Le point Godwin existe aussi dans les médias français

par pluton
lundi 15 septembre 2008

Depuis des temps récents, il n’est désormais plus permis d’exprimer des opinions personnelles à contre-courant sans aussitôt courir le risque de se faire très rapidement lyncher par les médias et les intellectuels, voire de se faire assimiler à un antisémite, un négationniste, un révisionniste ou un obscurantiste. Après l’Inquisition d’il y a quelques siècles, les nouveaux censeurs du XXIe siècle sont arrivés. Citoyens, gardez vos opinions pour vous, pas une seule ne doit dépasser du lot !

La loi de Godwin
 
Selon Wikipédia, la loi de Godwin peut s’énoncer de la façon suivante : « Plus une discussion sur un forum internet dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler s’approche de 1. » Dans un débat, donner un point Godwin revient à signifier à son interlocuteur qu’il vient de se discréditer en vérifiant la loi de Godwin.
 
Utiliser une comparaison impliquant les nazis ou Hitler, ou de façon plus générale utiliser des accusations d’antisémitisme, de négationnisme ou de révisionnisme, c’est tenter de couper court à toute argumentation rationnelle en faisant dériver le débat sur le terrain accidenté des idéologies extrémistes. C’est également tenter de décrédibiliser définitivement ses opposants dans le débat grâce à des attaques « marteau-pilon » ad hominem dont, en principe, on ne devrait pas se relever. En réalité, dans la plupart des cas observés, c’est tout simplement faire preuve de lâcheté et de malhonnêteté intellectuelle en évitant à tout prix d’entrer dans une argumentation posée et mesurée, qui seraitdans l’idéalbasée sur un enchaînement logique d’arguments rationnels et de faits concrets.
 
Jusqu’ici limités aux fils de commentaires et aux forums accessibles depuis internet, les « points Godwin » commencent depuis peu à faire leur apparition dans les médias français. En effet, depuis les derniers mois, on assiste à une recrudescence de lynchages médiatiques de personnes qui ont le malheur d’aller à contre-courant du politiquement correct ou du mode de pensée dominant. Quelques rappels sur le dernier exemple en date qu’est l’affaire « Jean-Marie Bigard », qui a donné lieu à de croustillants « points Godwin » dans nos médias adorés.
 
L’affaire Jean-Marie Bigard
 
Vous trouverez facilement dans les actualités les propos de Jean-Marie Bigard à propos des événements du 11-Septembre 2001. Que penser de ces propos ? Tout d’abord, peu importe qu’on apprécie ou pas Jean-Marie Bigard en tant qu’humoriste. Il s’agit de juger ce qui se cache derrière ces propos, et non pas la personne elle-même ; c’est un exercice de pensée critique tout en nuances. Il est amèrement décevant de devoir constater qu’aujourd’hui les journalistes et commentateurs des médias sont de plus en plus nombreux à échouer à cet exercice de la nuance, et à préférer se vautrer dans des attaques ad hominem hors sujet.
 
Dans son intervention à la radio, Jean-Marie Bigard soulève – entre autres – le problème suivant : il est probable que la version officielle des attentats du 11-Septembre souffre de plusieurs erreurs d’interprétation importantes, et il est nécessaire de reconsidérer soigneusement les faits concrets et de reprendre un travail d’enquête approfondi. En quoi cette démarche de curiosité et d’honnêteté intellectuelle est-elle assimilable à de l’antisémitisme, du négationnisme ou du révisionnisme ?
 
L’intervention de Jacques Mistral dans Le Nouvel Obs
 
À ce sujet les propos de Jacques Mistral, rapportés par Sibylle Laurent sur le site du Nouvel Obs, atteignent un summum inégalé de médiocrité et de malhonnêteté intellectuelle. À la question sensée : « Sept ans après le 11-Septembre, les ‘‘théories du complot’’ ressortent régulièrement, faisant peser des soupçons sur le gouvernement américain. Comment expliquer ces doutes persistants ? », Jacques Mistral élude toute analyse pragmatique et cohérente des faits, et répond par une diatribe ne contenant pas l’ombre d’un seul argument factuel.
 
Morceaux choisis de cette diatribe enflammée. Tout d’abord, Jacques Mistral commence par décrédibiliser gratuitement les tenants des versions alternatives à la version officielle des événements du 11-Septembre. Dans son discours, tout se passe comme si la version officielle était un dogme intangible et intransgressible qui doit être accepté tel quel et séance tenante, sans aucune négociation ou remise en question : « Ces histoires sont des absurdités » ; « Il n’y a rien de pire que ces rumeurs, qui sont une des bizarreries de l’esprit humain » ; « Pourquoi les gens sont-ils si résistants à accepter des choses évidentes ? » Admettons. Mais quels sont les arguments qui justifient votre position, M. Mistral ? La réponse est simple : pas d’argument. Devons-nous donc vous croire sur parole, M. Mistral ?
 
