La presse dans le collimateur de la justice
par Henry Moreigne
lundi 10 juillet 2006
Loi des séries ou actions orchestrées, les procédures judiciaires à l’encontre de journalistes tendent à se multiplier ces derniers mois. Après La République du Centre, le 17 juin, la rédaction de France 3 Centre le 23 juin, ce sont dernièrement Midi Libre et Nice Matin qui voient des membres de leur rédaction inquiétés, et la protection du secret des sources remise en cause.
Pendant plus de cinq heures, le 5 juillet, la rédaction du quotidien Midi Libre a fait l’objet d’une perquisition par la police, épaulée pour l’occasion par un expert informatique. Divers documents ont été saisis, des disques durs d’ordinateurs copiés et des scellés posés. Quatre journalistes ont été auditionnés au commissariat de police de Montpellier avant d’être finalement relâchés. Leur mise en examen n’est toutefois pas exclue.
Mêmes méthodes à Nice Matin le 4 juillet. Deux gendarmes et un expert informatique ont perquisitionné, "à la limite de la courtoisie", selon le PDG du quotidien, la rédaction sous la houlette d’un juge d’instruction dans le cadre d’une information judiciaire.
Dans les deux cas la Justice était à la recherche des sources à partir desquelles des articles avaient été rédigés. Le premier, publié par Midi Libre, faisait état d’un rapport provisoire de la Chambre régionale des comptes du Languedoc-Roussillon qui épingle la gestion de la région par son ancien président, Jacques Blanc, au cours de son dernier mandat. Le sénateur UMP avait alors déposé plainte pour violation du secret professionnel et recel de secret professionnel.
La deuxième publication mise en cause émane de Nice Matin qui en 2003 avait reproduit une photo de deux mineurs victimes d’un fait divers.
Le Syndicat national des journalistes a réagi en rappelant que la protection des sources journalistiques est l’une des pierres angulaires de la liberté de la presse. Le Syndicat de la presse quotidienne régionale a pour sa part dénoncé des perquisitions effectuées dans des locaux de presse, en l’absence de magistrats du parquet.