Les « fuites » qui font scandale

par jlhuss
mardi 10 juillet 2012

Il est de bon ton de critiquer la presse et les medias en général mais il faut aussi reconnaître les qualités d'une information même quand elle bouscule. Certains, à la suite de la diffusion de l'enregistrement des dialogues entre Mohamed Merah et la police, se gaussent d'une "investigation à la française" qui se résumerait à une boîte aux lettres. Il y a un peu de vrai, mais il est difficile de comprendre le tohu-bohu déclenché par cette diffusion. « Présenter comme scandaleuse ou illégitime la diffusion de ces enregistrements » est incompréhensible. Les diffuseurs avaient ce document ; ils expliquent ou confirment de nombreuses hypothèses et il aurait fallu qu’ils s’abstiennent de les faire connaître ? Médiapart, souvent encensé ne fait rien d’autre que mettre sur la table des documents en sa possession.

Pour autant il semble normal que les pouvoirs publics s’interrogent et cherchent à connaître l’origine des sources et des « fuites  ». Les documents étaient en effet placés sous scellés et estampillé « secret de l’instruction ». Il serait tout autant normal que celui ou ceux qui ont participé à cette « fuite » soit sanctionnés si la preuve est faite de leur indélicatesse illégale. Mais en aucun cas on ne peut en vouloir aux medias de faire part de ce qu’ils connaissent après en avoir vérifié l’authenticité.

La chaîne télévisée et ses relais qui ont ainsi informé ne peuvent être incriminés, ils ont au contraire fait correctement leur métier.

« Ce que Mohamed Merah confirme sur ces enregistrements, c’est qu’il est effectivement un terroriste conscient de la nature et de la portée de ses actes, passé de la délinquance banale à la violence idéologique, plutôt qu’un jeune homme déboussolé dont les bêtises seraient simplement devenues plus grosses. Ce qu’il confirme aussi, c’est le loupé hallucinant de la DCRI dans la surveillance et la gestion d’un homme dont elle connaissait le parcours et pouvait présumer des intentions. »

De tels enregistrement coupent en même temps l’herbe sous les pieds de tous les « conspirationnistes » qui déjà élaboraient des explications les plus biscornues.

Les familles des victimes sont scandalisées ; elles n’étaient pas au courant de ces enregistrements et surtout du contenu. Elles ne supportent pas l’arrogance de Merah, le fait qu’il est « la parole en dernier » etc.. On peut parfaitement comprendre le traumatisme pour ces dernières, mais pourquoi incriminer celui qui diffuse une réalité ? Il faut qu’elles se retournent contre ceux qui ont organisé la fuite vers les medias, pas les medias.

Chacun a le droit d'être choqué par les dialogues que TF1 a choisi de diffuser. On a aussi le droit de ne pas les écouter. En réalité, la question n'est pas de donner tort ou de donner quitus à la chaîne. L'information est libre ; c'est un principe auquel il ne faut pas déroger, fût-ce au nom de la souffrance des victimes ou du refus du fanatisme. Dans une autre démocratie, un tel débat serait inimaginable : on se demanderait plutôt pourquoi l'intégralité des éléments détenus par la police n'a pas encore été rendue publique.

Maître Pasquier, président du conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) tout en jugeant cette réaction des familles compréhensibles, donne l’éclairage convenable :

« Tous ceux qui ont osé dire que Mohamed Merah était le produit des échecs de la société comprendront ce que c'est que l'endoctrinement dans les réseaux islamistes radicaux. Il n'a aucun mot pour ceux qu'il a tués. Il ne songe qu'à en tuer davantage. Cette idéologie de l'islam radical, cette idéologie de la mort est une monstruosité qu'il faut extirper". La connaissance ne peut qu’y aider.

Le BLOG


Lire l'article complet, et les commentaires