Le Figaro refuse d’être le bulletin d’un parti, d’un gouvernement, d’un président de la République

par menou69
vendredi 10 février 2012

Il y a de la rébellion dans l'air au sein de la Société des journalistes du Figaro. Ce n'est peut-être pas exactement de la rébellion mais un avertissement à leur direction, suite aux accumulations de manchettes à sens unique publiées depuis des mois par leur quotidien et qui ont suscité beaucoup d'ironie dans les revues de presse.

Hier, les journalistes étaient réunis en Assemblée Générale et ils ont rédigé et signé une motion qui affirme que leur quotidien n'est pas le bulletin d'un parti, d'un gouvernement, d'un président de la République. Par ce texte ils rappellent leur attachement viscéral aux valeurs du journalisme.

Ce n'est pas par hasard que le quotidien a choisi la fameuse comédie de Beaumarchais comme éponyme et s'est attribué comme devise la citation extraite du monologue de Figaro "Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur".

FX Bourmaud, journaliste du Figaro à mis en ligne sur Twitter le contenu de cette motion. Il précise que la Société des journalistes a demandé à leur directeur, Étienne Mougeotte de veiller à ce que les articles du quotidien ainsi que les manchettes et les titres rendent compte de manière complète et pluraliste de l'actualité, sans occulter te ou tel sujet au motif qu'il pourrait embarrasser l'actuelle majorité politique.

C'est une réponse à la sortie qu'avait faite celui-ci lors d'un clash qui s'était produit en septembre 2011, lorsque les journalistes avaient dénoncé le traitement de l'affaire Karachi dans les colonnes du journal. Étienne Mougeotte leurs avait asséné ces mots " On n'est pas là pour emmerder la droite. C'est comme çà. Si ce que vous voulez, c'est qu'on aille gratter sur ces affaires, c'est non ! Pour être bien au "Figaro", il faut épouser les idées du "Figaro".

Tout le monde sait qu'Étienne Mougeotte est un conseiller officieux de l'entourage présidentielle et que les manchettes anti-Hollande de cet automne, ainsi que les voeux antisocialistes du propriétaire du journal, Serge Dassault qui ont paru "à la Une" de l'édition du 2 janvier 2012 ont vivement agacé une partie de la rédaction.

Il faut remarquer que cette prise de position de la Société des journalistes du Figaro intervient le jour ou le Figaro Magazine produit une interview de Nicolas Sarkozy dans laquelle il affirme ses valeurs pour la France sur dix pages, soit une quasi-déclaration de candidature du président. C'est de la part du journal un beau coup journalistique, mais aussi très politique. Une sorte d'engagement fort au côté du président, ce que dénoncent les journalistes à l'unanimité dans leur motion.

Sources : Le Nouvel Observateur, Wikipédia, Twitter, Libération, Rue 89, Le Monde,

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