France Télévisions : le Titanic
par NOUVEL HERMES
mercredi 27 janvier 2010
Ça s’agite tellement dans les coursives de l’information télévisée que panique et politique riment avec ce Titanic qui commence à prendre l’eau de toutes parts.
Et l’hystérie collective qui s’est emparée de quelques grand capitaines de l’audiovisuel à propos du mauvais coup que leur a porté Vincent Peillon est symptomatique d’un mal plus profond, qui déborde de ce que celui-ci souhaitait dévoiler.
Et l’hystérie collective qui s’est emparée de quelques grand capitaines de l’audiovisuel à propos du mauvais coup que leur a porté Vincent Peillon est symptomatique d’un mal plus profond, qui déborde de ce que celui-ci souhaitait dévoiler.
Manifestement, au rappel de cette dure épreuve, Aphatie a comme un os dans la gorge et, de façon plus large, le naufrage est si imminent que les patrons de France Télévision ne cessent de revenir à la charge quand la sagesse les eût incités à considérer l’incident comme clos.
Mais non, totalement déboussolés, De Carolis, Patrick Duhamel et Arlette Chabot ne contrôlent plus la situation au point d’en perdre la tête et de se laisser aller dans un texte rageur dont le titre s’inscrit juste au dessous de celui du journal le Monde : « France Télévisions : M. Peillon ment »
Ainsi le quotidien, du moins dans la forme, souscrit-il à ce verdict.
Mais -et qu’importe ce qu’on peut penser de Peillon- les minutes du procès comme le réquisitoire final ne manquent pas d’intérêt et trahissent ce que nos trois ayatollahs voulaient si bien cacher : D’abord, à aucun moment ceux-ci ne se risquent désormais à suggérer que Peillon avait été mis au courant que le fameux débat mettrait aux prises Besson et Le Pen. Or Peillon dit n’avoir pris sa décision de saboter le dit débat que lorsqu’il en fut informé ce qui infirme singulièrement cette faute morale, ce "mensonge", ce péché originel qu’on lui faire porter.
Mais la fin du texte est hallucinante dans son refoulé : Peillon remettrait en cause … l’indépendance de la télévision et de la presse !
Mais la fin du texte est hallucinante dans son refoulé : Peillon remettrait en cause … l’indépendance de la télévision et de la presse !
Quelques citations : « M Vincent Peillon a décidé de passer du mensonge à l’insulte en accusant la direction de France Télévisions de « servilité ». « M.Peillon dicte déjà publiquement les thèmes qui devraient selon lui, faire la « un » de nos journaux télévisés et magazines d’information. » « Peut-être que dans son trouble, M. Peillon aspire au ministère de l’information dans un futur gouvernement. Il est clair qu’aujourd’hui, il ne se contente plus de mentir, il déraisonne. »
Passons outre le fait que jamais la presse ne se soit jamais si obsessionnellement fixée sur le mot « mensonge » pour ce qui reste, au plus, de la muflerie. Mais il fallait à ceux-là un alibi moral. Et la morale étant si étrangère à ces gens qu’il n’avait que cela à se mettre sous la dent !
Plus intéressante est cette hantise d’un pouvoir fantôme qui dicterait aux journalistes leur loi… Et ce serait Peillon qui serait cet impensé et cet impensable… Ce qui suppose la panique de ceux qui sont à la barre et qui savent leurs compromissions vis-à-vis du pouvoir réel, qui dénoncent un « mensonge » pour couvrir la désinformation qu’ils nous servent quotidiennement : Ce ne serait donc pas Sarkozy qui surveillerait les médias mais déjà l’ombre de Peillon !
Ceux-là qui se laissent entraîner à ce délire perçoivent sans doute à l’horizon cette grosse tempête qui risque de les balayer. Alors il ne leur reste plus que la rhétorique stalinienne et le fantasme du goulag : l’opposant est un fou. Le mensonge est cette folie qui prétend que la réalité est autre que ce que l’on en dit.
Pour ce remake du naufrage du Titanic, les spectateurs, n’en doutons pas, seront nombreux !