L’insoumise, le valet et le prince

par gruni
lundi 27 juillet 2009

Après Serge Moati animateur de l’émission Ripostes sur Fr.5, une nouvelle page se tourne dans l’audiovisuel public avec le départ d’Audrey Pulvar qui abandonne le JT de Fr.3 pour rejoindre i-Télé. Elle présentait avec charme, simplicité et beaucoup de professionnalisme le 19/20 depuis 2005. Derrière son apparente douceur il y a un caractère bien trempé et ses interviews sur la chaîne publique étaient d’une qualité rare.
Audrey Pulvar une personnalité engagée et ambitieuse, peut-être trop à gauche de l’avis de certains, dans un milieu qui ne tolère que la neutralité, l’effacement et la servilité.

La présentatrice invoque pour expliquer sa décision la réponse négative de la direction à sa demande de mutation pour Washington, l’explication est peu convaincante et les raisons sans doute plus existentielles. Selon la Société des Journalistes, A. Pulvar s’en va suite à un désaccord entre une partie de la rédaction et la direction de France Télévisions.(Nouvel Obs.)
 
Difficile de travailler dans une ambiance délétère et peut-être valait-il mieux dans son intérêt qu’elle parte, l’avenir dira si c’était le bon choix.
Un souvenir restera, c’est la rencontre devant les caméras de Fr.3 où face à Nicolas Sarkozy elle posa une question dérangeante et complexe sur l’immigration ; "Combien d’arrestations faut-il pour expulser vingt-cinq mille sans papiers par an ?" à cet instant, Sarkozy mal à l’aise, un moment déstabilisé n’a sûrement pas apprécié le culot de la jeune Martiniquaise. Après des explications confuses il finit par répondre "Je comprends que le sujet vous touche".
L’homme politique de surcroît avocat et champion de la com. se souviendra que ce soir-là il a trouvé à qui parler.
 
La journaliste cataloguée comme gauchisante sait aussi critiquer le manque d’agressivité de la gauche, lors d’une réunion au Théâtre du Chatelet pour la défense de l’audiovisuel public, elle déclara "s’il y avait une opposition en France ça se saurait". (Télérama.fr) Une boutade dira-t-elle plus tard, mais aussi un appel pour réveiller cette gauche atone, rongée par un mal interne.
 
Mais au-delà du départ d’Audrey Pulvar, qui n’est qu’une péripétie dans le mercato médiatique et sur qui les opinions divergent, on ne peut pas plaire à tout le monde, il faut plutôt s’inquiéter pour la liberté des médias en général et ceux du service public en particulier.
La nouvelle réforme au moins a le mérite d’être claire et d’officialiser un état de fait, elle va réduire tout espoir de conserver un petit peu d’indépendance. Le pouvoir pourra donc comme dans le passé continuer à filtrer et à orienter l’information comme il le fait actuellement pour enfoncer tous les jours un peu plus le parti socialiste, sans oublier la saga De Villepin.
 Cela ne peut pas se passer autrement puisque le chef de l’Etat considère qu’il est normal que l’exécutif (lui même) nomme le président de France Télévisions après avis conforme du CSA (une formalité) et l’accord des parlementaires (une hypocrisie).
La gauche au pouvoir ferait-elle différemment, si oui, alors où sont les propositions ?
 
Quant au financement de l’audiovisuel public depuis la suppression de la publicité après 20 heures, s’il est tolérable que la redevance soit indexée à l’inflation, par contre la taxation des recettes publicitaires du privé, de la téléphonie et des fournisseurs d’accès à l’Internet semblent un paradoxe ; un peu comme si une équipe de football était dans l’obligation de marquer un but contre son camp, ou si vous préférez le privé qui finance la concurrence.
 
Dans cette affaire le consommateur est encore le dindon de la farce, il paye directement et indirectement pour avoir une information partielle, uniforme et prédigérée. En effet pas besoin de faire un effort intellectuel, il suffit d’avaler tranquillement la pensée unique.
Des millions de français suivent les journaux télévisés, une partie d’entre eux n’utilisent que ce seul outil pour s’informer, voilà pourquoi il est très important d’exiger une plus grande indépendance de la télé publique.
Si un parti qui manque d’idées pouvait nous garantir une rupture dans ce domaine, en proposant des solutions novatrices, comme par exemple la participation des citoyens au choix du directeur de France Télévisions, ce mouvement politique serait le bienvenu, car il est temps de changer ce système qui est un déni de démocratie
 
"...à jamais irrésolu, à bientôt" (Audrey Pulvar)
 

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