« Je serai plus caustique » : la bonne blague de Michel Denisot
par Jean Lannes
mercredi 22 septembre 2010
Il est marrant Michel Denisot. Alors que la plupart des observateurs s’accordent à dire que son Grand Journal – tous les jours à 19h05 sur Canal + - n’est plus ou moins qu’une machine à promo qui caresse ses invités – people ? - dans le sens du poil, ce dernier avait, avant la rentrée, fait des promesses qui semblent loin d’être tenues.
« Je serai moins consensuel » avait-il promis au Parisien, fin août, en vue de la nouvelle saison à venir. « Cette année, je donnerai davantage mon point de vue (...) Je vais être plus caustique. Dans la vie, je le suis beaucoup plus et j’ai envie d’être, à l’antenne, de plus en plus moi-même. Maintenant que l’émission est devenue une marque et que j’ai pignon sur rue, il m’est possible de le faire ». Caustique le Michel ? Qui l’aurait cru ?
Car voilà maintenant un peu plus de deux semaines que Le Grand Journal a fait sa rentrée sous sa nouvelle formule - qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’ancienne -, et on en a toujours pas vu la couleur, de son impertinence. Pourtant il l’avait répété, partout : « Je serai plus piquant, moins basique (...) Cette année, nous serons plus exigeants ».
Il avait aussi avancé que son émission phare allait de plus en plus ressembler « à un journal télévisé, au plus proche de l’actualité comme un 20 heures ». Moué. Sauf que l’émission n’a guère changée. Une nouvelle miss météo, un zapping qui survient plus tôt, et le texte « Le bureau de l’info » s’inscrivant au bas de l’écran pendant les questions inutiles d’Ariane Massenet.
De l’infotainment, rien de plus
Enfin pour faire bref, rassurez-vous, le Grand Journal n’a pas changé. Le côté « piquant » et « caustique » de Michel Denisot a du m’échapper… à vous aussi ? Il faut dire que les invités sont traités de la même façon que les années précédentes. Les politiques ne sont pas trop bousculés – pour ne pas dire pas bousculés du tout -, et je ne vous parle même pas des « people » pour qui ont déballerait volonté un immense tapis rouge, avant bien-sûr un bichonnage en règle, histoire qu’elles reviennent un jour.
Pour ma part, malgré ces critiques d’un tout autre contexte, je ne dénigre pas le Grand Journal. Même si cette émission reste et restera de l’infotainment, j’avoue m’y installer volontiers, la plupart du temps, devant un bon repas du soir après une bonne journée. Cela n’occulte pas le fait que ce qui est dit doit être considéré avec le moins de sérieux possible. C’est un divertissement, rien de plus. Un divertissement, à qui on peut faire toutes les reproches du monde – et il y en a -, mais qui vaut certainement mieux qu’une séance d’observation de candidats illettrés et stupides enfermés dans une villa…
Télérama avait, en avril dernier, flingué Le Grand Journal à bout portant, en s’amusant de la formule « Météo, promo, dodo ». Et, il le faut dire, ce jeu de mots reflète parfaitement la réalité. Malgré un côté divertissement de fin de journée – toutefois dangereux pour ceux qui, les malheureux, envisagent l’émission comme leur principale source d’information -, Le Grand Journal n’est autre qu’une grosse machine à buzz et promo, chargée à bloc de politiquement correct et de langue de bois.
Après tout ce qui vient d’être dit, et après constatation de ces deux premières semaines, entendre Denisot promettre un ton plus caustique et piquant, moins objectif et tempéré, déclenche une soudaine envie de rire. Comme une réaction nerveuse. Finalement, c’est vrai qu’il est marrant Michel.