La tentation d’une île : les dessous de la téléréalité

par Babar
mercredi 25 février 2009

Interview de Philippe Bartherotte, auteur de La tentation d’une île, derrière les caméras de la téléréalité (éditions Jacob-Duvernet)

« La violence, le sexe, le sensationnel sont les moyens auxquels les producteurs de télévision recourent le plus facilement : c’est une recette sûre, toujours apte à séduire le public. Et si celui-ci vient à s’en lasser, il suffit d’augmenter la dose » écrivait le philosophe Karl Popper (La télévision : un danger pour la démocratie, Anatolia éditions, 1994).

Ces propos visionnaires ont été tenus il y a quinze ans et force est de constater que l’analyse de Popper se confirme. La téléréalité est arrivée en France avec Loft story et, depuis, ce « concept » (terme philosophique curieusement prisé en télé) d’émission fait la fortune d’une poignée de producteurs grâce à des recettes simples, vulgaires, cyniques, cruelles qui ne visent sûrement pas à élever l’esprit des téléspectateurs, mais à meubler leur temps de cerveau disponible.

Si cela ne suffit pas on fera pire. Les candidats ? Pourvu qu’ils aient leur heure de gloire, ils n’iront pas se plaindre et continueront de vivre éternellement leur seconde de célébrité. Regardons Loanna aujourd’hui quasiment obligée de s’inventer une agression pour pouvoir témoigner devant les caméras.

Aujourd’hui la fronde vient de Philippe Bartherotte, un homme qui pendant sept ans, de 2001 (année qui marque le début de la téléréalité en France), jusqu’en 2008 a participé aux plus importantes émissions du genre : L’Île de la tentation, la Star’Ac et Pékin Express.

Au passage il nous apprend que le service public, attiré par la téléralité a planché sur un « concept » mettant en scène de vrais chômeurs.

Serait-ce un scoop ? Toujours est-il qu’au détour de l’interview qui figure ci-dessous, Philippe Bartherotte révèle que Jean-Louis Borloo aurait interdit d’antenne cette émission.

Précisons également qu’un
autre reality-show, tout aussi scandaleux, avait été préparé et enterré par France télévision.

Le témoignage de Philippe Bartherotte est exceptionnel parce qu’il vient de l’intérieur et que surtout il s’attarde moins sur des aspects anecdotiques ou croustillants (même s’il y en a dans son livre) que sur la manière dont on traite les candidats, comment on les humilie, comment on joue avec leurs nerfs, comment on exploite leur image (se rappeler de l’exploitation éhontée de celle de Grégory Lemarchal), comment on les trompe.

Un jour de 2008 Philippe Bartherotte en a assez de gâcher sa vie et de mentir aux candidats. Marre également de son statut d’intermittent du spectacle et des nombreuses heures supplémentaires impayées qui permettent à une poignée de maisons de productions (Endémol, Be happy, Réservoir prod, etc.) de s’enrichir grassement en exploitant leurs salariés et en volant le contribuable.

Il prit donc contact avec Christophe Nobili, journaliste du Canard enchaîné, qui publia le 5 mars 2008 un article retentissant sur les coulisses truquées de Pékin Express. Depuis, l’avocat Jérémie Assous a gagné contre TF1 dans l’affaire des emplois dissimulés, Philippe Bartherotte a sorti La tentation d’une île (Jacob-Duvernet éditions) et l’on a appris que l’Île de la tentation, c’était fini.

Pourtant, l
a téléréalité continue. et comme l’écrit Nick Carraway, un rédacteur d’Agoravox, elle est en train de toucher aux sommets de l’odieux. De pire en pire. Pour le plus grand bonheur des téléspectateurs réels.

Philippe Bartherotte répond aux questions d’Olivier Bailly

Olivier Bailly : Quel est votre parcours avant d’entrer dans le monde de la télé-réalité ?
Philippe Bartherotte : J’ai fait deux années de droit qui, une fois arrivé à Paris, ne me donnaient accès à rien à part entrer dans la police. J’ai été magasinier dans une chaîne de magasin et accessoirement pigiste. Je travaillais auprès de Serge Rafy qui était rédacteur en chef d’un magazine. J’allais enquêter pour les journalistes télé qui n’avaient pas le temps d’aller sur le terrain.

