Jean-François Kahn et Jean-Michel Aphatie, le débat de trop

par Babar
vendredi 22 février 2008

« C’est tout à fait stupéfiant de voir combien on peut dire de bêtises en aussi peu de mots ». Sur Canal+, face à Jean-François Khan, Jean-Michel Aphatie n’a pas eu de mots assez durs pour qualifier « l’appel du 14 février pour une vigilance républicaine », une initiative lancée par le fondateur de l’hebdomadaire Marianne qui a lui-même réagi à la réaction... Bref une réaction en chaîne. On attendait mieux de ces deux journalistes.

Jeudi 21 février, Jean-François Kahn, invité du Grand Journal de Canal+, une émission animée par Michel Denisot, devait s’expliquer sur les motivations qui l’ont conduit, ainsi que 17 femmes et hommes politiques de premier plan à lancer cet « appel pour une vigilance républicaine ».

Au lieu de ça, les spectateurs ont assisté à un véritable pugilat où chacun, de Jean-François Kahn à Jean-Michel Aphatie, en passant par l’habituellement débonnaire Denisot, a tancé, rabroué ou rappelé l’autre à l’ordre, où les amalgames ont succédé aux approximations, bref où personne n’a fait honneur au débat démocratique. Un pitoyable spectacle où chaque protagoniste voulait avoir raison sans chercher à comprendre, dans un pays en proie à une évidente crise, les causes de celle-ci.

Tout part donc de « l’appel pour une vigilance républicaine », texte dans lequel des politiques « de sensibilités très diverses » (Dominique de Villepin, Ségolène Royal, François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan, etc.) entendent affirmer, malgré leurs sensibilités différentes :

« - Leur attachement au principe républicain et, en conséquence, leur refus de toute dérive vers une forme de pouvoir purement personnel confinant à la monarchie élective.



- Leur attachement aux fondamentaux d’une laïcité ferme et tolérante, gage de la paix civile.

- Leur attachement à l’indépendance de la presse et au pluralisme de l’information.

- Leur attachement aux grandes options qui ont guidé, depuis cinquante ans, au-delà des clivages partisans, une politique étrangère digne, attachée à la défense du droit des peuples et soucieuse de préserver l’indépendance nationale et de construire une Europe propre à relever les défis du XXIe siècle ».

Evidemment, bien qu’il ne soit pas nommé, c’est Nicolas Sarkozy qui est ici visé. Mais ce texte est un appel, c’est-à-dire qu’il peut être signé par tout un chacun et, bien entendu, débattu, approuvé ou désapprouvé.

Jean-Michel Aphatie, dès le départ de l’émission, dit, à l’aide d’une formule choc, tout le mal qu’il pense de cette initiative. Il considère qu’elle va trop loin et que dans une démocratie comme la nôtre qui élit son président de la République au suffrage universel rien ne permet d’affirmer que nous sommes dans une monarchie. Ce à quoi Jean-François Kahn réagit avec virulence comparant in fine l’attaque d’Aphatie à de précédentes critiques telle celle de Roger Karoutchi le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement qui dans Le Nouvel Obs, qualifiait cet appel de « déni de démocratie » et de « fascisme rampant ». Aphatie, curieusement, fait mine de ne pas comprendre. Kahn en rajoute une couche dans l’amalgame en évoquant la presse des années 30. Là-dessus Denisot y met du sien. Bref, pendant les minutes qui suivent, les téléspectateurs n’assistent plus à un débat, mais à un règlement de comptes. Au profit, on doit tout de même le signaler, de Jean-Michel Aphatie qui n’étant pas invité, mais partie prenante de l’émission, était a priori soutenu ses confrères Arianne Massenet et Ali Badou.

Le téléspectateur était également en droit d’attendre que deux journalistes de cette envergure connaissent la valeur des mots et qu’ils ne peuvent tomber, ni l’un ni l’autre, dans le piège grotesque que cette confrontation risquait à tout moment de leur tendre. Ils se sont laissés allés à de bas instincts dignes du café du commerce.

De la politique spectacle. Mieux encore que s’ils avaient été mis en scène par Sarkozy lui-même.

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