Le « State of the News Media » nouveau est arrivé !

par Michel Monette
jeudi 19 mars 2009

Chaque année, je l’attends comme on attend le Beaujolais nouveau. Sauf que le State of the News Media est plutôt à classer dans la catégorie des cuvées exceptionnelles. Comme tout grand vin, il se déguste lentement. Il faut dire que ses auteurs nous tracent depuis maintenant six ans un portrait ma foi fort complet des médias américains.

Le rapport 2009 débute par un constat alarmant : un journaliste sur cinq à l’emploi des journaux américains en 2001 ne l’est plus aujourd’hui. La situation n’est guère plus réjouissante dans le cas des informations télévisées.

Même si 2008 était une année électorale présidentielle aux États-Unis, les cotes d’écoute des émissions d’informations télés locales ont été à la baisse et les revenus publicitaires ont chuté de 7%. Les cotes d’écoute des émissions réseau ont elles aussi été à la baisse ; même les rares émissions qui ont vu leur cote d’écoute augmenter n’en ont pas moins engendré moins de revenus publicitaires.

Les audiences se déplacent de plus en plus vers Internet. En une seule année, le trafic des 50 sites américains de nouvelles les plus fréquentés a augmenté de 27 % !

Pourtant, les revenus engendrés par les sites Web des médias de masse américains se sont pour leur part stabilisés, après une période de croissance rapide. En parallèle, les revenus des journaux ont diminué.

Pour les auteurs du rapport, la situation des journaux américains est comparable à celle d’un patient qui a survécu à une attaque cardiaque massive pour apprendre qu’il est atteint d’une maladie débilitante.


Ça va mal. Très mal.

Le grand paradoxe, dans cette crise profonde que traversent les médias traditionnels (autant les journaux que les autres), est le fait que leur audience sur le Net est en pleine croissance alors même que les revenus publicitaires déclinent.

Le bon vieux modèle d’une industrie médiatique profitable grâce aux revenus publicitaires ne fonctionne tout simplement plus.

Ce n’est pas le journalisme qui est en crise, prennent soin de préciser les auteurs du rapport. Au contraire, les Américains font plus que jamais confiance aux journalistes alors qu’ils vont de plus en plus étancher leur soif de nouvelles sur le Web.

Ce qui est en crise, c’est un modèle d’affaires devenu obsolète.

Il est vrai que les consommateurs passifs de jadis sont de moins en moins nombreux. Les Américains sont de plus en plus des chasseurs d’information qui partagent leurs trouvailles avec leurs « amis » dans les sites de réseautage.

Les médias traditionnels n’ont pas fait l’effort de trouver comment profiter de ces nouveaux comportements ; d’autres leur ont damé le pion.

Se pourrait-il que les gestionnaires des médias ne soient pas à la hauteur du défi ? Pour les auteurs du State of the News Media, les médias traditionnels ont beaucoup plus besoin de dirigeants imaginatifs qui aiment prendre des risques que de leurs gestionnaires actuels.

Un certain nombre de journalistes entrepreneurs ont pris des risques et démarré des sites novateurs, mais ils sont l’exception.

Les médias alternatifs, tels les médias citoyens, sont aussi à la hausse, mais encore là le phénomène demeure marginal.

« Anne, ma soeur Anne... », a-t-on envie de réciter.

Si vous voulez savoir où en sont les médias aux États-Unis, je vous recommande fortement de lire State of the News Media, une production du Pew Research Center’s Project for Excellence in Journalism.


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