OB : Avec ce livre vous revenez à vos premières amours
PB : Oui, j’avais été détourné de mon but par la facilité. Quand j’étais magasinier et pigiste je ne gagnais rien. Je suis parti un an en Australie pour apprendre l’anglais. Et puis, une copine qui travaillait sur l’Île de la tentation m’appelle. C’est ça la tentation d’une île : je cède à la tentation de l’argent facile, des filles, du soleil. Travailler à la télévision, être intermittent du spectacle… Voilà !

OB : Intermittent du spectacle mais aussi, comme vous l’écrivez, « journaliste de télé-réalité ». Qu’est-ce que c’est "journaliste de télé-réalité" ?

PB : Dans ce milieu on nous appelle comme ça ou « PDS », producteurs de segments. Les producteurs nous appellent journalistes parce qu’on fait le « report ». A chaque fois qu’on me demandait ma profession, je ne savais pas quoi dire. Je ne disais pas que j’étais journaliste, mais que je travaillais sur des émissions de télé-réalité. Pendant des années j’ai vécu sans savoir quoi dire car j’avais l’impression d’être un imposteur.

OB : Regrettez-vous cette période ?
PB : Je l’aurais regrettée si je n’avais pas écrit ce livre. Car l’avoir écrit lui a donné un sens. Pendant un moment ça n’en avait pas. C’est pourquoi je parle de suicide dans le livre. J’étais très mal parce que j’avais l’impression que ma vie avait perdu tout son sens. J’avais des aspirations. Je me suis toujours engagé dans la vie en me disant qu’il était important de témoigner, de parler et le fait de raconter tout ça m’a permis de donner un sens à ces années.

OB : Donner un sens et passer à autre chose ?
PB : Exactement. C’était un refus de devenir adulte. Bizarrement la télé-réalité consiste à vivre en dehors de la réalité. On n’est pas soumis aux même lois du travail, on a un statut spécial d’intermittent, on travaille quatre mois pour passer le reste en vacances, au soleil. C’est comme si on rentrait dans un film.

OB : Ce livre est un témoignage-vérité. Vous n’y apparaissez pas sous votre meilleur jour et même parfois vous vous montrez antipathique
PB : Quelques fois je me détestais. Pourquoi a-t-on envie de se suicider ? Parce qu’on ne s’aime pas, on ne s’aime plus. Je ne m’aimais plus. Aujourd’hui je me suis réconcilié avec moi-même. Le décalage entre ce que je voulais être et ce que j’étais devenu était tellement énorme que je ne me supportais plus. J’ai écrit ce livre avec un souci de vérité. Sans concession avec moi ni avec les autres. Il a ce côté impitoyable. Ce n’est pas un règlement de compte. Je voulais qu’on voie vraiment comment ça se passe.

OB : Pensez-vous que ce livre puisse servir à quelque chose ?
PB : J’aimerais bien, mais le problème en France c’est qu’on fait d’un événement un non-événement et inversement. Et même si on a pas mal parlé de mon livre, l’idée c’était de faire atterrir l’avion tranquillement et de le ranger sous le hangar. Après deux semaines de sortie je vois qu’on n’est pas très présent dans les magasins, pas bien distribués, pas en Belgique ni en Suisse. Ce livre aurait pu être un très gros événement. Atteindre les gens, j’aimerais beaucoup y arriver. J’aimerais qu’ils lisent ce livre, mais je crois qu’il y a une censure du système. Comme on attaque un système et que ce système est soudé à tous les échelons, c’est très difficile de faire passer l’information. J’étais persuadé qu’en France il n’y avait pas de censure. L’année dernière quand on a sorti l’affaire de Pékin express, on en a beaucoup parlé, on a même fait la couverture du Parisien, donc je me suis dit qu’il n’y avait pas de censure en France, mais quand on publie un livre et qu’on sort vraiment les choses on s’aperçoit qu’il y a de la censure. Finalement, la réponse du système est très intelligente. Je me demandais pourquoi n’y a-t-il pas plus de révolte en France, pourquoi n’y a-t-il pas de gens qui crient face à toutes ces inégalités ? Parce que le système est incroyablement verrouillé. On arrive à neutraliser les fauteurs de trouble.

