Le « héros ordinaire » n’en serait plus un …

par jlhuss
samedi 8 octobre 2011

et les fleurs se fanent !

Tristement, dramatiquement, l’actualité nous met une fois de plus en face des emballements incontrôlés, de ceux qui réagissent en lisant twitter, tellement pressés de gérer l’émotion, de surfer sur les larmes.

Il n’aura pas fallu longtemps pour assister à la détérioration de l’image de Babu. Il était pourtant présenté comme le « héros ordinaire » par les ministres de la Culture et des Transports Frédéric Mitterrand et Thierry Mariani, venus honorer sa mémoire mercredi à la station Crimée. Dans son court propos, Frédéric Mitterrand, bouquet à la main, faisait état d’une émotion qui n’apparaissait pas feinte. Les élus sont des hommes comme les autres, il n’est pas question de les interdire d’émotion. J’ai moi-même ressenti un choc à l’écoute des premiers comptes rendus du drame. Mais l’image va trop vite, twitter également et la cérémonie de la station Crimée prend aujourd’hui un aspect très différent

En effet, selon des images de vidéosurveillance et des témoignages, contrairement à ce qui avait été claironné au départ, Rajinder Singh, dit « Babu », n’est pas intervenu pour empêcher un vol de portable. Il s’agirait en fait d’une banale dispute avec un autre passager de la rame dans un entourage plus préoccupé de séduction que d’autre chose. Les images saisies par la police montrent les deux hommes, descendus sur le quai, « Babu » entouré de plusieurs amis, frappé le premier l’autre homme tout en le saisissant par le bras. On voit l’homme repousser l’Indien et le faire tomber sans le vouloir sur les voies, où il est mort électrocuté.

Restons interrogatifs devant cette nouvelle version des faits en attendant peut-être la suivante, mais que cela ne nous empêche pas de critiquer l’ exploitation de l’immédiat, de l’émotion, l’absence de recul par rapport aux faits divers. Lors de la cérémonie de mercredi, les deux ministres avaient déposé une gerbe en hommage à l’Indien :

« Ce pauvre Babu fait partie de ces héros ordinaires qui rendent la vie meilleure et représentait ce qu’il y a de beau dans la culture indienne, le partage, l’attention aux autres », avait dit alors Frédéric Mitterrand aux journalistes. « C’est un héros ordinaire. Il vient en France, ne pose pas de problème, travaille, envoie de l’argent à sa famille, se montre respectueux de certaines valeurs, je trouve ça touchant », avait ajouté Thierry Mariani.

L’affaire se dégonfle, et se transforme en banale rixe ayant mal tournée. Le héros a l’air de ne plus en être un, l’agresseur devient l’agressé, et la gerbe de fleurs au héros se fane.

Il faudrait conseiller aux ministres ainsi qu’aux journalistes d’ailleurs, de ne pas courir après twitter ou facebook. Ils risquent d’imiter ainsi les lycéens, il y a quelques jours descendant dans la rue sur la foi d’une simple rumeur.

Quelle époque épique et délicate à gérer par les politiques : trop tard, ils seront accusés d’indifférence ; trop tôt ils risquent le ridicule !

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