François Nonnenmacher : Blogueur d’entreprise
par Pierre Bilger
lundi 9 janvier 2006
Blogueur d’entreprise est un livre qui devrait trouver rapidement un large public de dirigeants d’entreprise et de spécialistes des ressources humaines et de la communication interne et externe. François Nonnenmacher, qui en est l’auteur, dirige la communication en ligne du groupe Capgemini, après avoir travaillé chez Apple et Netscape.
Ce livre constitue en effet, à ma connaissance, la première tentative présentant en français, de manière complète et cohérente, la problématique des blogs appliquée spécifiquement à l’entreprise. Le lecteur y trouvera tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur ce nouvel univers virtuel né en 1999, dont la population se compte aujourd’hui, y compris en France, en millions, un nouveau blog se créant chaque seconde dans le monde. Mais surtout, il aura accès à de nombreuses études de cas, analysés avec précision, à des modes d’emploi, parfaitement clairs, à des conseils de base, simples mais efficaces, à toutes les adresses électroniques indispensables, à l’analyse des causes des succès et des échecs, et des précautions à prendre.
François Nonnenmacher, même s’il a été dans son entreprise un pionnier des blogs, n’évangélise pas. Son parcours professionnel lui a sans doute appris qu’au sein de l’entreprise, et encore plus depuis l’éclatement de la bulle Internet, on se méfie des discours et du prosélytisme en la matière, et qu’en revanche, on apprécie davantage les faits et les expériences concrètes, soigneusement documentées. C’est parce qu’il a adopté cette dernière approche que, paradoxalement, il devrait convaincre beaucoup d’entreprises d’explorer et d’exploiter cette opportunité nouvelle.
Quand je commente un livre que j’ai apprécié, j’en reproduis souvent des extraits. Je n’ai pas envie de le faire cette fois-ci, car ce livre forme un tout particulièrement bien construit qui ne se prête pas au « saucissonnage ». Il faut le lire d’une traite et ensuite le reprendre, point par point, si on décide de sauter le cap et de faire entrer son entreprise dans l’ère des blogs, internes et/ou externes. Je n’ai pas besoin de le faire non plus, parce qu’en vous reportant au site du livre, vous pourrez vous faire une bonne idée de son contenu, si vous n’êtes pas encore décidé à l’acheter !
Pourtant je ne résiste pas, en guise de conclusion, à vous livrer en avant-première de votre lecture éventuelle deux citations :
« Cette année encore, vous avez augmenté le budget « Flash et paillettes » pour que votre site Web soit encore plus beau, et votre budget référencement pour faire bonne mesure. Et malgré cela, ces amateurs de blogueurs pourrissent allègrement vos résultats dans les moteurs de recherche, et les gens influents que vous voulez attirer s’en vont perdre leur temps sur ces journaux en ligne, qui se ressemblent tous et qui alignent du texte au kilomètre. Aux clinquants Champs-Elysées du web, ils sont de plus en plus nombreux à préférer le souk de la blogosphère. Pourquoi ? Peut-être parce que, là-bas, le fond y est plus frais, la forme moins guindée et que tout commence par une conversation... » « Globalement, on peut ainsi voir dans le blogging un aboutissement de la civilisation de la personne. Comme les échanges de fichier en peer-to-peer ou les wikis ? les autres phénomènes de l’internet d’aujourd’hui ? les blogs remettent en cause les structures, les infrastructures et l’organisation même de notre société, en donnant naissance à une nouvelle transversalité, de personne à personne. Ils redonnent le pouvoir à l’individu, qui jouit désormais d’un rôle largement renforcé, face à la collectivité. Et pourtant, dans le même temps, les blogs ne prennent tout leur sens que pris collectivement, et concrétisent même l’idée selon laquelle une « intelligence collective » peut émerger d’un ensemble diffus et interconnecté. »
Citations qui confirment que si Blogueur d’entreprise de François Nonnenmacher est avant tout un guide opérationnel de l’état actuel du « blogging » en entreprise, il ne s’interdit pas pour autant de participer à la réflexion sur le sens de cette révolution virtuelle que nous vivons et que j’ai déjà évoquée quand je commentais l’excellent livre d’Alain Lefevre sur Les réseaux sociaux-Pivot de l’internet 2.0.