OB : Vous décrivez-là un pays qui fonctionne comme une émission de télé-réalité.
PB : Oui, je le pense. C’est pourquoi j’avais l’impression que ce livre avait une dimension universelle. Quand je raconte la machine à mentir d’M6, les communiqués de France Télévision, etc. J’ai vraiment l’impression que la France va très mal.

OB : C’est pire en France qu’ailleurs ?

PB : Les sociétés anglo-saxonnes sont aussi verrouillées, même s’il y a une grosse pensée unique avec des intérêts économiques, la dissidence, la folie est plus importante. Ils ont élu Obama, il se passe des choses. Ils sont capables du pire comme du meilleur, mais ça bouge. En Belgique ils ont parlé beaucoup de mon livre, l’équivalent du Parisien a fait sa une là-dessus et j’ai eu presque plus de radios en Belgique et en Suisse qu’en France. Je ne me plains pas, la presse a parlé du livre, on a été invité sur Canal+, mais c’est la manière dont on en parle. Le livre est quand même scandaleux.

OB : Vous les dénoncez tous, d’ailleurs, les scandales de la télé-réalité : comment on joue avec les nerfs des candidats dans l’île de la tentation, comment la Star’Ac a exploité l’image de Grégory Lemarchal, comment on a truqué Pékin Express, tout ça vous l’expliquez bien. Mais votre livre contient deux, voire trois histoires : votre autobiographie, la dissection de la télé-réalité et la manière dont les producteurs utilisent le statut des intermittents du spectacle pour gagner de l’argent. Vous pouvez nous en parler un peu de cet aspect scandaleux, souvent occulté ?
PB : L’exemple qu’il faut donner, je l’ai trouvé en rencontrant mon éditeur qui est un petit éditeur qui a du mal à survivre. Il était scandalisé par ce système qui fait appel à des intermittents. Pourquoi, me demandait-il, des sociétés de production de télé qui font dans l’industriel ont-ils recours au système « souple » des intermittents du spectacle, c’est-à-dire de payer des gens juste pour faire leurs émissions pendant seulement quinze jours et après mettre ces gens au chômage afin qu’ils soient entretenus par le contribuable ? Pourquoi les petits éditeurs qui oeuvrent dans la culture et qui éditent des livres n’auraient pas ce droit ? Qu’est-ce qui est plus du spectacle et qu’est-ce qui est plus de l’ordre de la culture ? La télé-réalité c’est de l’industriel, pourtant ils ont recours aux intermittents du spectacle. C’est une grosse dérive et personne ne dit rien parce que les hommes politiques ne veulent pas attaquer la télévision qui est le pouvoir numéro un.

OB : La télévision privée, TF1 et M6 en l’occurrence, est entre les mains d’une poignée de producteurs : Endémol, Réservoir prod, Be Happy, etc.

PB : Ce sont de quasi-monopoles. C’est oligarchique. Quand il y a une oligarchie il y a une entente de marchés et là il y en a une pour notamment exploiter une main d’œuvre sans payer les heures supplémentaires. Si un salarié porte plainte il est grillé et ne travaille plus. C’est comme une mafia qui établit sa propre loi, en l’occurrence la loi du plus fort. Il y a un déséquilibre total. Comme les gens sont fascinés par l’image, c’est un peu le miroir aux alouettes, y compris pour nous, les équipes. Le marché du travail étant dans un sale état en France, donc les salaires baissent, on trouve de plus en plus de stagiaires pour bosser gratos.

