Guillaume Durand : du scandale au débat (ou l’inverse ?)

par mathias cohen
mercredi 28 octobre 2009

Aujourd‘hui, mercredi 28 octobre 2009, vers 23h00, va avoir lieu sur France 2 un débat sur la remise en question de la version officielle des attentats du 11 septembre 2001. L’annonce de cette émission a provoqué un certain ébranlement du net, et une petite chronologie s’impose pour tenter d’y voir (un peu) plus clair.

Le 17 octobre, une vidéo est mise en ligne sur le site de La Libre Belgique, dans laquelle Jean Marie Bigard nous dit sa satisfaction de se voir épauler par Mathieu Kassovitz dans ses doutes à propos de la version officielle des attentats du 11 septembre. Il annonce à ce propos sa participation à un débat dans l’émission « L’objet du scandale » du 28 octobre, animée par Guillaume Durand. Ce débat réunirait, en plus de Bigard, Mathieu Kassovitz, Eric Laurent (grand reporter) et Niels Harrit (scientifique danois qui a publié une étude dans laquelle il affirme, avec des collègues, avoir trouvé des traces d’explosif dans les poussières du World Trade Center). J.M. Bigard explique de surcroît que cette émission sera organisée sous la forme d’un débat contradictoire, et que quatre autres invités seront présents en leur qualité d’experts pour défendre la version officielle des attentats.

Cette information est reprise par un certain nombre de sites sur la toile, et notamment le site Reopen911.info, spécialisé dans la question du 11 septembre.
Le 23 octobre, le même site publie ce rectificatif : « Mathieu Kassovitz nous apprend que le débat sur le 11 Septembre a été annulé par France 2, faute de contradicteurs crédibles côté défenseurs de la version officielle ! C’est évidemment une très grande déception. Mathieu Kassovitz ira quand même le 28 sur France 2 avec Bigard. Seuls face à Durand et ses "chroniqueurs". » A ce stade, l’affirmation selon laquelle France 2 annulerait le débat « faute de contradicteurs crédibles côté défenseurs de la version officielle » peut-être entendue comme une interprétation du site Reopen911.

Mais l’information de l’annulation du débat s’avèrera vraie, puisque le lundi 26 octobre, le site de l’émission « L’objet du scandale » publiait le programme de l’émission du 28 octobre, et il y était écrit que Mathieu Kassovitz et Jean-Marie Bigard seraient face à deux chroniqueurs sur le plateau. Disparus, donc, les deux spécialistes du sujet que sont Eric Laurent et Niels Harrit… La caution journalistique et scientifique du camp des sceptiques aura donc été balayée d’un coup.

Les organisateurs de l’émission ont-ils bien présenté à Mathieu Kassovitz l’ « absence de contradicteurs crédibles » comme étant l’explication de l’annulation du débat, comme il était dit sur le site de Reopen ?

Revenons un peu en arrière : un communiqué de Jérôme Quirant, datant du 23 octobre, publié sur son site Bastison.net, site d’analyse scientifique qui défend la version officielle, donne quelques informations supplémentaires sur la préparation de l’émission. Voici le début de ce communiqué :

« D’après les infos fournies, le nouveau débat prévu par Guillaume Durand vient d’être reporté au mois de décembre. C’est bien dommage, car des collègues avaient donné leur accord de principe pour participer à cette discussion passionnante qui aurait pu faire date ! (…) Néanmoins, toute cette frénésie médiatique ne sera pas sans effet puisque tous deux m’ont aussi donné leur accord pour une initiative collective, afin que toutes les théories farfelues diffusées sur le net et ailleurs se voient enfin opposer une réponse claire de la part de la communauté scientifique française du génie civil. »

Ce communiqué de M. Quirant laisse entendre qu’il a été lui même un intermédiaire des organisateurs de l’émission pour rechercher des experts défendant la version officielle. Et il précise bien que les personnes contactées étaient d’accord pour participer à l’émission. Peut-on imaginer que l’équipe de Durand n’ait pas considéré comme crédibles les personnes proposées par Quirant, alors qu’il était lui-même un des invités de l’émission un mois plus tôt ? Ou bien le nombre d’experts requis n’ayant pas été atteint, les organisateurs auraient finalement décidé d’annuler le débat ?

Pour finir, voici une déclaration de Guillaume Durand à Téléobs, à propos de la présence de Mathieu Kassovitz et de Jean-Marie Bigard sur son plateau : “Après cette première émission très neutre, nous voulions donner la parole à ceux qui ont des doutes, mais éviter la bataille d’experts !”.

La « première émission très neutre » dont parle Guillaume Durand est l’émission « L’objet du scandale » qui fut diffusée le 30 septembre 2009 sur France 2. Et en matière de neutralité, on pouvait certainement mieux faire : la totalité des invités amenés à s’exprimer sur le sujet ne remettait nullement en cause la version officielle, mais au contraire la défendait. En comptant Durand et l’un de ses chroniqueurs, cela faisait au total pas moins de six personnes sur le plateau, discutant entre elles et à peu près toutes d’accord…

Mais ce qui est le plus étonnant, dans la déclaration de Guillaume Durand, c’est sa soi-disant volonté d’ « éviter la bataille d’experts » au regard de cette première émission. Ce qui est en totale contradiction avec les déclarations de Jean-Marie Bigard, de Mathieu Kassovitz et de Jérôme Quirant.

On peut dire pour conclure que les motivations de l’annulation de ce débat, qui s’annonçait historique, sont pour le moins tout à fait obscures. Au final, Eric Laurent et Niels Harrit ne seront pas présents sur le plateau de Guillaume Durand, et, face aux explications si peu convaincantes de ce dernier, il est permis de penser que c’est la qualité même de ces intervenants, leur statut et leur capacité d’argumentation qui ont poussé les organisateurs à les écarter du débat (pour avoir un aperçu de la persuasion dont peut faire preuve Eric Laurent, par exemple, sur un plateau de télévision, il suffit de regarder ses interventions dans les émissions de Thierry Ardisson et de Laurent Ruquier à l’occasion de la sortie de son livre « La face cachée du 11 septembre »).

Les interrogations sont donc suffisamment nombreuses pour que les téléspectateurs soient en droit d’exiger, de la part des organisateurs du débat comme de ses participants, des clarifications. Il est tout à fait envisageable dans ce contexte que cette annulation représente un cas de censure, intervenant en dernier recours pour éviter que certains arguments parviennent à la connaissance d’un public trop nombreux. L’émission de ce soir pourra-t-elle être le lieu où la vérité sur ses propres coulisses sera exposée au grand jour ?
 

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