sa mise en examen cet été. Médiapart dénonce une atteinte aux secrets des sources.

Assez jubilatoire. Sonia Devillers de France Inter et Fabrice Arfi de Médiapart, indignés et insoumis. Qui rappellent que le procureur de la république n’est pas indépendant du pouvoir et que le moment d’une perquisition, la forme prise ne sont pas choisis au hasard. Qu’il y a lieu de s’interroger sur les méthodes du pouvoir en place vis-à-vis de ceux qui font leur travail en toute indépendance et ne se contentent pas de communiquer sur les sujets d’actualité dans les formes et les calendriers diligentés par lui-même et ses relais. Une prouesse radiophonique, la force de conviction dans sa plénitude qui s’entend à l’antenne de France Inter. La signature de Sonia en toute simplicité. Merci, vous m’avez fait rire de bon cœur. Ce n’est pas tous les jours. Si vous pouviez vous laisser aller un peu plus souvent, nous serions nombreux à apprécier.

Vous m’avez fait penser à ce moment là par l’alchimie mystérieuse des associations d’idées à la CFDT. A ses représentants si à l’aise sur vos ondes. Toujours une belle énergie, une posture tactique hors pair, une rhétorique impeccable pour expliquer avec quelle détermination ils vont négocier les accommodements des « réformes nécessaires » pour « moderniser la vie sociale et professionnelle » qu’ils accompagnent « en prenant leurs responsabilités et défendant les travailleurs ». Je suis d’accord, c’est juste une association d’idées. C’est subjectif. Je promets d’être vigilant à l’avenir et de bien vérifier pour être sûr.

 Beaucoup auraient aimé entendre de la part de nos deux compères du matin la même indignation le jour de la quinzaine de perquisitions menées dans des locaux privés et professionnels des membres de La France Insoumise. Non pas un soutien, mais juste une présentation équilibrée de la situation. Devant l’effet de meute contagieux, du recul peut-être. Assurément un commentaire, une opinion sur les enjeux en cause. Je sais à l’époque ce type de contenus a existé. Documentés pour ceux qui prennent la peine de chercher sur le site de la radio. Pas diffusés aux heures de grande écoute. Dans le jargon, cela s’appelle le choix de la rédaction. Le choix de mettre en avant ce qui va marquer et sera retenu.

Il va de soi que l’attaque contre Médiapart est détestable et dangereuse. D’autant plus dangereuse quand les réactions aux attaques contre la démocratie ont été sélectives et que cela n’échappe pas au pouvoir qui s’en frotte les mains et se sent encouragé. La charte de Munich de 1971 concernant la déontologie et la protection des journalistes est le minimum à opposer à tous les pouvoirs quels qu’ils soient. Elle ne vit que par la pratique quotidienne de chacun. Et le regard critique des citoyens.

Merci pour ce matériel apporté à l’étude des médias.Et ne manquer surtout pas de mutualiser votre travail avec le service Enquêtes-Investigations des rédactions de Radio France.


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