Le Pen, les vaches et les Arabes : L’Express snobe Oumma ?
par Douglas Barr
jeudi 26 août 2010
Ça y est : Jean-Marie a dérapé ! On va enfin pouvoir oublier un peu les sujets qui fâchent, le chômage en hausse, l’affaire Woerth, l’accord Delanoë-Sarkozy pour sauver Chirac... Si Jean-Marie n’existait pas, vraiment il faudrait l’inventer ! Cet épisode médiatique révèle surtout un manquement à la déontologie du site de L’Express, qui s’est accordé la paternité du « scoop », alors que le site Oumma l’avait devancé.
Pour résumer, suite à la diffusion d’un documentaire sur Jean-Marie Le Pen, il faut quatre mois à un site communautaire musulman pour se rendre compte que le président du Front national a fait une blague dont il est coutumier et que la pensée correcte condamne. Puis L’Express fait mine de découvrir le "dérapage", en passant sous silence sa supposée source, car elle aurait mauvaise réputation, et il ne ferait pas très sérieux sans doute de reconnaître qu’on s’y abreuve soi-même. Toujours sans référence à la source, France Inter et Libération s’engouffre dans le buzz, mais aussi Le Point, l’AFP, Europe 1 (qui ose écrire que "la scène a été exhumée jeudi, par L’Express.fr") et le JDD.
Tous ces médias - de Oumma à Libé - se rejoignent cependant sur un point : leur stratégie de diabolisation du FN, dont Philippe Cohen, dans Marianne, doute justement de l’efficacité : "En réalité, cette stratégie anti-lepéniste interpelle. Voilà bientôt trente ans que la gauche la pratique sans succès et que Marine Le Pen en profite aujourd’hui pour dénoncer la diabolisation dont est victime son parti. (...) Les derniers sondages font état de 13% d’intentions de vote pour Marine Le Pen. La question, redoutable, qui se pose aux journalistes comme à la gauche est de savoir si, face à sa stratégie, c’est dans les vieux pots de l’anti-fascisme façon années 80 que l’on fabriquera la meilleure potion contre le populisme frontiste. On y reviendra forcément".
Oumma, même s’il n’est pas cité par ses prestigieux confrères, a au moins obtenu ce qu’il souhaitait : une indignation médiatique quasi générale. Certes, les partis politiques et les associations antiracistes n’ont pas encore réagi. Cela ne devrait plus tarder.