La presse est-elle toujours libre ?

par Julie Schneider
lundi 7 mai 2007

Le 3 mai est la journée mondiale de la liberté de la presse, l’occasion de revenir sur le sujet.

« D’évidence en France, la situation se dégrade », explique Elsa Vidal, responsable du bureau Europe pour Reporters sans frontières. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la France ne se situe parmi les pays où la presse est la plus libre... Des puissances financières, comme politiques, font de plus en plus pression. Les journalistes sont de plus en plus contrôlés. « La presse en France ne doit pas déranger. Et une liberté qui ne dérange pas, n’en est pas une », continue-t-elle.

Qu’en est-il de cette liberté dans le monde ? N’y a-t-il qu’en France que cela est le cas ? D’évidence non. La France se trouve à la 35e place du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières. A la même place que la Bulgarie, l’Australie et le Mali. Derrière elle se trouve l’Italie. « Mais au moment de l’établissement de ce classement, Berlusconi était encore au pouvoir  », précise-t-elle, laissant sous-entendre que l’année prochaine, elle devrait être mieux classée. La Corée du Nord et le Turkménistan ferment la marche.

 

Une liberté bafouée

Le Turkménistan. Elle décide de s’arrêter quelques instants sur ce pays post-soviétique qui ne possède qu’un seul type de presse : une presse étatique. Il n’y a pas d’autres titres de presse, tout est contrôlé par le président. « Nos correspondants sont des clandestins, nous ne connaissons pas leur véritable identité, c’est trop dangereux pour eux », explique Elsa Vidal.

L’URSS a laissé ses traces et les pays de l’ère post-soviétique ne font pas partie des pays où la presse est la plus libre. En Russie, par exemple, la situation est très paradoxale.

Vladimir Poutine, président de Russie, scande haut et fort qu’il y a dans son pays un très grand nombre de journaux. « Or ce n’est pas le nombre de journaux qui montre la liberté de la presse  », soutient Elsa Vidal, reconnaissant par là même qu’il y a effectivement beaucoup de titres en Russie. Mais voilà, de l’autre côté du miroir tout n’est pas tout rose. Les journalistes indépendants doivent faire face « à des pressions administratives croissantes et à de très lourdes amendes qui peuvent entraîner la fermeture de leur titre ». Or, en Russie on n’est pas libre d’habiter où l’on veut, il faut des autorisations. Ainsi, le journaliste qui est dans le collimateur de l’Etat, ne pourra plus exercer là où il habite du fait de la fermeture de son titre, mais ne pourra pas non plus déménager... Mais cela est un moindre mal quand on voit ce qui est arrivé à la journaliste Anna Politkovskaïa. Sa mort est la 21e sous le gouvernement Poutine.

Elle vient cependant de recevoir posthume le prix mondial de la liberté de la presse Unesco-Guillermo Cano pour son combat pour la vérité sur le conflit en Tchétchénie et sur Vladimir Poutine, qu’elle ne portait pas vraiment dans son cœur. Cette journaliste s’est servie de sa liberté jusqu’au bout, car, comme le résume Elsa Vidal : « la liberté n’est pas statique, mais le résultat de polémiques et de conflits sans force  ».


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