Les cabinets « blancs » de Libération

par Pelletier Jean
vendredi 1er juin 2012

Le journal Libération a fait la une de son édition d’hier sur les Cabinets « blancs » de la république qui aurait oublié la parité et la diversité. De son côté Romain Pigenel dans son blog Variae dénonce la méthode de Libération en l’accusant de pratiquer « l’appeau à trolls ».

Le journal Libération dans son édition de hier fait le procès des cabinets ministériels où prédominent nettement la tribu des énarques mâles et blancs. Ce constat statistique est imparable sur les 140 premières nominations publiées au journal officiel. Le journal en a fait le compte exact : « 140 directeurs, chefs de cabinet et conseillers avaient été officiellement nommés. Parmi eux, seules 38 femmes, dont 5 directrices de cabinets, 4 directrices adjointes de cabinet et 5 chefs de cabinets ».

Cet état est à rapprocher de la mise en avant par Jean-Marc Ayrault de son gouvernement à parité absolue : 17 hommes et 17 femmes. Il faut l’admettre c’est une première sous la Vème république. Mais force est de constater que le compte n’y est pas. Les cabinets ministériels jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre des politiques, ils sont force de propositions et surtout ce sont eux qui sont à la manœuvre au cœur de l’état. On voit donc les limites du changement, alors que François Hollande se livre à une gymnastique compliquée pour tenir son engagement de parité dans la composition de son premier gouvernement, l’effort se relâche aussitôt. Il faudra bien aussi observer les prochaines nominations aux administrations centrales et postes clefs de la république, car le ton donné pour l’instant est loin d’être encourageant.

Nombreuses sont les organisations, les personnalités politiques et les membres de la société civile qui ont manifestés leurs inquiétudes sur le sujet : de SOS Racisme à Yvette Roudy premier ministre des droits de la femme en 1981.

Qui peut affirmer aujourd’hui droit dans les yeux qu’il n’existe pas dans la haute administration des femmes capables de tenir des postes dans les cabinets ministériels et de la même manière des personnalités issues de la diversité ? Je lance le défi.

Romain Pigenel sur son blog a voulu, sans doute, apporter la contradiction en taclant le journal Libération. Il n’a pas tort à la fin de son papier de critiquer le dossier de Libération, qui n’a pas fait le tour des questions utiles, comme la représentation du Parlement doit-elle être celle de la société d’un point de vue ethnique, quel rôle jouent les grandes écoles dans cette politique de discrimination ? J’ajouterai aussi : comment réformer la fonction publique pour qu’elle puisse donner toute sa place aux femmes ?

Par contre son affirmation comme quoi Libé pratiquerait « l’appeau à trolls » dans la presse écrite est un peu forcé. Il donne ainsi le sentiment de vouloir détourner le questionnement.

Nous avons suffisamment porté le fer contre l’UMP et Nicolas Sarkozy pour ne pas être en capacité de regarder en face nos propres faiblesses. Ne pas le faire s’est s’exposer au nombrilisme et surtout s’est mettre sous le boisseau notre capacité au changement et à la réforme.

Oui, soyons-nous même, fier de notre capacité à nous évaluer et admettons que pour l’heure la composition des cabinets ministériels n’est pas à l’aulne du changement. Il nous faut interpeller le président de la république François Hollande, le premier ministre Jean-Marc Ayrault et la première secrétaire du parti Socialiste Martine Aubry sur ce sujet et exiger une inflexion dans les semaines à venir, pour ne pas dire un net correctif.


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