La révolution citoyenne est en marche

par Rage
mardi 26 septembre 2006

Qu’il s’agisse des blogs, des médias citoyens, des radios « débats », des émissions de paroles libres, de livres « d’anonymes », jamais les auditeurs-rédacteurs n’ont autant donné leur avis, débattu, témoigné ou interpellé les puissants. Ce n’est pas une mode passagère, une lubie de rentrée, mais une tendance de fond, le symptôme d’une France qui se méfie de ses élites et leur dénie le monopole du savoir et du dire.

A RMC ou RTL, le matin, on peut dorénavant écouter des citoyens lambda - même si on ne doute pas des méthodes de tri en amont- s’exprimer sur des sujets jusqu’alors réservés à des « élites » de la pensée. Et voilà que des Duhamel et autres fins penseurs se voient dénudés face à l’évidente capacité du commun des mortels à avoir non seulement une analyse viable, mais le plus souvent plus pertinente et réaliste que la leur.

Oh, défiance !

Certaines radios se refusent encore à croire qu’il est possible de laisser cette « France d’en bas » leur ravir le monopole de la pensée, le privilège du dire ce qu’il faudrait s’avouer croire et entendre. Jean-Pierre Elkabbach, le patron d’Europe 1, le croit. Bousculé par RTL et RMC, il se refuse pour l’instant à céder à la mode de la libre antenne et il explique pourquoi : "L’auditeur ne doit pas se substituer au journaliste." Et encore : à Europe 1 : "Ce ne sera ni le pouvoir des notables, ni le pouvoir de la rue." Ni, ni, mais quoi donc ?

D’autres encore se réunissent pour mettre sous contrôle tous ces moyens de diffusion « non alignés » et se couvrent un temps d’une loi de type DADVSI pour garantir leur pouvoir encore une année, un mois, un jour...

Pourtant, il faut le reconnaître, la révolution citoyenne est en marche. Insidieusement, elle s’est glissée dans la machine médiatique. Par Internet, c’est certain, en permettant à chacun de pouvoir échanger avec tous sans autre moyen de filtrage que la capacité des citoyens à écrire sur des modes de diffusion connus de tous (forum, blogs, etc.). Par l’acquisition des supports vendus au prix fort et acquis par dispositifs interposés (gravures CD/DVD, P2P etc.). Puis, progressivement, au travers des médias de masse comme la radio ou la télévision, par le simple fait d’attirer l’attention et l’audience.

Il est souvent beaucoup plus intéressant d’écouter l’opinion de ses semblables que d’assister à la messe d’une Arlette Chabot, d’une Claire Chazal ou d’une Christine Ockrent dont on connaît déjà les versets et autres refrains.

Le peuple s’attaquerait-il aux sphères fermées et restreintes du monopole du « club de la bien pensée » ? Force est de constater qu’aujourd’hui ces clubs, non contents de s’autoféliciter depuis déjà trop longtemps, sont de plus en plus fragilisés par une non-évolution patente des positions, mais aussi par l’évident éveil dont fait preuve une part de plus en plus large de Français désabusés par une telle langue de bois (« surprise » du non au référendum).

Faut-il alors en avoir peur ? Faut-il craindre une prise de parole de tous et de n’importe qui aux horaires de pics d’audience ? Faut-il fermer les canaux pour que les tabous ne soient jamais exposés -oh, sacrilèges !- et surtout pour maintenir le couvercle sur ce peuple-esclave qui décidément ne peut avoir la science infuse ?

Certains le croient encore, mais la machine est en marche, car les temps changent, les outils aussi.

Confrontées à une société de plus en plus critique et réaliste, ces élites dépassées qui jalonnent nos hautes institutions, s’arrimant à leurs postes quoi qu’il puisse en coûter, jouent aux sourdes oreilles comme leur président. Ne vous posez pas de question, brave peuple, ce sera Sego-Sarko, et 2,5% de croissance par an (15% pour certains, 0% pour d’autres) !

Cependant, dehors, la confrontation au réel se prépare, car, depuis trop longtemps, on a voulu dire au peuple ce que l’on a cru bon de lui distiller.

La révolution citoyenne, qu’on le veuille ou non, est en marche.

Et franchement... tant mieux !


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