Je l’appelle Patrick... D’Arvor Patrick

par walpole
lundi 25 février 2008

Il est plus qu’un ami, il est de la famille. C’est que je l’ai vu grandir. Je n’en ai gardé que de bons souvenirs ! Une fois à la télévision, j’ai entendu ce M. Godard, réalisateur de cinéma, qui disait que la télévision fabriquait de l’oubli et que le cinéma, lui, fabriquait des souvenirs. Je ne suis pas d’accord.

Je me souviens encore de la tête fatiguée de Patrick lorsqu’on l’avait attaqué sur l’interview du président de Cuba et sur son ami Pierre Botton. Tant d’acharnement m’avait bouleversé et écœuré. Que voulez-vous, l’image cathodique c’est toujours un peu du mensonge. Nous sommes à la télévision. Vous me dites « Tiens, hier, j’ai vu le match Marseille-PSG » et vous oubliez que c’est une image du match que vous avez vue. Vous voyez Laetitia Casta sur Canal+ et vous croyez que c’est elle. Ben, y a quand même une différence entre l’avoir dans votre lit et la voir à la télé, non ?

Patrick, il a tout supporté.

Dans sa vie, on a voulu régulièrement le casser, comme si c’était lui par exemple qui avait tué sa fille malade, comme s’il était responsable de la perte de ses cheveux. Patrick, je l’ai fréquenté comme ami tous les soirs, il a grandi avec moi. D’ailleurs, je me souviens de ses beaux cheveux noirs et de son sourire du début. Il est resté le spectateur exemplaire du monde. Il a toujours eu la bonne distance. Ni trop proche car, sans ça, il n’aurait pu garder sa neutralité, ni trop distant car il aurait passé pour un être froid et sans cœur. Il fait un sacré travail. C’est que ça doit être un dur métier de trier, d’organiser les millions d’informations qui vous arrivent, de faire face à l’opinion publique si versatile ou d’affronter une équipe de collaborateurs qui forcément le jalousent un peu. Moi, des fois, quand je vois toutes ces horreurs dans le monde, s’il n’y avait pas Patrick, ça me ferait traumatisme. Il m’annonce les nouvelles doucement, sans me brusquer, comme aucun autre. Il ironise mais sans trop, il s’indigne lorsqu’il y en a besoin, il manifeste son contentement mais sans trop, il fait part de son chagrin ou fait le sceptique mais sans trop. Il prend d’ailleurs bien soin, après avoir présenté toute une série de catastrophes et de crises, de glisser une séquence drôle ou optimiste. Et moi, je le suis, persuadé qu’avec lui, je ne désespérerai jamais de la vie.

Patrick est aussi très rassurant.

J’ai pleinement confiance en lui. Il nous dit sans ostentation ce qui se passe dans le monde plein d’agitation et de violences, il nous console, il nous rassure et ce qui me plaît c’est que non content de partager ma vie depuis plus de vingt-cinq ans avec lui, il me donne toujours rendez-vous pour le lendemain. Une voisine à moi me dit qu’elle est tombée amoureuse de lui. Je la comprends. Je lui dis aussi pour l’embêter : « Ah t’aimerais bien qu’il vienne un jour te voir avec ses caméras pour te filmer à l’improviste !  » Ma voisine s’est offusquée : « Ben ça non, non ! D’ailleurs, qu’est-ce qu’il aurait à dire sur moi ? Je ne suis pas intéressante. Qu’est-ce que je compte sur cette terre, je ne peux pas faire événement moi, j’vaux pas grand-chose, j’vaux rien. Qu’est-ce que je ferai sous l’œil des caméras ? Moi non, mais Steven mon petit-fils, lui, oui, il pourrait. Il vient d’ailleurs d’envoyer sa candidature à la Star Ac  ». C’est à Patrick que je dois d’être un être social et convivial. Je pourrais donner d’autres témoignages d’autres voisines et d’autres voisins pour dire que ce qui nous fédère, c’est Patrick, ce sont ses interventions quotidiennes.

Patrick au grand cœur.

Bien entendu, son journal de 20 heures n’est pas éternel et Patrick non plus. Mais avec les liens qu’il a tissés depuis si longue date, avec les ménages qu’il continuera à faire, avec les merveilleux romans et les nouvelles déchirantes qu’il écrit et écrira, je ne me fais pas de soucis. Il y a quelques années, une de mes amies, de passage à Paris, a eu cette grande chance de le croiser dans les couloirs de TF1 : « Il a été attentif et charmeur. Ce fut un moment inoubliable. La tour TF1 est impressionnante. L’homme l’est tout autant. Je dois dire que j’étais quelque peu anxieuse mais il m’a tout de suite mise à l’aise. C’est quelqu’un de très simple, discret, modeste, d’une grande âme. » Je n’invente rien. Contrairement à ce que des pseudo-journalistes qui se cachent derrière l’anonymat pour lui faire du mal, contrairement aux auteurs de « Madame, Monsieur, Bonsoir », Patrick n’a rien à voir avec le mépris, l’intolérance et les courbettes devant le pouvoir. Victime une fois de plus de médisances injustifiées et injustes, Patrick s’est défendu à cœur ouvert. Comme d’habitude. J’entends encore sa voix montée au créneau : « Notre vrai bonheur en ce moment, c’est de faire collectivement un journal de qualité qui n’a jamais un seul soir depuis vingt ans été battu par la concurrence, dont je n’ai jamais dit de mal parce que je la respecte. Tant de téléspectateurs nous suivent, avec une telle assiduité que cette fidélité-là est le plus beau des réconforts quand hurlent les loups... » Bien sûr d’aucuns, mauvaises langues, continueront dans l’invective : « La qualité d’une émission vient-elle du nombre de ses téléspectateurs ? Regardons-nous la télé parce qu’on l’aime ou ne la regardons-nous pas plutôt parce qu’on... la déteste ? Critiquer est-ce hurler avec les loups ? » Faut-il répondre à ces questions proches du néant ?

Je le connais bien Patrick.

Pas de doute, il est à gauche, peut-être même à gauche de la gauche. Il n’aime pas trop le président. Il proteste quand il le peut contre les mesures Hortefeux car il a le souci de l’étrange et de l’étranger jusque dans ses livres et jusque dans sa vie intime. Et je suis sûr que s’il avait des preuves que son patron, M. Nonce Paolini, ait été nommé par M. Sarkozy, je suis sûr que Patrick, courageux comme pas deux, aurait démissionné aussitôt pour défendre l’indépendance de l’information.

M. Patrick ! Ne baisse pas les bras ! Nous avons tous besoin de ta présence et de ta générosité chaque soir au 20 heures pour nous faire supporter ce monde bien méchant et bien chaotique.


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