OB : C’est finalement le même fonctionnement que pour les candidats : du moment qu’on travaille à la télé, c’est la célébrité donc on doit s’estimer heureux d’y travailler ?
PB : Exactement. Et une fois qu’on y rentre, qu’on trace son petit chemin et qu’on accède à des salaires un peu meilleurs, il y a toujours le stagiaire derrière, prêt à prendre ta place pour rien. Donc cela crée un milieu très favorable pour les producteurs et c’est comme ça qu’Arthur et Courbit font des millions et des millions en très peu de temps. C’est très juteux. La télé-réalité c’est presque aussi juteux que le commerce de la drogue. Les producteurs sont des dealers qui s’enrichissent en nous méprisant et nous vendent des drogues auxquelles nous devenons dépendants.

OB : Vous révélez que France télévision a préparé des émissions de télé-réalité dont une sorte de « loft story des chômeurs » comme vous l’écrivez dans votre livre.

PB : Oui et les gens n’en ont pas beaucoup parlé. C’est très intéressant parce que ça montre que tout le monde cède aux sirène de la télé-réalité parce que ça rapporte beaucoup. Même le service public est dans cette logique. M6 fait déjà « maman cherche l’amour », « recherche appartement », etc. Alors France 2 s’est demandé ce qui était le plus important en France. Evidemment c’est le chômage et le travail qui préoccupent le plus les gens. De là est née l’idée de lancer un « docu-réalité », ou « docutainment » selon la productrice Bibiane Godfroy. Elle avait déclaré « l’avenir est au docutainment » dans les journaux, au moment où cette émission était en production.
Le docutainment, c’est un mélange de documentaire et de divertissement, un mélange de factuel et d’émotionnel basé sur de la télé-réalité. Donc on me propose ça comme un documentaire. J’y vais car pour moi c’est un moyen de sortir de la télé-réalité. Quand on entre dans ce monde pour des raisons journalistiques, ça devient vite un cul-de-sac. Donc les gens comme moi essayent de trouver des portes de sortie. Et pour moi ce documentaire était l’occasion de travailler pour France2, pour le service public. C’était plus honorable. Mais je me suis rendu compte qu’on entrait dans une télé-réalité pure et simple faite par Fremantle, dans les règles de l’art de la télé-réalité, avec des équipes exclusivement constituées d’intermittents de la télé-réalité, sauf que là on n’est plus au soleil et sous les palmiers, mais à Mazère, en Haute-Garonne, et qu’on joue avec la vie des gens, en l’occurrence des êtres humains qui n’ont plus rien…

OB : C’est un concept qui est tombé à l’eau ?
PB : Il n’est pas tombé à l’eau. Il a été tourné et payé, mais un ministre a vu les rush et a dit qu’il n’était pas question de diffuser ça.

OB : Quel ministre ?
PB : Ça serait Jean-Louis Borloo

OB : Vous parlez d’un autre ministre, Christine Albanel
PB : Oui, je l’ai rencontrée chez Ardisson et d’ailleurs ils m’ont coupé juste quand je disais quelque chose sur le CSA

OB : Que disiez-vous chez Ardisson ? Dites-le sur Agoravox, c’est un média libre, on ne vous coupera pas !
PB : Je dis que le CSA est comme les gendarmes dans les pays sous-développés : ils laissent passer les gens aux feux rouges sans rien dire. Quand on fait passer de l’emmental pour du camembert sur France 2 le CSA fait semblant de fonctionner. En revanche quand il y a de grosses dérives sur la télé-réalité, comme sur Pékin Express l’an passé, il ne regarde même pas ce qui se passe. Le CSA c’est de pur forme, c’est un organisme complètement vérolé. Quant à Christine Albanel, elle est ministre de la culture et de la communication. C’est antinomique. La communication c’est presque l’ennemi de la culture, aujourd’hui. Ça veut dire qu’elle est dans un ministère complètement schizophrène. Et chez Ardisson, elle me disait : « finalement est-ce que l’Île de la tentation n’est pas une expérience ? Est-ce qu’ils n’en retirent pas quelque chose ? ». Je lui ai répondu que c’était exactement le discours de TF1. Dans mon livre aussi elle fait une déclaration qui va dans le sens de TF1. Donc Christine Albanel est beaucoup plus ministre de la communication, et communication des grands groupes, que ministre de la culture.