Dans la suite de son intervention, Jacques Mistral procède à une série d’amalgames dépourvus de tout sens des nuances. Il commence par un amalgame avec l’antiaméricanisme, et ce malgré le fait que de nombreux Américains soutiennent les théories alternatives à la version officielle (y compris des patriotes !) : « […] ce mécanisme se combine avec une espèce d’antiaméricanisme […] ». L’amalgame vire ensuite à l’obscurantisme (« Ces théories du complot témoignent enfin et surtout d’une forme d’obscurantisme »), malgré le fait que parmi les personnes qui se montrent sceptiques vis-à-vis de la version officielle, très nombreuses sont celles qui réclament l’ouverture d’une enquête internationale et indépendante menée dans la transparence la plus totale.
 
Jacques Mistral poursuit en faisant un nouvel amalgame avec le créationnisme et la révolution galiléenne (sic) : « C’est aussi connoté politiquement. Aux Etats-Unis, d’autres rumeurs circulent, comme le créationnisme, un courant de pensée qui est contre Darwin et la théorie de l’évolution. Ces formes de l’esprit vont contre tout raisonnement logique et ont une longue histoire, qui remonte à la lutte contre Galilée ». Puis finalement, cette série d’amalgames douteux se finit en apothéose en atteignant le « point Godwin » de la non-argumentation : « Dans l’affaire qui nous intéresse, il y a souvent derrière ces affabulations un relent d’antisémitisme. On évoque souvent l’histoire d’un complot juif derrière la destruction de ces tours, en supposant, par exemple, qu’aucun Juif n’était présent dans les tours détruites. Ce sont des obsessions antisémites, il n’y a pas d’autres mots. » 
 
Admettons momentanément ces propos, même s’il n’est pas facile d’imaginer qu’une opinion puisse être assimilée à la fois à de l’antiaméricanisme, de l’obscurantisme, du créationnisme et de l’antisémitisme. Mais probablement Jacques Mistral a-t-il des arguments concrets à nous fournir ? Que nenni vils manants, passez votre chemin. Vous pouvez lire et relire l’intervention brillante de Jacques Mistral, vous ne trouverez pas l’ombre d’une trace d’argument factuel.
 
Ce sont précisément les mêmes reproches que M. Mistral adresse aux tenants des versions alternatives : « Il est par ailleurs frappant de constater que ce ne sont que des suppositions, des idées, des préjugés, mais qu’il ne s’est jamais produit un fait, une feuille de papier, une conversation téléphonique, qui vienne étayer cette rumeur. Les preuves font totalement défaut » ; « On va chercher des informations invérifiables, et qui sont éminemment fausses » ; « Dans une démarche rationnelle, scientifique, il n’y a absolument rien à dire de tout cela, si ce n’est dénoncer la médiocrité des esprits ». M. Mistral vous l’a dit, les informations sur lesquelles se basent les théories alternatives du 11-Septembre ne sont que des courants d’air insaisissables et invérifiables. Même si elles sont tirés des propres rapports officiels du gouvernement américain. Même si elles ont donné lieu à des publications scientifiques dans des revues internationales à comité de lecture et à de nombreux documentaires soigneusement argumentés.

En résumé, la réaction de Jacques Mistral est caricaturalement représentative des réactions généralement exprimées par les médias dominants face aux remises en question de l’interprétation officielle des événements du 11-Septembre 2001. Ce n’est pas la réaction qui viendrait d’un homme ouvert d’esprit et cherchant à comprendre les choses par lui-même à partir de l’observation des faits concrets. Au contraire, c’est la réaction que pourrait avoir un mandarin dogmatique outragé dans ses croyances les plus intimes. M. Jacques Mistral, vivez-vous au même siècle que ceux qui lisent vos propos ? Êtes-vous tout simplement rationnel ?
 
Un nouveau corollaire de la loi de Godwin…
 
En conclusion de cet article, nous proposons d’ajouter un nouveau corollaire à la loi de Godwin :
 
« Dès lors que l’on formule une opinion qui remet en question des faits présentés comme acquis par la majorité des médias ou qui, vue sous un certain angle, peut être interprétée comme "politiquement incorrecte", plus les jours passent et :

1) plus grande est la probabilité que cette opinion soit assimilée à des thèses antisémites, négationnistes, révisionnistes ou obscurantistes ;

2) plus grande également est la probabilité que celui ou celle qui a émis cette opinion soit accusé d’antisémitisme, de négationnisme, de révisionnisme ou d’obscurantisme ;

3) plus grande enfin est la probabilité que des médias fouillent dans le passé de cette personne afin d’en extirper d’autres propos ou d’autres opinions qui, une fois sortis de leur contexte, détournés ou déformés, accréditeront les accusations d’antisémitisme, de négationnisme, de révisionnisme ou d’obscurantisme. »
 
Dormez tranquilles braves gens, les médias pensent à votre place !

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