Google, Yahoo, Microsoft ne censurent pas leurs profits

par Monserrat33
mardi 12 juin 2007

Pourquoi satisfaire les besoins et les exigences d’un régime autoritaire serait-il un crime dans le monde capitaliste ? Car, au fond, ce qu’apportent ces firmes américaines, c’est un peu de bonheur et de démocratie à la population opprimée. Autant dire que les Chinois doivent se sentir flattés d’accueillir en leur sein de belles entreprises prêtes à répondre à tout prix aux desiderata de leurs dirigeants bien aimés, même quand l’une d’entre elles (Yahoo, pour ne pas la citer) participe à l’arrestation et à la condamnation d’un dissident politique...

Soyons réalistes : on ne conquiert pas un empire économique aussi vaste que celui de la Chine avec des états d’âme. C’est d’ailleurs avec un certain mépris pour les libertés individuelles que les sociétés Google, Yahoo et Microsoft ont investi le marché. En bridant leur moteur de recherche et en interdisant l’accès au moteur international pour les internautes chinois, ces trois firmes ont fait se pâmer les chefs politiques chinois qui n’en demandaient pas tant.

Malheureusement pour ces géants de l’informatique, il y a toujours des trouble-fêtes pour vous donner mauvaise conscience. Ainsi, Amnesty International ou encore Reporters sans frontières ont vivement critiqué ces stratégies commerciales. Dans son communiqué, Human Rights Watch dénonce cette abjecte « ironie de constater que des sociétés dont l’existence dépend de la liberté d’information et d’expression ont endossé à leur tour le rôle de censeur, même quand le gouvernement chinois n’exigeait pas qu’elles le fassent. »

Les critiques virulentes qui collent assez mal avec l’image d’innovation et de liberté vantée par Google ont semblé être entendues. D’ailleurs, le fonds de pension de la ville de New York, qui détient près de 687.244 actions de Google, a proposé à l’ensemble des actionnaires de voter des résolutions visant « à ne plus être les complices d’abus en matière de droits de l’homme ».

Craignant que cet excès d’humanisme ne leur fasse perdre de l’argent, les actionnaires de Google se sont empressés de rejeter les résolutions. Sentant poindre les critiques le PDG de Google, Eric Schmidt, a tenté d’apaiser la situation en indiquant que seulement 1% des informations n’apparaissait pas sur le moteur de recherche chinois. Autant dire une goutte d’eau dans la mer, pour tous ces requins de la finance...

Mais ce qu’omet de préciser notre Big Boss de Google, c’est que l’une des mesures préconisées par le fonds de pension new-yorkais portait plus particulièrement sur la nécessité de ne plus stocker les données personnelles des internautes dans les pays qui ne respectent pas la liberté d’expression.

Mesure évidemment mise aux oubliettes par les actionnaires de Google qui ne veulent en aucun cas voir leurs titres baisser en bourse.

Soudain prise de scrupules, la société Yahoo a promis elle aussi d’ouvrir un débat sur sa stratégie commerciale en Chine : débat dont on connaît tous l’issue. De toute façon, c’est bien connu « l’argent est la seule puissance que l’on ne discute jamais » !


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