OB : Maintenant le cahier des charges de France télévision interdit les émissions de Télé-réalité sur les chaînes du service public
PB : Oui, et c’est une très bonne chose, mais c’est un détail car ça aide les chaînes privées, les amis de Nicolas Sarkozy : Bouygues et Tavernost. Si le pouvoir interdit à France télévision de faire de la télé-réalité tant mieux car tous ces programmes seront dans les mains des amis du pouvoir et le fric restera dans les mains d’une oligarchie. Ce n’est pas du tout contraire à leur volonté.

OB : Quand vous avez sorti l’affaire Pékin Express l’an passé dans le Canard enchaîné vous êtes ensuite passé dans l’émission Revu et corrigé de Paul Amar. Etaient également invitées des candidates de cette émission qui vous en ont voulu d’avoir révélé les tricheries.

PB : Je ne m’étais même pas interrogé avant ça de l’effet de mes révélations sur les candidats. Je pensais qu’ils allaient être très contents d’apprendre qu’on les avait entubés. Je me suis aperçu que non, pas du tout, au contraire. Mes déclarations remettaient en cause leurs aventures. Comme s’ils étaient devenus des héros et que soudain quelqu’un arrive et leur affirme « vous n’êtes pas les héros que vous croyez, on vous a aidé ». J’ai cassé leur image de héros. Je me suis rendu compte de la puissance de l’image. Aujourd’hui vous n’êtes pas ce que vous êtes réellement, vous êtes votre image.
Ces candidats anonymes et qui ont tout d’un coup une image, leur dire qu’ils avaient été aidés cela remet en cause cette image. Je n’avais pas pris en compte ce paramètre psychologique. C’est pourquoi très peu d’entre eux se sont exprimés dans les médias. Mais des candidats m’ont écrit cette année sur Facebook en me disant « on ne comprenait pas pourquoi l’année dernière tu as fait ça, on était fâché contre toi, aujourd’hui on est derrière toi, bravo, merci pour ce livre ». Le sevrage était fini pour eux. Comme s’ils étaient moins additifs. C’est impressionnant. C’est pourquoi je compare la télé-réalité à une secte. J’avais l’impression d’avoir des adeptes manipulés d’une secte en face de moi. Ils ne sont plus libres parce que finalement ils sont devenus esclaves de cette image-là, il sont prêts à tout pour la défendre et ne veulent pas ouvrir les yeux.

OB : Finalement il y a toujours des émissions de télé-réalité. Koh Lanta marche bien, en Angleterre on atteint les sommets de l’ignoble. Ce genre d’émission a donc un bel avenir devant elle
PB : La télé-réalité repose sur le sadisme, le masochisme, le voyeurisme. Je pense que le monde empire. On a toujours été cruels, mis je me demande si on a déjà été aussi obscènes, aussi raffinés et perfectionnés dans le sadisme.

OB : Vos détracteurs et les producteurs de ces émissions vous répondront que finalement ce n’est qu’un jeu…
PB : Oui, bien sûr. C’est un jeu entre adultes consentants. C’est la question du libre-arbitre. Il y a deux problèmes : sur l’île de la tentation on va chercher ces gens, ils n’ont rien demandé. On les manipule avec des techniques de psychologie que j’explique dans le livre. A cela s’ajoute la manipulation de la société par l’image. C’est l’esclavagisme moderne. On a toujours eu besoin de dieux ou de mythes. Ils ont été remplacés par la télévision ou la célébrité. A cette manipulation globale s’ajoute la manipulation individuelle quand on va chercher les gens par le biais du casting sauvage, comme je l’explique aussi dans le livre.
Tout ça pour le profit d’une industrie. Pour Pékin express c’est plus prosaïque : on vend aux gens un jeu d’aventure et ils se retrouvent dans une télé-réalité truquée. Certains s’en aperçoivent, mais, chemin faisant, deviennent esclaves de leur image et ça les intéresse finalement moins de gagner le gain qui est en jeu que de se montrer à la télé parce qu’ils apparaissent comme des héros. C’est toujours l’esclavage par rapport à sa propre image. Et aujourd’hui la société vit sur cette dynamique. On n’a plus besoin de chaînes ni de fouets, il y a cette image puissante dont une industrie profite.



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