Internet m’a « tuer »

par olivier cabanel
jeudi 11 février 2010

La presse est moribonde

Les journaux n’ont plus les faveurs du public, et certains s’en prennent aux nouveaux médias que sont les blogs, et autres sites journalistiques citoyens.

Selon un récent sondage, pour 63% des français, les journalistes ne sont pas assez indépendants. Lien

 

Ceci explique en partie le désamour du public et la chute des ventes.

Le public a commencé à bouder ses journalistes, il y a 51 ans, lors des événements de mai.

Rappelez vous  !

Les affiches annonçaient :

« Presse, ne pas avaler » mais aussi « çà »

Comment un journalisme qui se veut indépendant peut-il gérer la contradiction d’accepter des publicités, tout en pouvant, s’il le voulait, critiquer éventuellement ses sponsors ?

On le comprend, cette indépendance sûrement désirée sincèrement, est difficilement possible.

Les quelques journaux qui vivent sans publicité continuent, eux, de se porter assez bien, prouvant que l’indépendance est payante.

Alors Internet est arrivé.

Avec ses qualités, et ses défauts.

Sombrer dans la caricature, inventer des complots, répandre des rumeurs, ne sont pas à porter au crédit du réseau.

Mais si l’on tourne la page des « hoax » et des rumeurs, on trouve aujourd’hui des sites journalistiques citoyens qui tombent de plus en plus rarement dans ces pièges. lien

C’est tout un réseau qui s’est mis en place.

Grace aux nouvelles technologies, n’importe qui peut saisir au bond la « phrase qui tue » prononcé par un Sarkozy imprudent.

N’importe qui peut filmer, même si c’est souvent mal filmé, pour prendre sur le fait un policier en train de voler, ou une intervention musclée.

Le citoyen est devenu journaliste.

Parfois maladroit, parfois excessif, mais informateur quand même.

Certes, il est facile pour le « journaliste encarté » de montrer du doigt ceux qui lui volent son travail, mais ne faut-il pas savoir raison garder ?

Pourquoi ne pas d’abord balayer devant sa porte ?

Alors « huit journalistes en colère » se sont exprimés mardi 9 février sur Arté. lien

Qui sont ces femmes et ces hommes « en colère » ? Arlette Chabot, jean Pierre Elkabbach, David Pujadas, Franz-Olivier Giesbert, Alex Ganz, Eric Fottorino, Philippe Val, et Edwy Plenel.

Jeanmar qui a fait le casting de ce documentaire aurait peut-être dû éviter Elkabbach, dont on connait les amitiés présidentielles, ainsi qu’Arlette Chabot, peu connue pour son « impertinence » face au Président.

Et que dire de Pujadas qui a laissé passer, sans répondre, le mot « coupable » destiné par Sarkozy à De Villepin ?

Ceux qui attendaient une saine colère sont donc restés sur leur faim.

Ils n’ont eu droit qu’à un ballet de justification, avec plus ou moins de bonheur, comme par exemple Fottorino, qui se vantait en direct d’avoir été engueulé par Sarkozy.

Est-ce pour autant une preuve d’indépendance ?

Ce même Fottorino qui titrait dans son journal "Le Monde" « bon débarras » au sujet du débat sur l’identité nationale et l’immigration, alors que quelques jours auparavant, il avait accepté d’animer une table ronde sur le même sujet. lien

Pour Philippe Val « le pire ennemi du journalisme, c’est sa conviction d’être au service du Bien et de la pureté ».

Faut-il en déduire que le journalisme puisse prôner le contraire ?

Pourtant lors de ce documentaire, quelques interventions étaient à relever.

Comme celle d’Edwy Plenel, par exemple qui reconnaissait : « nous ne sommes pas assez indépendants à l’égard des pouvoirs politiques et économiques ». lien Et il ajoutait : « la vraie révolution d’internet est une révolution démocratique : nous sommes à l’ère du média personnel. Ce qui veut dire démultiplication de la liberté d’expression. Qu’elle ait des excès, c’est normal parce que la liberté est toujours fougueuse, bouillonnante…la liberté est une jeunesse, quel que soit son âge ! » lien

Mais comment garder l’indépendance, lorsque les grands patrons de presse ont une double casquette ?

On sait que France Télévision est contrôlée par l’Etat, comme dans l’ancien temps de l’ORTF.

Pour les autres : Lagardère, c’est Europe1 et 2, RMF mais aussi EADS, Matra.

Alain Genestar a perdu sa place à Paris Match pour avoir agacé Sarkozy tout comme un certain Poivre d’Arvor.

Bernard Arnaud c’est La Tribune, Radio Classique, Investir, mais aussi LVMH.

Pour le bétonneur Bouygues, c’est aussi TF1, LCI, TPS.

Pour l’avionneur Serge Dassault, c’est la Socpresse, premier groupe de presse français, dont le Figaro.

On le voit, les implications du monde des affaires, avec celui de la presse sont réelles.

Mais aujourd’hui, le danger pour les journalistes vient de partout : Eric Besson n’a-t-il pas déclaré récemment : « les médias, il faut les passer à la kalachnikov ». lien

Et ce serait, d’après lui, Sarkozy qui lui aurait glissé ce conseil.

Il a ensuite ajouté que ce n’était qu’une plaisanterie, mais on peut en douter lorsqu’on se souvient de la menace sarkozienne proférée le 30 juin 2008 alors qu’il voulait « remettre au pas France 3 » lien

Au début avril 2009, 4 journalistes se sont plaints de mesures d’intimidations à leur encontre, après avoir été entendus par les policiers de la BRDP (brigade de répression de la délinquance contre la personne).

On leur reprochait d’avoir diffusé des propos tenus hors antenne par Nicolas Sarkozy. lien

Alors comme disait mon vieil ami africain : « ne te laisse pas lécher par qui peut t’avaler »


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