L’information entre vérité et réalité

par Caleb Irri
samedi 4 octobre 2008

Alors que le peuple se préoccupe d’une crise boursière qu’il ne comprend pas, alors que les rubriques « médias » ne font que s’épancher sur les pertes d’audience de certains programme, alors que la faim continue d’affaiblir les pauvres du monde, il se produit des évènements que nul ne relaye et qui ont pourtant leur importance.

Cependant quelques sites font état qu’à ce jour une coalition guerrière se rassemble peu à peu dans l’océan indien, et cela sans qu’il soit possible de statuer sur la véracité de cette information.

Car la vérité d’une information consiste en sa réalité. Mais comment, dans ce monde à demi virtuel, distinguer la réalité d’une chose autrement que par un média, c’est à dire un canal de diffusion d’images ou de son ?

Pour qu’une information soit considérée comme vraie, il ne suffit pas qu’elle existe réellement, mais plutôt que les médias s’accordent à la considérer comme telle.

Tout d’abord la théorie exprime fortement la nécessité de la vérification de l’information, soit par la collecte de témoignages suffisamment précis et nombreux, soit par l’officialisation d’un événement par l’acteur de l’information lui-même.

Ensuite, il faut à cette information être validée par l’agence officielle de presse triant et sélectionnant les dépêches pour les transformer en réalité.

Et dans un dernier temps, c’est aux médias eux-mêmes de retenir les informations qu’ils considèrent dignes d’intérêt (ou rentables). A ce moment peut être considéré vraie une information, bien que son importance soit plus fonction du nombre de médias le relayant que la valeur réelle de l’événement.

Le problème de la vérité d’une information réside en réalité dans la somme de toutes les étapes la concernant, car de nombreux facteurs peuvent remettre en cause cette vérité.

Une information réelle mais secrète peut ne jamais être divulguée, ce qui en définitive annihilera son existence. Elle peut aussi être connue sans être validée par l’organe censurant la presse (comme l’AFP), ce qui revient à décrédibiliser l’information. Et quand bien même elle aurait passé les étapes précédentes, une information peut, pour les diverses raisons qu’on imagine (collusions médias/pouvoir, désintérêt de la population cliente, secret d’Etat, méconnaissance de la valeur de l’info…) ne jamais être connue du peuple.

Les sources d’informations indépendantes et libres comme les blogs et les sites internet peuvent se révéler être fiables, mais face à la profusion de ces médias et l’imagination parfois débordante de leurs auteurs, on est en droit de prendre les informations ainsi relayées avec des pincettes. D’autant que ces relais s’entretiennent souvent les uns les autres, grossissant les traits d’une affaire jusqu’à la rendre parfois méconnaissable.

Pourtant il semble évident que certains sites peuvent également recueillir des informations fiables, ne serait-ce que par leur proximité géographique avec tel ou tel événement. Et tout aussi évident que pour certaines informations, les intérêts combinés de plusieurs acteurs de la chaine médiatique ne soient en mesure ni de confirmer un fait, ni de le rendre public. Et de le rendre suspect aux yeux du public.

Car ces informations non relayées autrement qu’ « officieusement » sont des infos que l’on ne reçoit pas passivement mais qu’il faut chercher activement. Ce qui pourrait corroborer la thèse de certains sociologues dénonçant le conditionnement préalable à la recherche active : on finit toujours par trouver ce que l’on cherche. D’autant que les images (encore plus à l’ère du numérique) sont tellement sujettes à manipulation que le film d’une armée en campagne peut très bien avoir été tourné deux ans auparavant et ailleurs que l’endroit prétendu sans que personne n’y voit de différence.

Après cela comment différencier le vrai du faux ? les peuples ne doivent-ils être au courant des évènements qu’après validation hiérarchique, et subir ces derniers sans en connaître les raisons ?

Et ferait-on des guerres si elles leur préparation était officiellement connue des peuples ?

Je ne sais si je suis le fruit d’une manipulation de la part des « théoriciens du complot », ou bien celui des médias. Toujours est-il que la guerre survient toujours concomitamment à un climat social dégradé, à un retour des extrêmes au pouvoir, à une montée des tensions diplomatiques internationales, tous ces maux découlant du même problème : l’effondrement du capitalisme par soubresauts, toujours rééquilibré par une guerre « purificatrice » économiquement.


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