France Soir : les salariés en grève
par Olivier Bonnet
mardi 18 avril 2006
Après la décision d’attribuer le quotidien France Soir au tandem Brunois-Rey, les salariés ont décidé de faire appel, poursuivent leur grève avec occupation des locaux - le journal n’est pas sorti hier, ni ne sortira demain - et la situation apparaît complètement bloquée.
Les salariés avaient choisi l’offre de Moscow News, le groupe de presse du sulfureux Arcadi Gaydamak, qui bénéficiait tout de même de la caution de François Siégel (ancien directeur de publication de VSD et conseiller éditorial du Monde 2 dont il a été le concepteur), partie prenante d’un projet qui promettait de sauvegarder la totalité des emplois.
Mais après avoir longtemps tergiversé, le tribunal de commerce de Lille a finalement choisi mercredi dernier le projet Brunois-Rey, bien qu’il prévoie de ne conserver que 51 des 112 salariés. Pour réaliser "un journal populaire de qualité sans tomber dans le bas de gamme", le tandem a décidé de supprimer les services politique, culture, photo et documentation.
Tollé ! "Eh bien, il y aura quoi dedans ? Vous imaginez, vous, un journal sans politique ? C’est un projet de Paris Turf bis ? C’est n’importe quoi. (...) Et le service culture disparaît aussi ? Nous voilà bien, un journal sans culture, sans politique, il faudra l’appeler France-people-cheval-cuisines, une sorte de sous-Voici... Lazareff va se retourner dans sa tombe, si ce n’est déjà fait, le pauvre", s’insurge
Vendredi, une manifestation a réuni à Paris une petite centaine de personnes, qui distribuait aux passants une édition spéciale du journal intitulée Résistance, montrant "les photos que vous ne verrez plus" et publiant des pages politique et culture entièrement blanches.
Le personnel en grève a ouvert un blog, sur lequel il recense les soutiens reçus et fait le point en temps réel sur l’évolution du conflit. Un représentant des salariés sera reçu mardi au ministère de la culture en compagnie des administrateurs du journal, placé en redressement judiciaire en octobre 2005. Avec l’espoir que les pouvoirs publics débloquent les fonds nécessaires à la poursuite de l’activité, le temps que le tribunal examine l’appel interjeté, non suspensif. De son côté, le repreneur Jean-Pierre Brunois menaçait lundi : "Le risque d’un prolongement du conflit est la liquidation pure et simple de l’entreprise". France Soir perd environ 800 000 euros par mois.